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4 février 2025

Marche antifasciste :
LE RETOUR DU PEUPLE ARGENTINE

par Nora Merlín

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

L’expérience de La Libertad Avanza, une modalité d’apparition de l’extrême droite mondiale basée sur le régime de la cruauté exposée, a connu une limite le 1er février avec la Marche des Fiertés Antifascistes qui a réussi à unir les malaises et les demandes de différents secteurs sociaux.

Le déclencheur de la mobilisation fut le discours réactionnaire et anti-droits de Milei au Forum de Davos, en particulier le fameux paragraphe où il fait référence à un couple gay qui a abusé de ses enfants et conclut que les « versions extrêmes » de « l’idéologie du genre » promeuvent la pédophilie.
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Le discours de Davos était une offrende à Trump et à Musk, le propriétaire milliardaire de Tesla qui a fait le salut nazi lors de l’investiture présidentielle américaine et s’est prononcé contre le « virus woke ». Le jour même du discours de Davos, la Casa Rosada a divulgué l’initiative d’un projet de « loi d’égalité devant la loi » qui éliminerait la reconnaissance des quotas de travail dans l’État et le féminicide.

Le calcul dans le discours de Milei à Davos était de s’attirer les faveurs de Trump et du super-milliardaire Musk, qui dirige actuellement le nouveau Département de l’efficacité gouvernementale. Ce qui n’a pas été calculé par le président, c’est le coût social que ces mots entraîneraient, la réponse rapide à la descente « anti-woke » et anti-droits qui a germé d’en bas dans l’assemblée du Parque Lezama, organisée par les LGTGQI+ et les féminismes. « Au placard nous ne retournerons plus jamais », ont déclaré celles et ceux qui ont lancé l’appel à la Marche Fédérale des Fiertés Antifascistes et Antiracistes du 1er février, du Congrès à la Place de Mai, à laquelle se sont joints tous les secteurs sanctionnés par les politiques de Milei.

Les portes se sont ainsi ouvertes à d’autres secteurs fragilisés par ce modèle de cruauté, tels que les travailleurs précaires, les chômeurs, les immigrés, les étudiants universitaires, les personnes handicapées, les personnes licenciées par l’État, les scientifiques, les artistes, les travailleurs de la santé et de l’éducation et les retraités. Des organisations de défense des droits de l’homme, des partis politiques, des secteurs de l’Église, des forces syndicales et des citoyens auto-organisés de tout le pays et de plus de 20 capitales du monde y ont également participé.

Après une longue période d’engourdissement social, la culture « woke », comme l’indique sa traduction, s’est réveillée et a mis un terme au modèle de cruauté et d’anti-droits. La « fierté antifasciste », une articulation de deux signifiants, était le nom de l’appel lancé par le mouvement LGTGQI et +.

1-Pride

Est une manifestation festive qui rassemble les membres des communautés LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexes, etc.) et qui se tient chaque année dans les rues de différentes villes du monde. L’objectif est d’afficher fièrement la diversité sexuelle et de genre dans les espaces publics, en exprimant avec dignité et liberté les sexualités qui ont été traditionnellement persécutées et réprimées.

2- Anti-fasciste

Lorsque nous disons que le modèle qui gouverne l’Argentine est fasciste, nous nous référons fondamentalement à un mode de vie qui stimule les idées et les préjugés qui conduisent à la xénophobie, à la misogynie, au racisme, aux classes, à l’homophobie, à la haine et à la violence à l’égard des femmes. Le fascisme se fonde sur l’identification, la fusion de l’individu avec l’État par le biais de techniques de contrôle et de dressage des corps, dans lesquelles l’État cherche à imposer les modalités de la jouissance pour tous.

La démocratie, au contraire, implique le respect de la singularité de la jouissance de chaque personne. Il convient de rappeler que l’Argentine est considérée comme l’un des exemples en Amérique du Sud et dans le monde, étant donné qu’elle a été le premier pays du continent à légaliser le mariage homosexuel (juillet 2010) et le droit à l’adoption, pour ne citer que quelques exemples en termes de reconnaissance et de dignité de toutes les diversités. Ce n’est pas un hasard si l’appel est venu du collectif LGTBIQ après l’expérience effective des droits acquis en matière de liberté sexuelle et de genre. Ce modèle de gouvernement permet ou attise la haine qui mine le pacte démocratique et remet en cause l’amour sous ses différentes formes, la sexualité non binaire ou hétéronormative.

La révolte du 1er février, au cours de laquelle un million de personnes ont mis leur corps en jeu et sont descendues dans la rue pour s’exprimer contre le modèle fasciste du gouvernement de Javier Milei, a été le signe que le peuple s’est réveillé, que le régime de cruauté à l’égard du corps n’est plus normatif. La politique démocratique et populaire revient comme le lieu où l’acte éthique capable de changer la réalité est possible. La marche, explosion de couleurs, de chants et de voix, a été immense non seulement par le nombre mais aussi par l’articulation hétérogène, la joie, l’amour et la créativité. Un véritable triomphe de la politique face au pessimisme ambiant. Le drapeau LGTB+ est celui de l’arc-en-ciel, un phénomène optique qui se produit après un orage, tout laisse à penser que l’émergence de l’arc-en-ciel est le signe que l’orage touche à sa fin.

Nora Merlín* para El Destape

El Destape. Buenos Aires, le 4 de février 2025.

Traduit de l’espagnnnnol depuis El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo de la Diaspora. Paris, le 4 janvier 2025.

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