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6 de febrero de 2013

Messieurs: dans quel monde vivons-nous ?

por Guillermo Almeyra *

 

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Les messieurs « je-sais-tout » se sont réunis comme d’habitude à Davos, mais maintenant personne ne leur prête attention et eux mêmes n’ont pas confiance en leurs recettes, préoccupés qu’ils sont par la crise de civilisation et par cette crise structurelle du capitalisme qui est en même temps une crise écologique.

Ne manquent pas, cependant, ceux comme Cristina Fernández de Kirchner, qui de façon très désinvolte proposent de revenir au capitalisme « d’avant », « productif », abandonnant le spéculatif, comme si celui-ci n’était pas la conséquence de celui-là. Ou ceux qui parlent, comme cette même Dame et ses conseillers pointus, de revenir à la phase précédente au néolibéralisme et à la spéculation effrénée résultante du rôle prédominant du capital financier comme si le néolibéralisme et la spéculation n’étaient pas le résultat de la chute du taux de profit qui a mené à clore la phase du dit État de Bien-être et à réduire cruellement les salaires directs et indirects des travailleurs de tous les pays et des espaces démocratiques, et les vieilles conquêtes sociales (comme les huit heures de travail hebdomadaire) partout dans le monde.

D’autres, dans les gouvernements « progressistes » (le Brésil, à nouveau l’Argentine, le Venezuela), pensent qu’il faut renforcer le capitalisme avec les subventions de l’État aux grandes entreprises, pour assurer en même temps la consommation populaire et la rentabilité de ces dernières et ainsi elles paient certains avec l’argent de tous, mais n’augmentent pas les investissements productifs, parce que celles-ci dépendent des expectatives tant des consommateurs que des capitalistes sur l’étendue et durabilité du marché, expectatives qui n’existent pas. C’est pourquoi les entreprises se mettent dans la poche l’argent des contribuables mais n’investissent pas et, comme elles sont monopolistes, elles augmentent les prix de leurs marchandises mais pas les salaires réels, réduisant ainsi encore plus la consommation et poussant, en même temps, l’inflation, qui les corrode aussi.

La Chine est au bord d’une catastrophe écologique dans tout le pays parce que l’option de la croissance économique, en considérant comme nul le coût environnemental amène des centaines de millions de personnes à ne pas pouvoir –littéralement- sortir maintenant de leurs maisons à cause de la contamination. On ajoute à cela, la grande vague de mouvements pour des salaires, des conditions de travail ou contre le despotisme et la corruption. La Chine et l’Inde, d’autre part, jusqu’à présent principaux soutiens du capitalisme mondial et en particulier de l’économie des États-Unis, du Japon et de l’Union Européenne, grâce à l’achat de biens et d’entreprises, avec leur présence sur le marché financier mondial ont brutalement accéléré la circulation de capitaux et le chaos spéculatif.

Indépendamment du fait que n’apparaissent pas à l’horizon les fossoyeurs d’un système en crise structurelle, parce que les travailleurs, dans l’acception la plus large, partagent encore l’idéologie de leurs exploiteurs et de leurs valeurs hédonistiques et égoïstes au lieu de chercher une alternative au système, le système est dans la très aigue crise de 2008 et il n’a pas encore surmonté le pire. Les destructions immenses d’êtres humains et de capitaux pendant les deux guerres mondiales et la crise de 1929 ont donné seulement quelque 30 années de prospérité et de reconstruction au système capitaliste. Cherchera-t-il à raser les biens communs, à piller à nouveau la planète, en la recolonisant, à récupérer, grâce à une nouvelle grande guerre pour les Etats-Unis, l’hégémonie perdue de manière à installer un monde futur pour un cinquième de la population mondiale, en éliminant d’une manière ou d’une autre le « surplus » (avec des guerres locales, des dictatures, des grandes famines, en semant des maladies mortelles) ? Il n’y a rien que le capitalisme ne puisse essayer … si on le laisse faire et s’il a la force sociale suffisante pour le faire.

C’est pourquoi il y a des adorateurs, universitaires ou non, du système, les nouveaux docteurs Pangloss, qui disent que le système a toujours surmonté ses crises et recommencera à le faire, parce qu’il n’y a pas d’alternative. Mais si l’histoire était une simple continuation indéfinie des systèmes, l’Europe vivrait encore sous la pax romaine, les Mayas continueraient de dominer la Méso-Amérique moyenne et à Tenochtitlán-DF ont continuerait à faire des sacrifices humains. La démolition du monde antique et de l’État romain, sa culture, et ses relations de domination fut le résultat d’une longue crise qui a duré plus de trois siècles et qui a menacé la civilisation, dont le plus haut niveau fut reconquis seulement 1 200 ans après avec la Renaissance. Il n’est nulle part écrit que le capitalisme est comme Antée qui dès qu’il tombait au sol retrouvait sa vigueur.

Parce que cette crise structurelle en finit avec les bases d’une culture matérielle basée sur le gaspillage de l’eau, des aliments, des ressources naturelles de toute espèce et sur la production massive d’ordures que la nature ne peut pas recycler. Les gouvernements « progressistes » ou non, comme celui de la Bolivie, du Brésil, d’Équateur, d’Argentine ou celui du Mexique, Pérou, Chili feignent de croire que la croissance peut être obtenue par la spoliation des terres arables converties en monocultures, avec la mise à sac de l’eau et de la terre par la grande industrie minière, par l’extractivisme néo-développementiste. Mais cette croissance des profits est un ennemi du développement et des biens communs.

Par conséquent, ou l’on en termine avec la production pour le profit, en produisant de manière différente, en fabriquant d’autres produits, élaborés autrement, pour d’autres nécessités ou on va finir par épuiser les forêts, les mers, l’eau, l’air pur, l’équilibre naturel de la planète … et l’espèce humaine, réduite à de petits groupes, revient à l’état naturel ou, réduite à près d’un tiers de ses membres actuels, vit dans une dictature technocratico-fasciste comme celle que Jack London peignait dans « Le Talon de fer » (The Iron Heel). Cela semble apocalyptique, mais des civilisations entières et de grandes cultures ont déjà vécu des Apocalypses semblables.

L’alternative n’est plus le capitalisme ou la barbarie. Depuis les camps de concentration des nazis, les goulags staliniens, Hiroshima et Nagasaki et les bombardements au Viêt-Nam nous vivons dans la barbarie. L’alternative est ou d’en finir avec le capitalisme ou de voir comment celui-ci en finit avec les bases matérielles de notre civilisation.

Guillermo Almeyra pour La Jornada.

La Jornada. Mexique, le 6 février 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris le 6 février 2013.

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* Guillermo Almeyra Historien, chercheur et journaliste. Docteur en Sciences Politiques (Univ. Paris VIII), professeur-chercheur de l’Université Autonome Métropolitaine, unité Xochimilco, de Mexico, professeur de Politique Contemporaine de la Faculté de Sciences Politiques et Sociales de l’Université Nationale Autonome de México. Domaine de recherche : mouvements sociaux, mondialisation. Journaliste à La Jornada, Mexique.

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