Accueil > Empire et Résistance > Capitalisme sénile > Les arabes de l’émirat d’Abu Dhabi sauvent le Citigroup et l’économie mondiale.
L’émirat d’Abu Dhabi restera avec près de 5 % des actions de la principale banque des Etats-Unis pour éviter sa chute en sauvant ainsi l’économie mondiale. L’opération de sauvetage le transforme en principal actionnaire.
Par Claudio Zlotnik
Página 12. Buenos Aires, le 28 Novembre 2007
Citigroup, la banque numéro un des Etats-Unis par ses actifs, a dû céder une partie de son portefeuille d’actions à l’émirat d’Abu Dhabi pour faire face à la crise par les crédits hypothécaires. Le sauvetage atteindra les 7.500 millions de dollars. Dans trois ans, quand cette somme sera transformée en actions du groupe financier, Abu Dhabi deviendra le principal actionnaire individuel de la banque. Il détiendra autour de 4.9% du capital. L’opération, qui a eu un gros impact hier à Wall Street, apparait aussi comme une conséquence du baril du pétrole à 100 dollars.
Jusqu’à ce que le prêt de l’Autorité d’Investissements d’Abu Dhabi se transforme en actions, ce qui se passera entre 2010 et 2011, Citigroup s’est engagé à payer un taux de 11% annuel. C’est un taux d’intérêt très, très élevé si l’on compare avec 4.5% annuel du taux de court terme établi par la Réserve Fédérale ou avec 3.8% des bons du Trésor des Etats-unis à 10 ans. Cet accord signifiera un délestage de 1.700 millions de dollars pour le Citigroup.
Abu Dhabi est la plus grand des sept émirats des Emirats Arabes Unis. Avec moins de deux millions d’habitants, son économie est basée sur la production du pétrole.
Pour le Citigroup, l’injection du capital signifie un peu d’air au milieu de la crise par les crédits hypothécaires de basse qualité [subprimes] aux Etats-Unis. José Siaba Serrate, [spécialiste argentin] en finances internationales, a évalué que "la Citigroup a enregistré d’importantes pertes dues à sa forte exposition aux produits financiers liés à des hypothèques de mauvaise qualités". L’aide accordée par le FED à la banque l’a aidé à couvrir sa liquidité et à éviter de vendre mal des actifs dans l’urgence. Mais elle n’a pas empêché les pertes pour les investissements à risque déjà assumés.
L’évaluation des opérateurs de Wall Street fut divergente. Il a eu ceux qui voient l’aide de 7.500 millions de dollars comme une occasion de laisser derrière la crise. D’autres analystes, en revanche, ont souligné le coût élevé qu’aura pour le groupe financier l’arrivée d’Abu Dhabi, qui accroît la peur que d’autres institutions financières révèlent aussi leurs problèmes dans les prochaines jours.
La cotation des actions de Citigroup a reflété aussi cette dualité. A l’ouverture il a eu une forte hausse, qui a été refroidie au fil des heures. L’action a terminé en hausse de 1.7%, soit à 30.32 dollars. Dans les opérations après la clotûre des marchés, le cours est tombé à 30,25. Il y a un an, l’action de Citigroup valait 57 dollars. A travers un communiqué, Citigroup a clarifié que le nouvel investisseur "n’interviendra pas dans la gestion ou dans la direction" de la banque.
Ce n’est pas la première fois que Citigroup est « sauvé » par un investisseur du Golfe : le prince Al Walid bin Talal, qui possède 3.6% de la banque, est l’actuel principal actionnaire individuel. Il est entré en 1991. Au milieu de la chute de la banque, le prince a lâché le président exécutif du groupe, Charles Prince, une des figures les plus reconnues de Wall Street, et qui a dût renoncer à son poste au début de mois.
Ce n’est pas non plus la première fois que l’Emirat d’Abu Dhabi fait des incursions aux Etats-Unis pour acheter d’entreprises. Il y a quelques semaines ce fut l’acquisition de 8.1% d’Advanced Micro Devices, le second plus grand producteur de micro processeurs, derrière Intel. Les arabes ont payé autour de 700 millions de dollars.
L’énorme pouvoir qui donne un baril de brut qui frôle les 100 dollars a fait que les Emirats se transforment en actionnaires de multinationales. Abu Dhabi était déjà propriétaire de Ferrari. L’Emirat de Dubaï, pour sa part, est présent dans la banque anglaise HSBC et vient d’entrer dans Sony. Cette année il est entrée aussi comme actionnaire des casinos MGM Mirage et est propriétaire de six grands ports aux Etats-Unis.
Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi