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3 octobre 2024

Javier Milei aux abords de la dictature

par Hugo Presman

 

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Ces derniers jours, le président Milei nous a transférés aux abords de la dictature « establishment »- militaire. Une politique visant à démolir l’État, à détruire toute extériorisation de l’Argentine moderne, basée sur une répression qui décourage la moindre velléité de protestation.

En neuf mois, Javier Milei nous a emmenés à la périphérie de la démocratie. Mais ces derniers jours, il a fait un grand pas en arrière (ou en avant pour lui) et nous a transférés dans les banlieues de la dictature establishment-militaire. Une politique visant à démolir l’État, à détruire toute extériorisation de l’Argentine moderne, a besoin d’une répression qui dissuade la moindre velléité de protestation. Les retraités étaient les boucs émissaires ; et une fille gazée, une carte postale pour les mois à venir. Le Pape l’a résumé avec précision : « Au lieu de payer pour la justice sociale, il a payé pour le gaz lacrymogène ».

Le soutien inconditionnel aux forces répressives déchaînées, avec des témoignages filmés de leurs actes de vandalisme ; les mensonges grossiers pour les protéger, ajoutés à la restriction de l’accès à l’information publique ; la création de l’Unité de sécurité productive dépendant du ministère de la Sécurité, avec l’objectif clair d’augmenter le déploiement des forces de sécurité dans les provinces et ainsi protéger les activités extractives telles que les mines et le pétrole d’une éventuelle résistance de la population. Et pour couronner le tout, le président retweetant une vidéo dans laquelle il désigne le kirchnérisme comme un virus transformant ses partisans en zombies, une véritable pratique nazie, nous offre un scénario véritablement alarmant. À cela s’ajoute la tentative progressive de justifier ce qui a été fait par les forces armées pendant la dictature establishment -militaire, afin de les avoir sus la main pour la répression.

La démocratie est née blessée parce qu’elle était le résultat d’une défaite militaire. Même ainsi, après une période atroce, l’énorme distance de vivre avec la mort ou de regarder la vie a fait une différence considérable. Les 40 années de démocratie ont été possibles parce qu’elles reposaient sur un fait historique fondamental qu’était le procès de la junte, le « Plus jamais ça » et l’accord implicite selon lequel les différends politiques seraient résolus sans menacer la vie de l’adversaire. Les Mères et les Grands-Mères [de la Place de Mai] furent un énorme exemple de lutte, de recherche de justice , en excluant de façon explicite de le faire de ses propres mains. Les mères et les grands-mères qu’aujourd’hui le président Milei, qui déconnecte définitivement la langue du cerveau, a disqualifié avec son langage brutal : « Le travail des anciennes terroristes prend fin ».

Pendant quatre décennies, les progrès en matière de droits ont été énormes et nous ont placés en avance par rapport à nombreux pays, mais les fondations économiques étaient fragiles, constamment marquées par de petites avancées durant les gouvernements populaires et d’énormes reculs durant les gouvernements néolibéraux. Lorsque tous les gouvernements sont mis dans le même sac comme s’ils étaient identiques, l’objectif est double : réduire les bénéfices reçus des gouvernements populistes et atténuer les revers et l’appauvrissement dus aux gouvernements qui mettent en œuvre des politiques néolibérales.

La tentative d’assassinat contre Cristina Fernández, précédée par la création d’un climat de violence verbale et symbolique, fut l’autre rupture du pacte démocratique. Laisser Milei synthétiser le déni de la dictature establishment militaire, et son vice-président la revendication des génocides ; et que l’actuel président et Patricia Bullrich, sa ministre de la Sécurité et ancienne candidate présidentielle de « Juntos por El cambio » n’ont pas manifesté contre la tentative d’assassinat de celle qui fut deux fois Présidente, révèle le gigantesque retour en arrière que nous traversons aujourd’hui et la rupture des deux fondements de la démocratie. Le Président ne peut pas répondre s’il est en faveur de la démocratie à chaque fois qu’on lui pose la question, car l’un de ses auteurs les plus loués est Hans Hermann Hoppe, qui a écrit « Démocratie. Le Dieu qui a échoué  » [1], où il s’exprime clairement dans la négation du système démocratique.

Milei et sa sélection d’imprésentables sont prêts. Ils sont convaincus qu’on peut faire des coupes budgétaires à l’infini. C’est pourquoi ils vont de l’avant et il semble que faire preuve de cruauté et la célébrer n’a aucun coût. La phrase bien connue « que les balles ne lui entrent pas [2] » est répétée. Ce n’est pas la première fois que cela arrive et ce qui arrive aussi à d’autres gouvernements : quand ils commencent à entrer, ils font du mal, même à ceux qu’ils n’avaient pas comme cible.

Avec seulement 7 sénateurs et 37 députés, avec la complicité enthousiaste du PRO et la capitulation misérable de presque tous les Radicales, avec un discours basé sur les disqualifications et les insultes, et un langage scatologique aux obsessions sexuelles, qui discipline partisans et adversaires, le Président avance dans sa tentative de ramener l’Argentine à celle de la fin du XIXe siècle, où il situe le paradis perdu d’Adam et Ève, qui dans la version argentine est le paradis oligarchique. Cristina Fernández lui a répondu avec une précision historique :

« Il dit qu’il y a 100 ans l’Argentine (peut-être aurait-elle dû dire 134 ans) était merveilleuse, c’était la première puissance du monde, nous étions fantastiques. On se souvient, par exemple, de l’année 1904 (en fait 1901), lorsque le Général Julio A. Roca instaura la loi du service militaire obligatoire. Et les médecins des Forces armées ont du examiner tous les hommes, même ceux venant de l’intérieur. L’état de santé de la population argentine était désastreux. La misère était calamiteuse, générant tuberculose, rachitisme, maladies vénériennes, hydatidose et maladie de Chagas. Joaquín V. González, fondateur de l’Université nationale de La Plata et ancien ministre de l’Intérieur, a chargé Bialet Massé, avocat et médecin catalan, de réaliser une étude sur la classe ouvrière argentine. Le résultat de ce travail est catastrophique sur le plan humain et social. Natalio Botana, qui n’est pas de gauche, et à nos antipodes, professeur émérite de l’Université Di Tella a déclaré : « Milei a créé une image de paradis perdu... L’Argentine est la première puissance mondiale qui ne résiste pas à la moindre histoire comparée ».

Milei est un mensonge superlatif. Plagiaire, mythomane, égocentrique, il balance sans vergogne et sans pudeur des données sans aucunes sources, car il manque de pudeur et de honte.

L’industrie, les ouvriers, les retraités, les pauvres, les indigents n’entrent jamais dans ses discours. Il ne peut même pas les verbaliser. Mais les puissants, les millionnaires, entrent bel et bien. C’est pourquoi il ne gouverne que par et pour 5 % de la population. Comme le dit l’essayiste Diego Tatian : « Les puissants en Argentine masquent au nom de la liberté le déclin de l’égalité ».

Sa présentation du budget rend les choses claires pour ceux qui veulent les voir : l’ajustement est et sera permanent. Tout est subordonné au paiement de la dette et de ses intérêts. Et cela est protégé quelles que soient les vicissitudes de la macroéconomie. C’est pourquoi si le monde, par exemple, devait subir une crise mondiale ou une pandémie, puisque l’État ne doit pas intervenir, puisque seul le marché gouverne et que le surplus ne se négocie pas, le slogan envers les citoyens sera « démerdes toi comme tu peux », et donc l’obtention improbable de vaccins en cas de pandémie sera une conséquence d’efforts individuels. C’est pourquoi, lorsque Milei critique les décès dus à la pandémie de COVID, soutenant arbitrairement qu’ils n’auraient pas dû dépasser les 30 000 décès, étant anti-vaccin et anti-quarantaine, il suffit de comparer avec ce qui s’est passé avec les politiques développées par Bolsonaro et Trump. en ce sens, pour revenir une fois de plus en vérifiant sa capacité à dire n’importe quoi dans n’importe quel domaine. Cristina a donné l’exemple de cette dame qui a dit : « Il est fou, mais il sait. Quelle sera sa réaction lorsqu’elle réalisera qu’effectivement il ne sait pas non plus ? »

Le discours de présentation du budget montre clairement qu’aujourd’hui, un présent douloureux, les gens se portent bien mieux qu’ils ne le seront demain et que l’État ignore tout, sauf (textuellement) « La chose fondamentale qu’un État national doit faire est d’assurer la stabilité macroéconomique et l’empire du droit. Et point ».

Aux hommes d’affaires, il a dit : « Nous réduisons l’État pour grossir vos poches », ce qui est plus brutal que le message de la dictature : « Réduire l’État, c’est élargir la Nation ».

Si le budget propose une augmentation de 28% pour les universités et de 94% pour le SIDE (NDLR Services d’Intelligence de l’Etat), il suspend l’article 9 de la loi de financement de l’éducation qui garantissait un financement à hauteur de 6% du PIB, le même que le financement du système national de Sciences. Technologie et Innovation, cela ne laisse aucun doute, même pour ceux qui ne veulent pas voir, ce que sont les véritables objectifs du gouvernement.

Il est tellement amoureux des dernières décennies du XIXe siècle qu’il essaie de surpasser Nicolas Avellaneda (président de 1874-1880) dans ses aspects les plus douloureux, comme lorsqu’il dit : « J’honorerai la dette, en économisant sur la faim et la soif des Argentins ».

Cela fait neuf mois. Seul celui qui ne veut pas voir ne voit pas. Il n’y a pas d’argent pour les retraités dont l’augmentation mensuelle équivaut à une grande pizza avec une petite bouteille d’eau, et dont l’octroi selon Milei produirait un cataclysme financier, c’est la solidité du modèle qu’il propose. Il n’y a pas d’argent pour les universités publiques, ni pour l’INTA, l’INTI, le CONICET, le CNEA ; ni pour les bibliothèques, le théâtre, le cinéma ; ou pour les ordinateurs des étudiants ; ni pour fournir des médicaments aux patients atteints de cancer, ni pour livrer de la nourriture aux cantines, mais le systeme Mercado Libre [3] est subventionné à hauteur de 103 millions de dollars en 2023, l’impôt sur la propriété personnelle est réduit et un blanchiment presque gratuit est effectué pour les héros du président que sont les évadés. Aucun pays ne s’est développé avec l’État que propose Milei ni avec les politiques insensées qu’il parraine.

Les nombreux Argentins qui ont de l’espoir, qui font d’énormes sacrifices pour atteindre le pays de rêve qui leur a été promis, se retrouveront à leur réveil avec les restes d’un cauchemar indescriptible.

Évidemment, Milei et Libertad Avanza ne sont pas nés d’un chou. Comme le dit l’essayiste Eduardo Gruner : « Aucun fou de la tronçonneuse ne peut émerger sauf là où un consensus a été créé d’une manière ou d’une autre sur l’opportunité d’abattre la forêt ».

Le journaliste et écrivain Eduardo Anguita complète : « L’arrivée de l’extrême droite par les élections n’a pas de précédent en Argentine. Cela s’est produit parce que l’offre politique du péronisme fin 2023 était associée au retrait franc des conquêtes sociales. « Les programmes sociaux destinés aux secteurs les plus vulnérables ne constituent dans aucun pays un moyen de cohésion de l’identité des travailleurs ».

LE BARBECUE FESTIF DE LA CRUAUTÉ

Le psychiatre et psychanalyste Alfredo Grande affirme que « La cruauté n’est rien d’autre que la planification systématique de la souffrance ».

Un exemple clair de ce cours fut l’hommage avec un barbecue à la résidence présidentielle d’Olivos, à ceux qui, dans le langage grandiloquent et excessif du président, ont été décrits comme des « héros », qui n’étaient autres que les députés qui ont contribué à maintenir le veto présidentiel de la loi qui a établi une nouvelle formule d’actualisation des pensions. Le président avait soutenu que cette formule impliquait un coût équivalent à 62 % du PIB, un superlatif absurde aussi faux que sa célèbre projection d’une prétendue inflation annuelle de 17 000 % en décembre 2023, qu’il prétend avoir évitée. Si l’incidence des retraites et des plans sociaux représente environ 13% du PIB, l’augmentation mensuelle des prestations de retraite pour les quelque 6 000 000 de retraités qui perçoivent le minimum, équivalent à une pizza et une bouteille d’eau par mois, et un réajustement annuel en mars, seul un le prestidigitateur qui fait du mensonge son argument le plus puissant peut le porter à 62 % du PIB. Comme l’écrivain Mario Diament a raison lorsqu’il le met dans la bouche d’un de ses acteurs de son ouvre Café Central : « La vérité est un cadavre en décomposition et le mensonge est un stupéfiant ».

Cela vaut la peine de demander à ces 87 députés « héroïques », dont 81 étaient présents, parmi lesquels se trouvaient certains de ceux qui ont rendu visite et promu la reconnaissance des génocidaires et le radical Mariano Campero qui, avec la même ferveur, a soutenu l’approbation de la loi puis a approuvé le veto, qu’ont-ils ressenti en goûtant le barbecue de la honte ?

Cela vaut donc la peine de se demander :

  • Quel goût aurait un choripán [4] assaisonné d’une abondante indignité ?
  • Quel goût ont les gésiers croustillants marinés au feu de la trahison ?
  • Comment déguster des boudins noirs fabriqués symboliquement avec le sang de retraités ?
  • Comment avaler cette portion de barbecue célébrant la faim des personnes âgées ?
  • Comment peut-on dévaloriser la notion de héros en élevant à ce rang ceux qui poignardent des promesses, dont le courage est d’être fort avec les faibles et lâches jusqu’à faire la génuflexion avec les puissants, ceux qui font du mensonge un culte ?
  • Et leurs convictions ont-elles la solidité d’une motte de beurre au soleil ?
  • La photo du barbecue de Olivos pour Milei pourrait-elle être ce que signifiait pour Alberto Fernández la photo de la fête à Olivos en pleine quarantaine ?
  • D’un autre côté, ce qui implique tous les parlementaires c’est qu’ils ne proposent pas ou n’intensifient pas les efforts pour l’abrogation immédiate du DNU 70/2023, avec lequel le président réinitialise l’économie argentine contre la grande majorité de la population.

AUX ABORDS DE LA DICTATURE

Au nom de la liberté, le droit de manifester dans la rue est supprimé. Comme l’écrivait à juste titre le journaliste Sebastian Lacunza dans Diario.ar du 16/09/2024 : « Dans l’Argentine de Milei, assister à une manifestation implique de prendre le risque d’être arrêté et/ou d’être hospitalisé. Se priver d’une changa pour obtenir le pain quotidien, s’exposer à des coups de bâtons et des gaz lacrymogènes à un âge où les coups font deux fois plus mal ou s’exposer à qu’un énergumène projette du gaz sur le visage d’une petite fille sont des facteurs décourageants que les gouvernements démocratiques n’utilisent pas, mais qu’utilisent les dictatures. »

Les brigades médiatiques, les [Trolls] groupes de choc actuels, hébergés et payés par la Casa Rosada, sont utilisés pour persécuter les dissidents même dans leurs propres rangs ; insulter, disqualifier, effrayer et détruire.

La proclamation libérale que le président répétait à saturation à chaque occasion médiatique était une contradiction abyssale entre son texte et ses adhésions historiques. Il a déclaré : « Le libéralisme est un respect sans restriction du projet de vie d’autrui, basé sur le principe de non-agression, en défense de la vie, de la liberté et de la propriété ».

Milei revendique une dictature, qui est à l’opposé du projet de vie d’autrui et du respect de la vie et de la propriété. En gardant les propriétés des personnes enlevées en général, y compris des hommes d’affaires comme la famille Cerrutti à Chacras de Coria, les frères Iaccarino entre autres, environ six cents. Sans parler du mépris de la vie, qui allait des camps de concentration de torture et de mort jusqu’à jeter de personnes vivantes à la mer ou à la rivière, en passant par l’appropriation des bébés.

Aujourd’hui, sa politique affecte la liberté et la vie de nombreuses personnes, allant jusqu’à refuser des médicaments aux patients atteints de cancer ou de la nourriture aux soupes populaires. Toute sa carrière a été basée sur l’agressivité, cela ressemble donc à une plaisanterie ce discours sur le respect sans restriction.

Nous parcourons le chemin sombre et étroit des banlieues de la démocratie et des banlieues de la dictature.

L’HEURE N’ADMET PAS L’INDIFFERENCE

La célèbre et reconnue psychanalyste Silvia Bleichmar, décédée début 2007, auteure, entre autres, de « Je n’aurais pas aimé mourir dans les années 90 » et de « Dolor Pays », a déclaré : « L’indifférence est une autre forme de cruauté ».

Dans la note précédente que j’ai écrite et publiée dans La Tecl@Eñe intitulée « Les ténèbres les plus profondes », il était dit :

« Les ténèbres ne seront pas éternelles. Dans un jour radieux de justice, un Président déséquilibré et sa cour de vassaux brutaux seront jugés aux côtés de leurs instigateurs. L’histoire n’a pas de date limite et est imprévisible, mais la destruction qu’ils opèrent et la douleur incommensurable qu’ils produisent et dont ils profitent avec une satisfaction sadique prendront fin. C’est alors que les jeunes Argentins se demanderont comment ce qui s’est passé est arrivé. Ce qui s’est passé à cette époque, où l’horizon restait invisible, où une nuée de sauterelles dévastait et détruisait le pays, où la cruauté était élevée au rang de vertu, où l’abandon et la perte des droits étaient annoncés comme une « modernisation » et où les « Argentins » autoproclamés de « bien » ont cru un temps que le mot changement, évoqué par les libertariens, signifiait arriver à ouvrir l’avenir alors que c’était exactement le contraire. Cette époque restera dans les mémoires comme « les ténèbres les plus profondes ».

Dans l’immédiat, l’horizon est incertain et il est inquiétant de se montrer bienveillant. Chaque jour s’accentue la violence verbale qui précède toujours, toujours la violence physique. Pour accentuer ses délires, le Président est si élémentaire qu’il qualifie ses partisans, les grands hommes d’affaires, les évadés de héros et ses ministres de colosses, immenses, alors que ses adversaires sont des rats, des imbéciles, des stupides, des ânes, des bourrés, des mongoliens, des dégénérés. Si des adversaires rejoignent leurs rangs, ils se transforment de rats en héros. C’est une question de politique pratique. En théorie, d’un côté se trouvent les libertariens et de l’autre ceux qui revendiquent l’État, quelles que soient sa taille et ses fonctions, qu’ils soient collectivistes, keynésiens, populistes, sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates, socialistes ou communistes. Pour Milei, tout le monde est pareil. Tout comme l’analphabète qui, comme le dit Dolina, « pour lui, tous les livres sont semblables ».

Nous traversons un territoire explosif au milieu de la récession, de la pauvreté et de la faim. Milei force les faits, continue de de la dynamite dans ses propos et nous emmène des banlieues de la démocratie aux banlieues de la dictature.

Tout est aussi faux que pyrotechnique. Même lors des rendez-vous, Milei ment. Lors de la présentation du budget, il fit dire au sénateur romain Cicéron, en 63 av JC la citation suivante : « les fonctionnaires doivent être modérés et contrôlés et l’aide aux autres pays doit être éliminée. Pour que Rome ne fasse pas faillite, il faut que les gens réapprennent à travailler au lieu de vivre aux dépens de l’État. Cette phrase date de plus de 2 000 ans », a lu le président. Il l’a complété par une chicane directe adressée au bloc des députés kirchnéristes : « Vous n’avez rien appris de cela ». Selon La Nación du 16/09/2024 : « Il n’y a aucune trace que Cicéron ait dit cela et la mention temporelle la plus lointaine de cette phrase apparaît dans le roman de l’écrivain britannique Taylor Caldwell des années 60 ».

En revanche, ce que Cicéron raconte au sénateur Catilina dans « Catilinarias » est strictement vrai. Ces mots furent prononcés entre novembre et décembre de l’an 63 av. JC., après qu’un complot dirigé par Catiline pour réaliser un coup d’État ait été découvert et réprimé.

« Jusqu’à quand vas-tu abuser de notre patience, Catilina ?
Combien de temps encore cette folie continuera-t-elle à se moquer de nous ? »

Il suffit de remplacer Catilina par Milei et Cicéron nous parle de notre pays, il y a 2087 ans :

« Combien de temps vas-tu abuser de notre patience, Milei ?
Combien de temps encore cette folie continuera-t-elle à se moquer de nous ? »


Hugo Presman* pour La Tecl@Eñe

La Tecl@ Eñe. Buenos Aires, le 24 septembre 2024.

*Hugo Presman Journaliste argentin et animateur de l’émission de radio El Tren.

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diáspora par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la Diaspora. Paris, le 3 octobre 2024.

Notes

[1«  Democracy : the God That Failed  », 2019, 85 p. (ISBN 978-1-0778-6632-4)

[2Cette expression est utilisée en espagnol pour signifier qu’une personne est réticente à accepter des conseils ou des critiques

[3MercadoLibre est une entreprise argentine spécialisée dans le commerce sur internet notamment via le système de vente aux enchères.

[4 Choripán est le nom donné en Argentine à un sandwich constitué d’une saucisse et d’un petit pain, qui peut être mangé nature ou assaisonné de chimichurri , de salsa golf ou de salsa criolla. Il est très populaire, et on le mange lors d’un asado et en restauration rapide.

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