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17 décembre 2007

Hégémonie mondiale :
Pléthore de capital.

 

Par Alfredo Zaiat
Página 12
. Buenos Aires, 15 décembre 2007.

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Un signal indubitable d’un changement d’époque dans l’économie mondiale est offert par le sauvetage de la faillite des principales banques des Etats-Unis, la Citibank, et de la Suisse, l’UBS, par des capitaux asiatiques et du Moyen Orient. La crise financière extraordinaire dont l’épicentre est dans la première puissance de la planète et en Europe, n’impliquera pas la disparition de l’empire dominant le XXe Siècle, mais bien la dispersion de son influence. Un processus semblable à celui qu’a vécu l’Empire Britannique, qui dans les premières décennies du 1900 a commencé à être dépassé par l’hégémonie ascendante des Etats-Unis, sans perdre les Anglais, ni sa place privilégiée dans le concert du pouvoir mondial et ni son arrogance d’être un des propriétaires de la Terre.

Maintenant, dans un processus qui semble être accéléré par le débâcle financière des colosses bancaires, mais qui en termes d’étapes historiques a déjà plusieurs années de développement, la suprématie se transfère à rythme ralenti vers l’Est, en particulier vers la Chine et d’autres puissances asiatiques. Dans les faits cette dynamique a été mise à jour avec deux sauvetages bancaires- en milliards-.

Le Citi a été sauvé par des capitaux arabes, de la même manière qu’en 1991 le prince saoudien Al Waleed ben Talal l’avait fait, cette fois par l’Autorité d’investissement d’Abu Dhabi, qui a recapitalisé l’organisme de 7,5 milliards de dollars en échange de 4.9 % des actions.

L’UBS, pour sa part, a été aidée par Singapour, qui déboursera quelque 9,7 milliards de dollars en échange de 9.0 % de l’organisme. Pour l’instant, ces deux banques sont les cas les plus éclatants, mais d’autres organismes comme les anglais Barclays, HSBC y Northern Rock, le n° 1 français BNP Paribas, l’allemand IKB Deutsche Industriebank , et les fonds Bear Stern, Merrill Lynch , parmi d’autres, ont enregistré une forte décapitalisation et, par conséquent, font face au risque d’ l’insolvabilité étant donné l’éclatement de la bulle hypothécaire aux Etats-Unis.

La profondeur de la crise et, spécialement, l’ignorance sur son ampleur, produit un niveau élevé d’incertitude et de désaccord dans le monde de la finance internationale. Depuis qu’a été révélé le grave problème d’insolvabilité dans l’affaire des prêts hypothécaires appelés subprime (crédits accordés avec des normes flexibles quant aux garanties de son remboursement), une série de mesures se sont succédées pour limiter les dommages, avec un résultat jusqu’à lors inconnu :

 La Réserve Fédérale et la Banque Centrale Européenne ont versé dans le système, par l’intermédiaire d’opérations de marché à court terme, des fonds pour un total supérieur à un billion de dollars pour surmonter ce qu’on pensait un temps n’être qu’un déséquilibre de liquidité.

 La Banque Centrale des Etats-Unis a convenu d’entamer une politique de réduction du taux d’intérêt, qui avec sa dernière baisse de mardi l’a placé à 4.25 %. En quelques mois, elle l’a déjà fait baisser d’un point en pourcentage pour alléger les comptes des débiteurs et, par conséquent, éviter une détérioration plus grande des bilans des banques.

 Un groupe de banques de premier plan a structuré un paquet d’aide pour cent milliards de dollars destiné à capitaliser des organismes en danger.

 L’administration Bush a orchestré un plan de sauvetage de 1, 2 million endettés d’hypothécaires qui ne peuvent pas payer leurs dettes. En même temps, l’indicateur des exécutions hypothécaires du mois dernier é a été le plus élevé de la dernière décennie, ce qui montre que ce programme devra être étendu dans un futur proche.

 Comme cela a été mentionné, des capitaux asiatiques et du Moyen Orient se sont transformés en prêteurs de la dernière instance de puissants organismes financiers d’Occident.

 Jeudi passé, dans une opération de coordination inédite, les principales banques centrales du monde ont conçu en manière conjointe un plan de gestion du risque pour faire face à la crise globale de liquidité et solvabilité bancaire. La FED des Etats-Unis, la Banque Centrale Européenne, la Banque de l’Angleterre, la Banque Nationale Suisse et la Banque du Canada ont mis au point une stratégie d’approvisionnement de ressources de presque 100 milliards de dollars. Quantité initiale qui augmentera au fur et à mesure que la crise le demande.

Ces interventions révèlent qu’il existe une crise d’ampleur, qui à la surprise de beaucoup n’a pas presque d’impact sur l’économie argentine, habituée à recevoir toutes sortes de coups financiers d’origine externe. Cette certaine immunité laisse à nouveau de coté les prophètes qui n’ont cessé de conseiller la subordination passive au monde globalisé.

Le prestigieux économiste français Michel Aglietta a indiqué, dans un rapport publié dans Le Monde Diplomatique, qu’il « faut bien apprécier la fantastique ampleur des changements de l’économie globalisée ». Il a expliqué que le changement a été entrepris après la crise asiatique de 1997 quand, endettés en dollars, les pays asiatiques ont pris conscience que leur développement était dépendant des pays hégémoniques. Aglietta signale qu’ils ont alors réorienté leurs politiques pour arrêter d’être importateurs de capitaux et ils ont dévalué, pour renforcer leur stratégie exportatrice et leur compétitivité.

Ils ont aussi payé leurs dettes et ont gagné en indépendance face au FMI et à ses exigences. « Cela a eu deux conséquences au niveau mondial : un changement de direction des mouvements de capitaux et une immense pression sur les prix des matières premières et les salaires », et a indiqué, pour conclure que « cette autonomie politique qu’ils ont gagnée s’observe au cœur même du capitalisme : dans l’entreprise. En Asie, à l’inverse qu’en Europe, un capitalisme d’État, à l’asiatique, s’est renforcé ».

Avec l’essor des matières premières, ces nations ont accumulé des réserves gigantesques et, avec ces fonds, elles sont dans des conditions d’entrer au capital des banques occidentales, empruntant ainsi le sentier connu de construction de l’hégémonie par des empires en devenir. Dans ce processus remarquable, l’espace dominant des Etats-Unis dans l’économie mondiale a commencé à être mis en question.

Un symptôme contondant fut la réponse du vice-ministre chinois de Commerce, Cheng Deming, au secrétaire du Trésor de Bush, Henry Paulson, pendant la troisième édition du « Dialogue Économique Stratégique », qui a eu lieu vers le milieu de la semaine dernière, et qui devant les pressions pour l’appréciation du yuan et le protectionnisme, lui a recommandé d’avant de s’occuper de la Chine de s’occuper de ses propres problèmes, en référence à la crise hypothécaire et à la faiblesse du dollar.

Le chercheur mexicain Alejandro Valle Baeza, dans un récent colloque de la Société Économique et Politique Latinoaméricaine, qui s’est tenu à Caracas, a souligné que « durant les années récentes, les Etats-Unis a été le seul pays industrialisé qui a connu constamment un déficit de compte courant supérieur à 5% du PIB ». Il rappelle que depuis 1970 aucun autre pays, industrialisé ou pauvre, a pu maintenir pendant plus de cinq ans un déficit externe élevé sans tomber dans une crise de paiements. L’expert explique que « la raison de ce caractère exceptionnel est l’hégémonie du dollar comme argent mondial ». La clé se trouve dans le fait que cette domination a commencé à être mise en cause.

L’actuelle crise financière et la faiblesse de l’économie des Etats-Unis a été abordée, avec une vision critique, par l’économiste Rolando Astarita dans un document récent, dans lequel il signale qu’on a besoin « de casser le sortilège qu’exerce l’ingénierie financière mondiale ».

Il explique que « il est commun de trouver des gens qui pensent que les « génies » des finances sont toujours suffisamment prêts à produire des structures immunisées aux orages de l’économie. Mais cela n’est pas plus qu’une légende, nourrie, parmi d’autres raisons, par les gros bonnets financiers eux-mêmes, avec un grand bénéfice pour leur poche ".

Cette magie est à nue devant les débâcles, quand viennent les excuses et les lamentations, comme celles exprimés par le président du Conseil d’Administration de UBS, Marcel Ospel : « Personnellement j’ai honte que nous ayons produit quelque chose de la sorte ». Ce « quelque chose de la sorte » est une perte additionnelle de 10 milliards de dollars pour avoir spéculé sur les crédits hypothécaires subprime des Etats-Unis.

Astarita place la spéculation et la crise qui en a découlé sur le marché, sous le signe de « l’abondance de capital », processus qui arrive quand on voit un développement démesuré de l’argent qui se multiplie dans la sphère financière (par le taux d’intérêt ou par la valorisation d’actifs immobiliers ou boursiers) sans être accompagné d’une expansion semblable de l’investissement et de l’activité productive. Les crises et la débâcle des actifs financiers, dans ce cas les crédits hypothécaires et les autres qu’il a entraîné, vient détruire cet « argent fictif » sans contrepartie dans la valeur de biens tangibles.

Astarita explique que « toute crise financière n’aboutit pas forcément dans une chute de la production, et de l’économie en général », qui se traduit dans une récession, fantôme qui survole aujourd’hui les Etats-Unis. Et il conclut que certaines crises agissent simplement comme une épuration des bulles spéculatives, ce peut se passer avec l’actuelle. Mais, contrairement à d’autres débâcles, le challenge est que dans celle-ci émerge un empire naissant alors qu’un autre lutte encore pour maintenir une présence hégémonique.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de  : Estelle et Carlos Debiasi.

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