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4 juillet 2011

Le péronisme, drôle d’objet politique

 

Le péronisme est une donnée aussi omniprésente que mystérieuse dans la vie politique argentine. Surtout pour les observateurs étrangers… Parfaitement bilingue et binational, Jean-Louis Buchet, le correspondant de Radio France Internationale (RFI), La Tribune et France Culture à Buenos Aires, décrypte pour nous cet « objet politique non identifié ».

Lepetitjournal.com - Pour les Français, le péronisme, c’est comme un objet politique non identifié…

Jean-Louis Buchet - C’est vrai : les étrangers –et parfois, les Argentins eux-mêmes– ont du mal à l’appréhender. On peut rapprocher le péronisme du nassérisme ou du gaullisme : c’est une forme de nationalisme. D’ailleurs, c’est un mouvement qui naît à la même époque, après la Seconde guerre mondiale.

C’est-à-dire, après le fascisme…

Le péronisme est parfois assimilé au fascisme –abusivement. Certes, Perón a été attaché militaire à Rome sous le fascisme ; certes, il surgit au sein d’un gouvernement où il y avait aussi des officiers fascisants. Mais cela ne suffit pas ! Même s’il était autoritaire, Perón n’a jamais remis en cause les institutions républicaines, les bases de l’État argentin. C’est une différence essentielle avec les méthodes fascistes.

Pour les Français, le péronisme rappelle largement le gaullisme. Une comparaison légitime ?

En effet, comme de Gaulle pour la France, Perón prétend incarner son pays, l’Argentine. En outre, le péronisme, à l’instar du gaullisme, se présente comme un mouvement de dépassement des clivages traditionnels et ce, par la voie réformiste et non révolutionnaire. À la lutte des classes, il préfère par exemple l’association du travail et du capital. Le lien privilégié entre le peuple et son leader est un autre point commun entre gaullisme et péronisme.

Le gaullisme lui-même rassemblait des hommes de sensibilités et convictions diverses, allant de la droite à la gauche de l’échiquier politique…

De même, la diversité est constitutive du péronisme, qui couvre un éventail politique très large et des intérêts économiques divers. On y trouve des industriels et des syndicalistes, des ouvriers et des intellectuels, des militants de droite et de gauche.

La société argentine est-elle majoritairement péroniste ?

En réalité, le péronisme est plutôt la première minorité du pays. D’où la nécessité d’alliances, de "fronts", qui rassemblent au-delà du seul Parti Justicialiste. Grâce à sa présence sur l’ensemble du territoire et à son extrême pragmatisme, le parti péroniste est maître dans l’art de conclure des alliances électorales. Le péronisme, c’est aussi une manière de faire de la politique.

Propos recueillis par Barbara VIGNAUX
Le Petit Journal
. Buenos Aires, le 4 juillet 2011

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