Accueil > Empire et Résistance > Le manque de bon sens nous fait retourner vers la "Guerre Froide".
Par Ángel Guerra Cabrera
La Jornada. Mexico, le 28 Août 2008.
Le "retour de la guerre froide" est la conclusion de beaucoup d’analystes devant le contentieux très dangereux qui prend corps entre la Russie et les États-Unis, qui essaient d’entraîner avec eux leurs alliées européens. Mise en évidence crument avec l’énergique réponse russe à l’aventurisme étasunien dans l’explosive région du Caucase, l’origine de cette impasse remonte aux années postérieures à la disparition de l’Union soviétique. C’est en partie pertinent de la comparer à la guerre froide alors que se réinstallent un scénario de collision entre les deux grandes puissances nucléaires et le terrible danger d’un affrontement entre celles-ci avec des armes que beaucoup ont cru éradiquées après la chute de l’Union Soviétique.
Cependant, il faut rappeler que jamais ne se sont produits autant de conflits locaux qu’après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, presque toujours à la suite de la politique de pillage des puissances impérialistes contre les peuples du monde colonial et semi colonial. Cette période a donné lieu au terme « guerre froide » avec allusion à ce que l’Union soviétique et les États-Unis ont tacitement décidé de ne pas recourir à l’emploi de l’arme atomique parce que cela aurait conduit à leur « destruction mutuelle assurée », connue par l’acronyme anglais MAD. En revanche, les mouvements de libération et les pays du « troisième monde » qui atteignaient ou voyaient leur indépendance menacée pouvaient compter -dans de nombreux- cas sur l’appui économique, politique et militaire de Moscou et de ses alliés face aux menaces impérialistes, avec tout y compris l’insuffisance ou l’hésitation avec lesquelles presque toujours elle était octroyée et des conditions politiques qui fréquemment les accompagnaient en parallèle. Malgré cela, la propre existence d’un rival si formidable contenait en grand partie les appétits impérialistes et son aide a participé au triomphe de nombreux peuples face à des agressions externes et à leur développement indépendant, sans oublier le concours décisif soviétique à l’échec du fascisme nazi.
Quand s’est volatilisée l’Union soviétique, a disparu aussi ce soutien à des luttes anti-impérialistes et ont augmenté les guerres incitées par les puissances capitalistes dans les pays dépendants, principalement à la recherche des ressources naturelles et des marchés, surtout en Afrique. L’hégémonie mondiale étasunienne est arrivée à son apogée et a créé une situation sans précédent de pillage des ressources et de surexploitation du travail qui a déjà reçu des réponses encourageantes, surtout en Amérique Latine. Avec l’Afghanistan et l’Irak a sonné le commencement d’un nouveau cycle de guerres coloniales, mais aussi l’embourbement de l’agresseur.
En même temps des ressources considérables étaient extraites du territoire occupé par l’ancienne URSS, où s’est implanté un des capitalismes les plus sauvages, et les ex-pays socialistes sont devenus des protectorats de Washington. Ce dernier, avec la complicité de l’Europe, a démembré la Yougoslavie et profitant du prétexte de la "guerre contre le terrorisme" a entouré la Russie de bases militaires, tandis qu’au nom de la démocratie il a placé des gouvernements fantoches dans les ex-états soviétiques à travers des révolutions « orange ». Non satisfait de cela, il a stimulé l’indépendance du Kosovo dans une flagrante violation du droit international et il a installé là un régime mafieux, encore une fois avec la complicité européenne. Enfin, il a armé et a préparé avec Israël l’attaque de la Géorgie contre les forces russes de paix et la population majoritaire pro russe d’Ossétie du Sud et a signé avec la Pologne un traité pour le déploiement d’un « bouclier anti missiles » pointé contre la Russie.
Moscou a depuis un moment prévenu qu’il ne tolérerait pas la poursuite de l’escalade et que l’indépendance du Kosovo aurait des conséquences, mais a continué jusqu’à la dernière heure à proposer des sorties négociées au conflit déclenché ce mois-ci en Géorgie qui ont été jetées à la poubelle par l’ « Occident » au moment où augmentait la rhétorique anti russe dans la presse occidentale. Washington joue gaiement à la guerre nucléaire juste quand il sombre dans une crise inédite et le manque de bon sens semble gouverner sa conduite.