A j- 4 du premier tour de l’élection présidentielle argentine, le 27 avril, deux choses marquent l’observateur. Tout d’abord l’apathie qui a marqué la campagne électorale, éclipsée par la guerre en Irak, contre laquelle d’ailleurs la mobilisation fut forte en Argentine, alors que les américains ont des velléités de renforcer leur présence en Amérique Latine. Ensuite la dispersion des candidats et des voies de telle façon que les sondages laissent place au suspense.
Mais surtout le rejet de la classe politique en place - au son de « que se vayan todos » n’a pas débouché concrètement sur une campagne politique animée de nouvelles idées. Il n’y a pas de réponse au désir de changement exprimé par le peuple, et force est de constater que les caciques politiques tiennent toujours une place importante. Même si le jeu semble ouvert puisque 19 candidats sont sur les rangs, et cinq sont considérés comme ayant une chance pour être présent au second tour, prévu le 18 mai, puisqu’ils se tiennent dans une fourchette comprise entre 12 et 20%.
Les 17 mois de présidence d’Eduardo Duhalde, porté au pouvoir par le Congrès, après l’éviction de De la Rua, présidence en quelque sorte entre parenthèse, n’ont pas abouti à une reconstruction du paysage politique. Et les formidables initiatives solidaires qui ont permis au peuple de survivre -et que l’on est venu observer des quatre coins du monde- n’ont pas -encore ?- débouché sur une l’émergence d’une classe politique nouvelle. Pire, même le spectre d’un troisième mandat pour Carlos Menen, pourtant responsable des maux dont souffre l’Argentine aujourd’hui, n’a pas permis une forte mobilisation. On constate une absence criante de débats entre candidats. Et si les critiques sont légion sur l’ancien président elles ne permettent pas à elles seules d’offrir un programme constructif alternatif.
Tout ceci alors que des dossier « chauds » attendent le nouveau président, dans un contexte de très fragile reprise de l’économie -avec une perspective de croissance technique de 2,5 % en 2003 : à commencer par la restructuration de la dette publique alors que le FMI affirme sa présence en venant de nommer John Dodsworth, comme représentant résident du FMI en Argentine, afin de contribuer "au dialogue permanent avec les autorités". On sait déjà que la pression faite par l’organisation sur l’Argentine sera forte aussi pour imposer une politique budgétaire restrictive, dont la santé et l’éducation, risquent de faire les frais, pour appuyer les renégociations des contrats de concession d’entreprise privées étrangères qui demandent des hausses de prix… Le pays aura besoin d’un président qui puisse leur tenir tête.
El Correo Paris, le 9 septembre 2003.