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Dans le pays des vaches et de la généreuse pampa comblée de blé et de soja, les enfants continuent à mourir de faim. Ainsi le démontrent les plus récents chiffres de décès par malnutrition des enfants âgés d’ un an, provenant du Ministère de la Santé du pays.
Les chiffres - fournis à ce journal par la Direction Nationale du Programme Maternel Infantile (Promin) - montrent qu’en 2002 sont décédés en Argentine 165 garçons de moins de 12 mois de malnutrition.
Ce chiffre non seulement met à nouveau en évidence un des aspects les plus pénibles de la crise dont souffre le pays, mais aussi révèle un accroissement significatif de cette situation par rapport aux années précédentes.
En 2001, on a officiellement enregistré 93 décès par malnutrition d’enfants âgés de moins d’un an, ce qui implique qu’en 2002 - l’année où le pays a touché le fond - il y a eu une augmentation de 43.6 pour cent de l’indicateur. En outre, il est important de tenir compte de la tendance : depuis 1996, durant laquelle ont été notifiés 290 décès liés aux carences alimentaires, l’Argentine avait réussi à faire systématiquement baisser ce chiffre.
"Il est certain que la mortalité infantile par malnutrition a augmenté , mais a aussi augmenté la manifestation de cette situation", a affirmé la responsable de Promin au niveau national, Nora Rébora, qui a expliqué que cette question est devenue critique à la suite de la situation de crise qui a fait son éclosion dans le pays en 2002.
En outre, la fonctionnaire a souligné que, dans ces indicateurs, ce qui est fondamental, c’est la tendance et non les chiffres isolés.
Cependant, la responsable de Promin a indiqué que, contrairement à ce qu’il se produit avec la mortalité par malnutrition chez les adultes - dans laquelle interviennent d’autres facteurs - dans le cas des enfants, "sauf des affections neurologiques graves qui entraînent des bouleversements nutritionnels, la mortalité a un rapport directe avec l’alimentation".
Aliments et éducation
Toutefois, le manque de ressources n’est pas le seul facteur ayant une forte incidence dans la malnutrition infantile et dans les décès.
Pour Quiroga, les facteurs culturels tiennent un poids énorme dans cette question. Et dans ceux-ci, le niveau éducatif des parents, en particulier des mères, tient une place prépondérante. "Souvent les familles auraient la possibilité de disposer des aliments ou de les obtenir par eux-mêmes, mais ils n’ont pas les éléments culturels pour le faire", a-til indiqué.
En outre, Quiroga a remarqué l’existence de pratiques alimentaires erronées au sein de la famille, qui font que, face à des moyens limités pour acquérir des aliments, elle n’opte pas pour des produits riches en protéines et vitamines, comme le lait, le fromage, les oeufs, viande, céréales, mais pour d’autres de faible valeur nutritionnelle, comme les pâtisseries, les sodas, etc.
"L’abandon de l’allaitement maternel est un autre facteur qui a une incidence énorme dans la malnutrition infantile", indique t-on. La migration de la population depuis les zones rurales vers les grandes villes, généralement vers des bidonvilles des périphéries suburbaines appauvries, entraîne non seulement l’entassement - qui facilite l’apparition de maladies infectieuses qui minent la santé des enfants -, mais aussi la perte des habitudes culturelles du lieu d’origine, comme l’ensemencement d’aliments ou l’élevage d’ oiseaux ou d’animaux de basse-cour.
Pour la pédiatre, commencer à donner une solution à ce sujet que implique non seulement le présent des enfants moins favorisés, mais aussi leurs futur, "requiert une politique nationale d’alimentation et de nutrition infantile, qui parte de la connaissance des problèmes nutritionnels qui existent aujourd’hui dans le pays, et de la caractérisation socio-économique de la population".
"Il doit y avoir une éducation alimentaire pour les familles, une couverture par un programmes d’alimentation, et un travail national sur l’accès et l’utilisation des services de santé, qui est accordée par le biais des secteurs de Maternité et d’Enfance, des universités et la communauté scientifique", a conclu aussi l’ex titulaire de la Société de Pédiatrie de Cordoba.
Résumé et traduction par El Correo de l’article de Marcela Fernández
La Voz del Interior. Cordoba, 8 février le 2004