recherche

Accueil > Notre Amérique > Terrorisme d’Etat > Plan Condor > Actualités > Adolfo Scilingo et les atrocités commises en Argentine dans l’Escuela de (…)

29 septembre 2004

Adolfo Scilingo et les atrocités commises en Argentine dans l’Escuela de Mecánica de la Armada.

 

Par Horacio Verbitsky
Página 12, 28 deseptiembre 2004

Leer en español

Le capitaine Adolfo Scilingo a modifié devant la cour espagnole face au juge Baltasar Garzon son récit des atrocités commises dans l’Escuela de Mécanica de la Armada (ESMA) et sa participation à certaines d’entre elles. Il a déclaré qu’il s’agissait "d’un roman sans fondement", inventé par lui comme vengeance contre l’ex amiral Emilio Massera et par le propre Garzon lui-même pour forcer la dérogation des lois d’impunité (argentines).

La rétractation de l’ex chef de l’atelier des véhicules de l’ESMA est fausse, mais pas nouvelle. Scilingo l’avais déjà formulée il y a cinq ans, à la suite de quoi le juge m’a cité comme témoin. Pendant une audition de novembre 1999, je lui ai livré les preuves qui ont défait cette stratégie ingénue de défense : copie des bandes enregistrées des entrevues que j’ ai effectuées il y a dix ans et, plus important encore, des lettres que Scilingo lui-même a adressées depuis 1984 à ses chefs dans l’Armée et à l’ex dictateur Jorge Videla. Dans ces dernières, il se référait aux vols (d’hélicoptères) d’extermination de prisonniers qui étaient jetés à la mer et il réclamait qu’ils assument la responsabilité étatique de ces faits.

Alors le juge Garzon n’avait pas posé son regard au-delà des limites de l’Espagne et la seule plainte en vue sur la sale guerre était celle qu’ instruisait la justice argentine. Personne ne proposait la dérogation des lois de « point final » et « d’obéissance due », pour la simple raison qu’ils n’avaient pas été sanctionnés encore. Les jugements commençaient à peine. Dans ces lettres, il n’y a non plus de référence à Massera, seulement à la décision de l’Assemblée des Qualifications de refuser la promotion de Scilingo, étant donné les déséquilibres psychiques dont il souffrait pour avoir pris part au vols de la mort. Le jeune officier disait qu’il était déjà rétabli, qu’il avait rempli des ordres supérieurs et par conséquent réclamait qu’ils lui permettent de continuer sa carrière.

Au cas où il manquerait des éléments, en avril de cette année, Scilingo m’a écrit depuis la prison espagnole de Carabanchel. Avec sa signature authentique, il réitérait tous les faits qu’il avait déjà réfutés, et il interpellait l’actuel chef de la Marine, l’amiral Jorge Godoy, à la suite du discours qu’il a prononcé le 3 mars. "Où étais-tu quand dans l’ESMA, on torturait, on faisait disparaître des milliers de personnes et on volait des enfants ? Je te le rappellerai : dans cette même Marine Argentine où tous les officiers avaient connaissance du Placintara 1976, dans lequel le Commandant des Opérations Navales, le vice-amiral Luis María Mendía, a ordonné alors, sous l’appellations « opérations militaires spéciales », ces méthodes aberrantes, qui ont été expliquées en détail par le signataire même du plan", disait-il.

Au-delà du cas personnel, ce qui arrive avec Scilingo montre le succès de la Marine et du gouvernement de l’ex-président Menem à empêcher que d’autres officiers suivent le chemin de la vérité. Renié par ses ex compagnons, prisonnier pendant deux ans grâce à une plainte inventée pour une escroquerie qu’il n’a pas commise, enlevé dans la rue et blessé au visage dès qu’il a récupéré la liberté, Scilingo est parti en Espagne avec l’illusion d’obtenir le statut de témoin protégé, en dépit de avertissements de ses avocats : il n’était pas un simple témoin mais un protagoniste et courait un danger certain d’être arrêté.

L’enquête fermée, le procès s’approche et les nouveaux avocats défenseurs de Scilingo brûlent leurs dernières cartouches avec le désir d’empêcher l’audition publique, dans laquelle on révisera les crimes de l’ESMA. C’est une tentative inefficace parce que les preuves sont irréfutables. Dans quelques mois, Scilingo aura l’occasion d’être défendu dans un procès juste que ni lui ni ses compagnons d’armes ont offert aux personnes qu’ils ont torturées et tuées.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site