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3 décembre 2025

ALERTE SUR L’ACCORD MILEI - ÉTATS-UNIS :
Opportunité ou risque pour les argentins ?

par Matías Jauregui*

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

L’accord avec les États-Unis propose d’augmenter le quota de viande argentine et de passer des 20 000 tonnes actuelles à 80 000 tonnes. L’accord semble pencher en faveur de l’Argentine. L’Argentine autorise l’entrée de biens et de processus de production et, en échange, les États-Unis obtiennent la viande dont ils ont besoin.

Le nouveau cadre d’un accord commercial entre l’Argentine et les États-Unis n’est pas un traité signé, mais un projet qui prévoit des engagements négatifs pour notre pays. Les États-Unis mettent en œuvre une stratégie bien connue : ils augmentent les droits de douane de manière générale, puis s’assoient à la table des négociations pays par pays. C’est maintenant au tour de l’Argentine.

Que proposent les États-Unis ?

Principalement, d’augmenter le quota de viande argentine. Avec le plus faible cheptel bovin depuis 75 ans, les États-Unis ont besoin d’importer de la viande bovine pour contenir les prix intérieurs (c’est-à-dire qu’ils en ont besoin). Pour cela, ils proposent de passer des 20 000 tonnes actuelles à 80 000 tonnes. Aujourd’hui, ces 20 000 tonnes sont soumises à un droit de douane symbolique de 40 dollars/tonne (moins de 1 %), mais en dehors de ce quota, un droit de 36,4 % s’applique. L’idée des États-Unis est que l’augmentation ne soit soumise qu’à un droit de 10 %.

Que demandent les États-Unis en échange ?

Rappelons qu’ils demandent à couvrir leurs propres besoins en viande.

  1. Accepter comme valables leurs normes techniques pour les produits agrochimiques, les intrants vétérinaires, les aliments et les machines. Cela permettrait à des herbicides interdits dans le monde, mais approuvés aux États-Unis, d’entrer sans essais locaux, avec des risques pour l’environnement et la santé.
  2. Ouvrir l’accès aux volailles, bovins vivants, produits laitiers, produits carnés et pharmaceutiques américains. Cela expose les industries nationales, telles que l’industrie laitière, à la concurrence de produits importés moins chers et en grandes quantités, ce qui nuit aux producteurs régionaux.
  3. Assouplir les registres du Senasa. Cela permettrait l’entrée de vaccins ou de produits agrochimiques interdits dans d’autres pays, ce qui compromettrait ensuite nos exportations vers des marchés exigeants comme l’Union européenne, où les États-Unis sont notre grand concurrent, nous éliminant ainsi de la concurrence.
  4. Supprimer la taxe étatique sur les importations en provenance des États-Unis. Cela rendrait les produits importés de ce pays moins chers, ce qui nuirait à l’industrie nationale. Par exemple, un semoir américain pourrait être vendu au public à un prix inférieur à celui d’un semoir national.
  5. Adopter des règles de propriété intellectuelle selon les critères américains, y compris l’UPOV91. Cela permettrait aux semenciers étrangers d’empêcher les producteurs de conserver des semences pour leur propre usage, ce qui affecterait surtout les petits et moyens producteurs et favoriserait les semenciers multinationaux.
  6. Supprimer une restriction concernant certains noms d’aliments, tels que « lait végétal » ou viandes de laboratoire, qui sèment la confusion chez le consommateur et nuisent au producteur national.

Comme nous pouvons le constater, cet accord semble déséquilibré. L’Argentine autorise l’entrée de biens et de processus de production, et en échange, les États-Unis obtiennent la viande dont ils ont besoin. Il inclut également l’idée de « stabiliser le commerce mondial du soja ». Dans un contexte où les États-Unis ont perdu des parts de marché en Chine au profit du Brésil et de l’Argentine, « stabiliser » signifie se repositionner au détriment de ses concurrents. Ils pourraient même exporter du soja vers notre pays, évinçant ainsi nos pays voisins. Rappelons que l’Argentine importe environ 10 millions de tonnes de soja pour l’industrie.

Alors que le Brésil et l’Uruguay renforcent leurs liens avec la Chine, Milei s’aligne sur les États-Unis en échangeant de la viande contre une perte de souveraineté productive.

Nous le vivons déjà et nous le payons avec moins d’industrie et moins d’emplois.

Matías Jauregui* pour La Tecl@ Eñe

La Tecl@ Eñe. Buenos Aires, le 25 novembre 2025.

*Matías Jauregui. Ingénieur Agronome et Producteur Agricole (région de Tandil, Province de Buenos Aires, Argentina)

Tradudit de l’espagnol depuis El Correo de la Diáspora par : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo de la Diáspora. Paris, le 2 décembre 2025.

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