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La crise internationale aura un effet géopolitique qui va déplacer fondamentalement l’axe de la richesse vers l’Est du monde, et consolide déjà un scenario multipolaire qui peut générer des tensions et des conflits, selon la vision du géographe et sociologue anglais David Harvey.
De passage à Buenos Aires, pour participer à la Veme Rencontre d’Économie Politique et des Droits de l’homme organisée par l’Université des Mères de Place de Mai, Harvey considère dans un entretien avec Télam que le monde « assiste à un changement de la richesse de l’Occident vers l’Orient, et à un mouvement entre le Nord et le Sud », en même temps "à l’émergence d’un schéma de pouvoir multipolaire qui cherche de nouvelles stratégies globales".
Pour Harvey - professeur émérite de la City University de New York, ces redéfinitions géopolitiques se produisent à la lumière d’une "crise globale du capitalisme" dans laquelle il y a « une décompensation disproportionnée dans les développements géographiques, et qui de façon ironique divise le monde entre ceux qui veulent plus d’austérité, et l’autre qui est expansionniste keynésienne ».
Dans ce nouveau schéma de pouvoir que souligne l’analyste anglais qui se rend depuis plus de 20 ans dans le pays, surgit le rôle de la Chine « comme le plus grand développeur du monde » et par qui « tout ce qui est connecté au commerce de ce pays se développe », et cela le mène à penser que « la croissance du reste d’Amérique Latine a à voir avec ce phénomène ».
Mais avec cette vision de la région, une mise en garde surgit : « la partie austérité de l’économie meurt, mais la partie expansionniste a aussi des facteurs d’instabilité. Le défi est de savoir répondre à la question , comment recommencer à équilibrer tout cela ».
Mais en suivant les origines des crises qui ont eu lieu depuis 30 ans, Harvey souligne qu’alors « la situation globale était très distincte, très concentrée en Europe et aux États-Unis et au Japon ».
« Maintenant le pouvoir industriel a disparu de ces pays et ils sont devenus des économies financières rentières », a ajouté le penseur anglais.
« Historiquement l’industrialisation est liée à l’amélioration des conditions de vie des personnes qui travaillent, mais cette question en Chine ou en Inde n’est pas prise en compte et la distribution du revenu est encore très inéquitable », a considéré Harvey, comme il le soulignait dans son dernier livre une « L’énigme du capital et la crise du capitalisme ».
Mais l’incertitude sur l’avenir immédiat et la chance du capitalisme global sont pour le professeur presque une condition du modèle avec lequel ce dernier a vécu pendant ses crises successives, mais à cette occasion il remarque qu’« il y a derrière tout cela une crise d’accumulation de capital, dans ses fondements ».
« Le capitalisme - explique-t-il - a toujours du grandir pour survivre, et la grande question des 30 dernières années est où peut grandir le capital. Aujourd’hui bien que la Chine soit entrée dans le système, le capital rencontre des difficultés sérieuses pour trouver des lieux où se répandre. »
La conséquence est « que le capitalisme a créé des états fictifs, et a commencé à investir dans la rente, et est devenu de plus en plus spéculatif ».
« En ce moment la question est liée à l’expansion de l’accumulation des terres et des ressources naturelles. Mais cela ne produit rien, c’est comme une propriété, mais si on crée une spéculation avec les prix qui croissent comme une bulle et génère une crise des opportunités réelles pour qu’il y ait une vraie croissance, au lieu de faire des jeux avec l’argent », condamne t-il.
Dans ce panorama de crises et des conséquences, la région doit lutter pour obtenir une industrialisation qui la rapproche d’une qualité de la vie des pays développés.
« L’un des problèmes du type de modèle agraire est que c’ est du capital intensif. Les plantations de soja, n’emploient pas, beaucoup de gens et le grand problème dans le monde y compris les États-Unis inclus, c’est le manque de travail. Ce que doit faire le monde entier c’est chercher des postes de travail utiles », a-t-il développé.
Il a ajouté, dans ce sens, qu’« un mouvement entre un type de modèle agricole intensif vers un modèle agricole avec une plus grande utilisation de main-d’oeuvre est présent, et peut aussi être avantageux d’un point de vue social et « ambiant ».
Le panorama semble complexe, comme il a décrit dans l’un de ses derniers écrits, et face de cela les « mouvements des ’indignés en Espagne et en Grèce, les impulsions révolutionnaires en Amérique Latine, les mouvements de paysans en Asie, laissent deviner que derrière la grande escroquerie d’un capitalisme prédateur et sauvage, se détache sur le monde un scintillement différent d’espoir et de lumière ».
Télam. Buenos Aires, le 19 septembre 2011.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
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El Correo. Paris, le 18 septembre 2011.