Portada del sitio > Argentina > Justicia - Derechos Humanos > Supprimer les noms n’enlèvera jamais la mémoire aux argentins
Nouvelle mesure autoritaire, la tentation revancharde en Argentine
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Parmi la série de mesures autoritaires prises par le nouveau gouvernement argentin, celle prise par Jorge Lemus, nouveau ministre de la Santé Publique vise directement le devoir de Mémoire: supprimer le nom donné à un hôpital en hommage à Laura Bonaparte, Mère de la Place de Mai.
Alors qu’un projet de loi donnant à l’Hôpital « en Réseau » de Santé Mentale (ex-Cenareso), le nom de Lic. Laura Bonaparte était en cours d’approbation, la décision, par le Ministre de la santé argentin, de supprimer le nom d’une psychologue et Mère de la Place de Mai à ce même Hôpital, est venue mettre un frein à cet hommage.
« Nous avions choisi son nom parce que Laura travaillait à partir d’une conception sociale de la santé, qu’elle était psychologue et aussi militante en faveur des Droits humains », a indiqué Édith Benedetti, directrice de l’Organisme (auparavant le Cenareso).
Cette reconnaissance au nom de Mme Bonaparte et surtout à son travail en matière de santé publique avait été approuvée il y a plusieurs mois par la Chambre des Députés et devait être prochainement soumise à approbation par le Sénat argentin. Si cette décision était maintenue, il s’agirait clairement d’une nouvelle délégitimation du pouvoir législatif, de la part du gouvernement en place en Argentine depuis le 10 décembre dernier.
Sous la pression des Organismes de Défense des Droits de l’Homme, des personnalités politiques telles que le député du Front pour la Victoire (FpV), Abal Medina, se sont prononcées pour que cette mesure soit à nouveau discutée.
Il est lieu ici de rappeler la trajectoire de cette femme exceptionnelle, psychologue sociale dans les années 70, à l’avant-garde des politiques de santé dans les quartiers défavorisés, notamment à l’Hôpital Polyclinique de Lanús.
Exilée au Mexique alors que l’Argentine connaissait la pire dictature jamais exercée dans son pays (1976-1983), alors que ses propres enfants devenaient des "disparus", Laura s’efforçait alors de venir en aide aux réfugiés d’Amérique centrale, sans droits, sans toits, sans papier, les sans-voix d’Amérique du Sud.
Surmontant une douleur « sans nom », comme elle-même l’avait qualifiée, elle trouvait encore de la force pour recevoir des réfugiés traumatisés par les bombardements, les exactions, les déplacements, le courage de soigner les enfants nés en pleine guerre. Une guerre qui, non avoué, portait un nom: une guerre contre les pauvres, les sans-voix.
Claude MARY, à Buenos Aires,
El Correo de la Diaspora. Paris, le 25 Janvier 2016
En réaction à cette mesure : Hugo Ginzberg, médecin argentin, petit-fils de Laura Bonaparte, diffuse ce communiqué.
« Depuis le Ministère de la Santé, ma collègue Édith Benedetti me prévient qu’une directive a été donnée d’enlever toutes les mentions indiquant « Hôpital Laura Bonaparte » et de les remplacer par les anciennes mentions CENARESO.
Comme ils font bien ; ma grand-mère était une combattante, féministe, transgresseure, rebelle, solidaire, solide, tenace, mère de la Place de Mai, gaie, compagne de route. Comme ils se verraient petits eux-mêmes, face à un tel exemple, ces misérables. Il y a trois valeurs qu’ils essayent d’effacer depuis très longtemps. En vain, jamais ils n’ont réussi, ni par des coups, ni par des menaces, ni par des décrets, des lois scélérates, des amnisties. Trois valeurs : Mémoire, Vérité, Justice » HG