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République Bananière d’Ukraine, saison 1, par Xavier Moreau.
Realpolitik.tv, le 26 juin 2014
En décembre 2013, l’Ukraine obtient de la Russie un prêt de 15 milliards de dollars, le prix du gaz le plus bas d’Europe, un programme de réindustrialisation pour son complexe militaro-industriel et Vladimir Poutine n’imagine même pas que la Crimée puisse être réunifiée à la Russie. Fin juin 2014, Maïdan a fait passer l’Ukraine d’un pays européen en voie de développement à un pays ruiné. Il faudra des années à l’Ukraine pour rétablir son économie. Les États-Unis, avec la complicité de l’Union Européenne, ont détruit l’Ukraine plutôt que de la laisser suivre son propre chemin entre la Russie et le reste de l’Europe. L’élection de Petro Porochenko peut être le premier pas vers une tentative de reconstruction de l’Ukraine, sur de nouvelles bases. Pour cela, le nouveau Président devra faire face à une Amérique sans scrupules, qui s’appuie encore et toujours sur les forces mafieuses et radicales des pays qu’elle souhaite conquérir.
Épisode 1 : Kiev contre Dniepropetrovsk
Certains de nos lecteurs s’impatientent de notre silence et nous l’ont fait savoir. Nous leur signalons que nous sommes récemment intervenus sur la Voix de la Russie et dans le magazine Diplomatie du mois de juin sur les sanctions occidentales contre la Russie. Nous reprenons, aujourd’hui, le fil de notre récit à l’occasion d’une nouvelle saison.
L’Ukraine évolue selon le scénario que nous avions annoncé le 28 mai dernier. Le Président Porochenko s’efforce de prendre ses marques et de consolider son pouvoir face à la coalition, qui réunit le Département d’État américain, une partie de l’oligarchie derrière Igor Kolomoïski et les mouvements néonazis de « Svoboda » et de « Pravy Sektor ». À cette alliance s’ajoute désormais une implication massive du grand banditisme, les bataillons de « Pravy Sektor » recrutant désormais majoritairement dans les prisons. Le radical Oleg Liatchko l’a d’ailleurs reconnu et s’est félicité de la combattivité de ces nouvelles recrues.
C’est la présence de ces troupes, directement sous les ordres de Kolomoïski et de Dmitro Iarosh, qui explique l’échec du cessez-le-feu décrété par le Président Porochenko et accepté par les Républiques du Donbass et de Lougansk. Ces forces peuvent faire durer la guerre mais ne peuvent venir à bout des rebelles sans le soutien de l’armée, qui refuse souvent d’intervenir contre la population ukrainienne de l’est. L’armée privée de Kolomoïski (APK) bombarde essentiellement les civils car elle n’a pas plus envie que l’armée ukrainienne d’affronter les forces armées rebelles, motivées et de mieux en mieux équipées. Le bataillon « Aïdar » du « Pravy Sektor » a récemment été complètement anéanti. L’APK applique donc le modèle de guerre américain en Yougoslavie, qui consiste en des bombardements sur des objectifs civils pour terroriser la population. Borislav Beresa, de « Pravy Sektor », a annoncé publiquement qu’il souhaitait une guerre d’extermination contre la population ukrainienne de l’est. Cette « sale guerre » est cependant de plus en plus impopulaire, non seulement à Jitomir, mais dans la région de Lvov, qui est pourtant le cœur du national-socialisme ukrainien, où les parents des conscrits protestent contre l’incorporation de leurs enfants.
Igor Kolomoïski et son gouvernement national-socialiste de Dniepropetrovsk sont désormais les problèmes prioritaires de Petro Porochenko. Tôt ou tard, le futur gouvernement ukrainien, s’il veut être légitime, devra prendre des mesures contre les néo-nazis ukrainiens et leurs financiers. À cette fin, le nouveau Président a commencé à reconstruire sa nouvelle administration présidentielle, il a pu changer de ministre des Affaires Étrangères et remplacer le néo-nazi Makhnitski de la direction du Parquet ukrainien par l’ « orangiste » Vitali Iarema. Vladimir Poutine comprend les difficultés de Petro Porochenko et évite de répondre aux provocations pour ne pas affaiblir son homologue. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter les dernières décisions du Président russe.
Il est cependant évident que le Président ukrainien ne tiendra pas seul avec le soutien tacite de la Russie. En signant l’accord de coopération avec l’Europe, il coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui espéraient un nouveau Maïdan et met les puissances européennes devant leurs responsabilités. C’est désormais à la France et à l’Allemagne d’assumer leurs positions contre les États-Unis et l’Union Européenne. La diplomatie française a accompli une véritable prouesse en organisant toute une série de rencontres à l’occasion de l’anniversaire du débarquement. L’influence des milieux d’affaires et une prise de conscience de la réalité de Maïdan sont sans doute à l’origine de ce revirement fragile mais réel. Il faut également rendre hommage au retrait des pays baltes des chasseurs de l’escadrille française Normandie-Niemen, dont les blasons avaient dû être maquillés pour ne pas heurter les affinités nationales-socialistes de nos hôtes baltes.
Le Donbass contre l’Occident et l’oligarchie
Les journalistes français nous ont vendu Maïdan comme un soulèvement contre l’oligarchie et la corruption, avant que les organisateurs du coup d’état donnent le pouvoir à cette même oligarchie. Le fait est que les Républiques du Donbass et de Lougansk, qui viennent de s’unir, sont les premiers mouvements ukrainiens populaires authentiques de résistance à l’oligarchie. Les gouvernements des deux entités ont très clairement annoncé leur volonté de rendre la propriété des actifs industriels de la région à leur population, sur le modèle de ce que Vladimir Poutine a accompli contre l’oligarque russe déchu Mikhail Khodorkovski. Le modèle russe inspire également la République du Donbass dans le domaine de la protection de la famille traditionnelle et de notre civilisation. Fondement orthodoxe de la République (préambule), protection de l’être humain dès sa conception (Art. 12.2), interdiction du mariage homosexuel et de sa promotion (Art. 4.3, 31.1, 31.3), protection de la vie privée (Art16.2, 17.1), interdiction des arrestations arbitraires (Art. 15.2) et de la torture (Art. 14.3), la constitution de la République Populaire du Donetsk est un manifeste contre les « valeurs américaines » et le modèle de société occidental. Tout cela nous rappelle, avec une certaine nostalgie, ce que les Serbes avaient tenté de fonder en Krajina et en Republica Serbska.
Realpolitik.tv, le 18 juillet 2014
États-Unis 1 – Allemagne/France 0
Nous évoquions dans notre dernière analyse les influences auxquelles le Président Porochenko était soumis. D’un côté un bloc américano-bruxello-oligarcho-national-socialiste, de l’autre côté la France et l’Allemagne qui tentent de réparer l’aventurisme auquel, il faut bien le reconnaître, Berlin a à l’origine largement contribué. Faute de relais suffisants à Kiev, Paris et Berlin sont pour l’instant tenus en échec. Le Département d’État américain n’a d’ailleurs pas autorisé le Président ukrainien à se rendre à Rio, où une rencontre avec le Président russe et la Chancelière Merkel auraient pu l’éloigner de la guerre totale contre les Ukrainiens de l’est, que Washington exige.
C’est la solution radicale réclamée par le « Pravy Sektor » et Igor Kolomoïski qui est suivie par Kiev. Le Président Porochenko est sous la coupe des ultras et a manqué d’utiliser à son avantage la « divine surprise » de Slaviansk. La chute de cette ville aurait été un moyen d’aborder, en vainqueur, les négociations avec la Nouvelle Russie. Au lieu de cela, nous avons eu droit à une succession de discours aussi belliqueux que ridicules. Vraisemblablement, le Président ukrainien se méprend sur ce qui s’est réellement passé à Slaviansk. Sans doute est-il désinformé à dessein par ses services de renseignements et son état-major, totalement sous la coupe de Washington et des néo-nazis ukrainiens. L’ancien Président par intérim, Alexandre Turchinov, a d’ailleurs affirmé avoir été désinformé pendant trois mois, par ces mêmes services, sur la réalité d’une invasion russe. Rappelons que les services secrets ukrainiens sont dirigés par Valentin Nalyvaichenko, ancien consul général d’Ukraine à Washington, et que la CIA a établi ses bureaux au sein même du bâtiment du SBU.
Que s’est-il passé à Slaviansk ?
Nous avons souligné que les opérations militaires dans l’est de l’Ukraine appliquaient les règles de la guerre « usaméricaine » : éviter le contact direct avec l’armée adverse et destruction systématique par bombardement, des villes, des infrastructures, et des populations insoumises. Il s’agit de faire plier les unités armées, qui ne supporteront pas de voir leurs familles, ou leurs villes, écrasées sous un tapis de bombes.
Ces bombardements terroristes avaient réussi en Yougoslavie, où le faible Milosevic avait capitulé alors que son armée était restée invaincue, sachant que l’OTAN n’aurait jamais osé attaquer l’armée serbe sur son territoire. Ils avaient échoués en Ossétie, car la Russie, mandatée par l’ONU, avait pu intervenir à temps pour protéger son détachement et les populations ossètes de l’épuration ethnique. Ils ont réussi à Slaviansk où les unités du Donbass se sont retirées de la ville, devenue un champ de ruines. Ce que le Président Porochenko n’a pas compris, ou qu’on ne lui a pas expliqué, c’est que cette évacuation réussie des unités du Donbass ne reflète pas la montée en puissance de son armée, mais sa faiblesse inquiétante, et ce pour trois raisons :
L’armée kiévienne peut-elle raser Lougansk et Donetsk ?
En théorie rien de l’en empêche. C’est même ce qu’elle a commencé à faire, notamment le 18 juillet. Mais la partie s’annonce difficile. Les pilotes qui ont encore le courage de décoller ont une chance sur deux de se faire abattre à bord de leur SU 25, et survoler la région à bord d’un MI 24 ou d’un MI 8 ressemble de plus en plus à une tentative de suicide. Il reste donc l’artillerie lourde et les lance-roquettes multiples (orgues de Staline pour les néophytes) qui ont donné de bons résultats contre les civils de Slaviansk au point de provoquer son évacuation par les combattants de la DNR (République Populaire du Donbass). Étant donné l’état de l’armée ukrainienne à l’heure actuelle, les représailles par bombardements semblent être la seule option possible. Par rapport à Slaviansk les Kiéviens ont cependant deux handicaps :
Les deux autres options de Kiev :
Que fait la Russie ?
La position russe est plus confortable qu’il n’y paraît. Il y a certes un fort lobby pro-intervention, qui considère que la Russie doit intervenir rapidement, quelques soient les risques de sanctions par les pays occidentaux. Les partisans de cette voie considèrent qu’il ne faut pas laisser le temps à Kiev de monter en puissance, et de mobiliser la totalité de son armée, soit 400 000 hommes qui pourraient ensuite se tourner vers la Crimée, moyennant quoi la Russie serait de toute manière obligée de rentrer en guerre. Ajoutons que les bombardements mortels ukrainiens sur le territoire russe ont particulièrement ému la population.
La position qui domine actuellement au Kremlin repose sur un autre postulat, qui est que dans 3 à 4 mois l’Ukraine va imploser économiquement et exploser socialement, y compris dans le centre et l’ouest du pays. Le fait de ne pas intervenir au moment de la chute de Slaviansk a privé Kiev de son seul ennemi, coupant l’herbe sous les pieds de ses organes de propagande. Désormais, dans le meilleur des cas, les forces armées de Nouvelle Russie détruiront l’essentiel des forces de Kiev présentes sur son territoire, s’ouvrant, les routes vers Marioupol, Kharkov, Odessa et Dniepropetrovsk, où des soulèvements locaux, permettront de chasser Igor Kolomoïski et ses milices du « Pravy Sektor ». La Nouvelle Russie étendra ainsi ses frontières et recouvrera la partie la plus riche de l’Ukraine. Dans le pire de cas, les combats continuent autour de Lougansk et de Donetsk, et la crise économique et énergétique forcera de toute manière Kiev à s’assoir à la table des négociations. Ajoutons que des actes de rebellions et de sabotage commencent à se produire sur le reste du territoire ukrainien ce qui obligera Kiev, si cela se répète, à diluer encore plus ses maigres effectifs. Ces actes de guérilla ont eu lieu à Odessa, Nikolaïev et Marioupol, pourtant sous le contrôle des milices de « Pravy Sektor ». Même à Jitomir, des actes importants de sabotage dans une usine d’armements ont été dénoncés par le gouvernement ukrainien.
Parallèlement, le mouvement des mères de soldats, dont nous parlions dans notre dernière analyse, prend de plus en plus d’ampleur. C’est le cas à Lvov, à Ternopol et Ivano Frankovsk (les vidéos dans ces deux villes ont été effacées par Youtube…) toujours dans l’ouest de l’Ukraine. Rappelons que dans cette région, les électeurs ont voté massivement pour Porochenko, donné comme le Président de la paix. Le problème des soldats tués ou disparus va aller en s’amplifiant. Nous pensons, comme Oleg Tsarev, que les pertes de l’armée ukrainienne sont dix fois plus nombreuses que celles annoncées officiellement, soit environ 4500 soldats depuis le début du conflit. Les différents témoignages des soldats ukrainiens confirment le manque de munitions, de nourriture et d’eau. En ce qui concerne les réfugiés ukrainiens qui ont choisi de partir vers Kiev et non pas vers Moscou, ils se retrouvent SDF, sans aucune structure prévue pour les accueillir, et sont même considérés comme des ennemis.
Cette situation devient de plus en plus intenable pour Kiev qui, bien que les chaines russes soient censurées, ne peut contrôler internet. Les habitants de Kiev font désormais semblant de croire la propagande télévisée. Ne nous y trompons pas. Tout en étant parfaitement au courant de ce qui se passe dans l’est de l’Ukraine, les Kiéviens ne veulent pas savoir. L’atmosphère à Kiev est donc assez délétère, car si la propagande ment, alors Maïdan est à l’origine des pires massacres en Ukraine depuis la deuxième guerre mondiale et ses participants sont complices de cette extermination de masse, au moins par leur passivité. Cette propagande n’évite d’ailleurs pas le ridicule. Ainsi, la clochardisation de Maïdan, que nous évoquions dès le mois de mars, est désormais mise sur le compte d’une opération du FSB par le ministre de l’intérieur, Arsen Avakov en personne. Encore plus grotesque fut l’organisation d’une exposition à Kiev des armes prises à Slaviansk. Il s’agissait de prouver que ces armes provenaient de Russie. Le problème est que, le type d’armes et les dates de leur fabrication, prouvent en fait, qu’elles sont en Ukraine depuis 30 ans… Les journalistes russes ont eu du mal à cacher leur amusement.
À cela s’est ajouté le fait que 16 soldats ukrainiens ont trouvé refuge en territoire russe et y ont été soignés dans un hôpital de Gukovo, dans l’oblast de Rostov. Les rédactions des médias français ont donné l’ordre de ne pas évoquer cette information. De la même manière, la mort, pendant son interrogatoire, d’un journaliste ukrainien anti-Maidan, Sergeï Dolgov, a été passé sous silence. Il avait été enlevé, le 18 juin, par le bataillon « Dnepr. 1 » du « Pravy Sektor » à Marioupol, et il avait été emmené à Dniepropetrovsk, le fief d’Igor Kolomoïski, pour y être torturé.
La destruction du Boeing 777 malaisien comme symbole du délitement de l’État et de l’armée ukrainienne
Au moment où nous nous apprêtions à mettre cet article en ligne, la DCA ukrainienne a détruit, une nouvelle fois, un avion de ligne civil au-dessus de son territoire. La première fois en octobre 2001, Kiev avait d’abord nié, puis avait attendu une semaine pour reconnaître sa responsabilité. Gageons que le processus sera identique même si, étant données les circonstances, il prendra plus de temps. Cela a donné l’occasion à Pierre Servent de raconter tout et n’importe quoi, comme à son habitude. Réjouissons-nous qu’un de ses amis l’ait prévenu de ses âneries, entre sa réponse au Figaro et son interview sur France 2. Dans la même catégorie de pseudo expert, on trouve François Heisbourg, pourtant membre de la Fondation pour la Recherche Stratégique. Ce Danube de la pensée militaire ignore que les BUK en service dans l’armée ukrainienne sont une version ancienne et ne sont pas « très modernes » (introduits en 1998), que les « séparatistes » n’en n’ont récupéré qu’un exemplaire et qu’ils n’ont jamais réussi à le faire fonctionner. Mais même si cela avait été le cas, quelle serait la faisabilité du tir. Le BUK M1-2 peut détecter et détruire une cible dans un rayon de 45 km jusqu’à une altitude de 25000 mètres. Pour un avion de ligne volant à 10500 mètres à 950 km/h, cela suppose une fenêtre détection et de tir de 4 minutes environ. C’est donc tout simplement impossible pour un seul système et même très difficile pour plusieurs batteries de missiles. Ce qui veut dire que contrairement à ce que racontent les pseudo-experts dans la presse française, le BUK n’est pas le seul suspect. Les systèmes S-200 (celui utilisé en 2001) ou S-300, ou encore la chasse ukrainienne sont des coupables tout à fait possibles. La palme de l’analyse la plus stupide revient comme toujours à Bruno Tertrais (encore la FRS… Par pitié rendez-nous Isabelle Facon). Incapable de faire la différence entre un AK-47 et un T-90, L’homme nous avait déjà vendu avec passion et conviction les armes de destruction massive en Irak. Il récidive pour Le Figaro en nous confirmant qu’il ne sait pas lire une carte.
Avec des conseillers de ce niveau, notre ministère de la Défense a du souci à se faire.
Realpolitik.tv, le 7 août 2014
Situation sur le terrain
Pour le détail de la situation, nous recommandons les analyses de Jacques Frère, parfaitement documentées et précises. Nous retiendrons de ces 15 derniers jours d’affrontements les éléments suivants :
Situation en Russie
La crise ukrainienne aura eu comme bénéfice immédiat la révélation de la nature réelle de l’opposition libérale pro-américaine, et sa disparition de la scène politique russe. Les deux leaders Navalny et Oudaltsov termineront certainement en prison dans l’indifférence quasi-totale. L’un pour escroquerie, l’autre pour avoir tenté un Maïdan russe en mai 2012.
L’opposition au Président Poutine vient désormais des ultra-nationalistes à tendance eurasianiste, qui se retrouvent derrière Alexandre Douguine, désormais en rupture avec le Kremlin. Ces derniers étaient très présents lors du meeting de soutien à la Nouvelle Russie, qui s’est déroulé le 2 août dernier. Le discours d’Alexandre Douguine a été particulièrement défiant vis-à-vis du Kremlin, exigeant la reconnaissance de la Nouvelle Russie et l’envoi immédiat de troupes russes.
Ce mouvement est cependant largement minoritaire. La majorité des Russes font confiance à Vladimir Poutine pour sortir de cette crise internationale pacifiquement et victorieusement. La cote du Président Russe atteint des sommets avec plus de 85% de satisfaits. Le risque de coup d’état nationaliste est proche du néant, contrairement aux affabulations des « soviétologues français ». Concernant les oligarques, les fidèles du Président Poutine se moquent des sanctions, quant aux autres, ils n’ont qu’à rapatrier leur argent en Russie s’ils ont peur de se le faire confisquer à Londres, où le placer à Hong-Kong comme Oleg Deripaska. Les sanctions n’entraîneront, bien entendu, aucune conséquence sur la position russe, ni sur les raclées quotidiennes que le colonel Strelkov inflige à l’armée kiévienne.
Situtation en Ukraine
L’implosion de l’économie est en marche et se conjuguera peut-être à une implosion de son outil militaire. Après avoir promis la fin des combats pour le mois de juillet, le gouvernement kiévien a lancé la mobilisation partielle et la levée d’un impôt supplémentaire pour l’effort de guerre.
Tout cela baigne dans une propagande ahurissante (pour les ukrainisants ou les russisants, nous recommandons le portail www.yandex.ua. Cliquez sur Ситуация на Востоке, le matraquage est encore plus grotesque que dans les médias français, c’est dire…). Cette propagande est reprise fidèlement et sans aucun recul par la presse française, mais avec deux jours de retard, la plupart du temps. Nos médias, Le Monde en tête, nous ressortent les mêmes bobards que pendant les guerres de Yougoslavie. Nous attendons avec impatiences les charniers de masse, les viols de masse, les attaques chimiques ou bactériologiques au virus Ebola de masse, et tout autre arme de destruction massive possible et inimaginable, pour faire plaisir à Bruno Tertrais.
Les points essentiels à retenir sur la situation en Ukraine :
Pour les prochaines élections parlementaires, il faut prévoir deux blocs :
A noter, l’émergence d’un pouvoir local autonome à Kharkov, après le retour de son maire Guennadi Kernès. Il a survécu à la tentative d’assassinat, probablement organisée par son ennemi juré, Arsen Avakov, le ministre de l’intérieur. Lors d’un conseil municipal mouvementé, il a fait citoyens de Kharkov deux hommes d’affaires russes, gros investisseurs locaux. Avec sa réputation de chef mafieux et son implantation dans la ville, Kernès a les moyens de s’opposer physiquement à l’autre mafia, celle des milices de « Pravy Sektor », que pourrait lui envoyer son ancien allié Igor Kolomoïski. Il est également capable de tenir tête aux structures de forces de Kiev. Il tient à conserver un positionnement modéré et a déclaré que Kharkov ne ferait jamais la guerre à la Russie. Une manifestation de Maïdan, devant l’Hôtel de Ville, n’a rassemblé qu’une dizaine de personnes. La vie de Kernès est toujours en danger. Rappelons, que le maire de Krementchoug a été assassiné en juillet, tandis que celui de Lvov a été victime d’un attentat. Tout cela dans style bon enfant, propre aux grandes démocraties occidentales.
La situation en France
Le Ministère de la Défense français et celui des Affaires étrangères tiennent bon ! En évoquant le deuxième Mistral, le Président Hollande a simplement confirmé que le premier n’était déjà plus un sujet de discussion. D’ici un an, espérons-le, l’Ukraine sera une fédération sur le modèle allemand, où le Donbass achètera son gaz à 100 dollars à la Russie, et le revendra à 300dollars à Kiev et 350 dollars à Lvov. Le choix de Jean-Pierre Chevènement comme représentant spécial de la France en Russie s’est avéré crucial. Nous n’avons pas été surpris d’apprendre que son intervention avait été décisive pour convaincre le Président Poutine d’accepter l’élection de Piotr Porochenko. Sa russophilie et sa défense opiniâtre des intérêts français avaient d’ailleurs valu à ce grand homme d’État un article de délation de Jauvert-Vychinski.
Les Allemands ont démontré qu’ils n’étaient pas des fournisseurs fiables dans le domaine de l’armement. Cela s’explique par le fait que l’Allemagne a des ambitions géopolitiques sur l’Ukraine. Ce sont les mêmes que Bismarck, que Guillaume II ou qu’Adolf Hitler, et Berlin est prêt à payer un certain prix économique pour s’en approcher. C’est là son point commun et son opposition fondamentale avec la Russie. Tout cela est excellent pour la France, qui n’a AUCUN intérêt stratégique en Ukraine et peut désormais se proposer comme fournisseur européen incontournable, pour une Russie en plein réarmement.
Ce projet d’alliance franco-russe doit faire face à un bloc écolo-libéral. Les écologistes, en tant que promoteurs des valeurs sociétales occidentales, combattent la Russie sur tous les fronts, y compris en soutenant les mouvements fascistes européens. Leur position peut se résumer à un slogan : « plutôt Hitler que le Christ ! ». Rappelons le soutien de Noël Mamère au radical Navalny. Ajoutons que les idéologues écologistes trouvent un écho chez certains jeunes députés socialistes, sans formation politique sérieuse, qui heureusement s’effacent devant l’irremplaçable Jean-Pierre Chevènement.
Au sein de l’UMP, le danger vient de son extrême droite atlantiste, désormais incarné par Bruno Le Maire. Son absence totale d’expérience dans le monde de l’industrie et de l’entreprenariat ne suffit pas à expliquer le positionnement anti-russe du prétendant à la présidence de l’UMP. Certes Bruno Le Maire n’a aucune idée de ce que représente le Mistral en matière d’innovation technologique. Certes, il n’imagine pas ce qu’il a fallu comme investissement humain au Ministère de la Défense, chez les commerciaux et les techniciens de DCNS, pour obtenir ce contrat. Sa carrière exclusivement bureaucratique ne devrait cependant pas l’empêcher, à ce point, de prendre un peu de « hauteur de vue stratégique ». La vérité est que Bruno Le Maire, comme Alain Lamassoure, et les autres membres de l’extrême droite de l’UMP, sont prêts à sacrifier des pans entiers de l’industrie française si Washington l’ordonne. Parmi cette faction de l’UMP, on trouve également Arnaud Danjean, dont la compromission avec le mafieux albanais Akhim Thaci (à partir de 8:45) – qui sera, espérons-le, prochainement jugé pour trafic d’organes – aurait dû lui interdire, à jamais, d’être un élu français. Si l’UMP veut vraiment faire table rase du passé, il serait temps qu’il s’interroge sur cet individu. Il serait temps aussi, que les juges français s’intéressent aux liens de cette « barbouze » (25:50), avec la mafia albanaise.
Oui aux sanctions contre la Russie ! Tous à Hong-Kong !
Une partie de l’élite russe accueille, paradoxalement, les sanctions contre la Russie de manière positive. Leur nature incite à cet optimisme, car elles ne concernent pas les produits que vend la Russie, mais ceux qu’elle importe. Dans les trois domaines qui sont touchées, la Russie peut faire de ce handicap une force. Elle a souvent prouvé qu’elle n’était jamais aussi efficace que sous la pression de l’adversaire.
Bien gérées, ces sanctions peuvent finalement devenir un moyen d’achever la sortie de la Russie de son économie de rentes. Du point de vue financier, comme l’a souligné l’agence Bloomberg, les sanctions vont accélérer la dédollarisation de son économie et vont inciter ses entreprises à lever des fonds à Hong-Kong plutôt qu’à Londres. Rappelons que Londres n’est la place financière principale de la Russie que depuis 12 ans. Auparavant Berlin puis New York tinrent cette position. Rien n’est donc définitif. Hong-Kong peut être une solution transitoire, en attendant que Moscou devienne une place financière à son tour.
C’est dans la perspective de cette sortie du système mondial américain qu’il faut voir les contrats géants, bien sûr avec la Chine, mais aussi avec l’Iran, qui reste, contrairement à l’analyse de Vincent Jauvert, un fidèle allié de la Russie.
Les sanctions dans les domaines militaires et pétroliers forceront les Russes à développer leurs sous-traitants et à exiger dès que possible, des transferts de technologie en échange de l’autorisation de commercer en Russie. Il n’est pas dit qu’ExxonMobil respecte d’ailleurs, à la lettre, les sanctions américaines. Le groupe pétrolier américain est le premier contributeur du parti démocrate et Barack Obama n’est que Président des États-Unis.
Les sanctions russes contre les occidentaux vont également dans ce sens. Elles ne concernent pas ce que vend la Russie mais ce qu’elle achète. Nous nous réjouissons au passage de voir la France relativement épargnée, notamment sur le vin (imaginez l’inquiétude des Français de Moscou !). L’agriculture russe a une occasion en or d’augmenter sa production et de se diversifier, soutenue par l’État. C’est également une aubaine pour les producteurs non européens. Malheureusement, les bureaucrates comme Bruno Le Maire, qui nous gouvernent, ignorent que, lorsqu’on perd un marché et qu’on est remplacé, il est très dur d’y revenir. Il reste aux Polonais à manger leurs pommes en espérant qu’ils aiment ça, parce qu’il y en aura beaucoup. Ce sera l’occasion de décliner de différentes façons ce fruit excellent pour la santé. On note au passage le reportage vicieux de BFMTV qui veut faire croire que Moscou sanctionne la position polonaise sur l’Ukraine alors que Kremlin ne fait que répondre aux sanctions de l’UE.
Puisque nous parlons de vice, et ce sera la conclusion de cette analyse, nous souhaitons revenir sur un article, qu’un de nos lecteurs nous a envoyé. Il a été publié sur le site atlantiste, « Nouvelles de France » par Antoine Arjakovsky. Ce n’est pas la première fois que les néo-conservateurs chrétiens français, polonais ou galiciens tentent de refaire le coup de la Yougoslavie et des « serbolchéviques ». En soi, que l’auteur utilise une tierce personne pour reprendre mot pour mot la propagande de Svoboda et nous faire verser des larmes de crocodile n’est pas très courageux intellectuellement, mais pas répréhensible. On peut croire que « Andriy Shkrabyuk » n’apprend pas à ses filles à crier « Moskalis na noji » (« Les Moskalis (terme péjoratif pour désigner les Russes) au couteau ») depuis l’âge de 5 ans, comme nombre de ses amis de Svoboda. Ce qui est en revanche insupportable, c’est l’invocation de Dieu dans cette guerre civile pour demander autre chose que la paix. Dieu ne fait pas et ne fera jamais la guerre avec la Galicie, qui bombarde délibérément les églises orthodoxes de Slaviansk, de Gorlovka, et de Lougansk.
Ce n’est pas la Russie, mais justement la Galicie qui est le seul problème fondamental de l’Ukraine. C’est le cas depuis ce jour maudit où Staline, contre l’avis du PCUS, l’a rattachée à l’Ukraine dont elle n’avait jamais fait partie. Si Arjakovsky et Shkrabyuk veulent prier, qu’il prie pour que le gouvernement de Kiev décrète une large fédéralisation, et la guerre cessera. C’est la seule solution raisonnable, et elle aura en plus l’avantage d’isoler les populations pauvres, violentes et envieuses de Galicie du reste de l’Ukraine.
Pour finir sur une note positive, merci à mon ami John Laughland d’avoir repris sur RT l’expression « République bananière », à laquelle j’avais un temps renoncé. Kiev la mérite plus que jamais. Enfin, pour ceux qui l’avait manquée, cette vidéo sur le 9 mai 2014 à Sébastopol. Rien de tel pour vous faire aimer la Russie.
Dernière minute, la conférence de presse, du chef de la délégation de l’OSCE à la frontière russe. Paul Picard est un Français russophone. Sans commentaires.
Realpolitik.tv, le 22 août 2014
Le système ukrainien poursuit son effondrement politique, économique et militaire. Le calcul du Kremlin, qui consistait à attendre, que les réalités économiques ramènent le gouvernement oligarchique à la raison, semble fonctionner. La question qui se pose aujourd’hui, est de savoir s’il restera quelqu’un pour assumer les réformes constitutionnelles qui aboutiront à la fédéralisation du pays.
Situation militaire
Le 19 août dernier, Kiev a lancé une nouvelle fois ses forces à l’assaut, et de nouveau sans résultats. En fait, les rebelles laissent approcher les troupes ukrainiennes, et en combat rapproché, la supériorité de l’infanterie de Nouvelle Russie fait la différence, particulièrement contre des troupes démoralisées, ou trop habituées aux beuveries de Maïdan. L’artillerie rebelle, plus professionnelle et manœuvrière, emporte régulièrement les duels contre celle de Kiev, qui ne peut que riposter en bombardant les agglomérations à l’aveuglette.
Les tergiversations sur le convoi humanitaire russe ne sont pas liées à la possibilité que les Russes y aient caché une division parachutiste ou des T-90, mais au fait, que cette aide remet en question les efforts de Kiev pour affamer les habitants de Nouvelle Russie. Toute la stratégie de la Junte repose sur l’espoir de répéter ce qui s’est passé à Slaviansk. Notons que la tentative de couper l’approvisionnement en eau à Donetsk a échoué, l’administration de la ville ayant réussi à rétablir les stations de pompage. Fatigués de l’anarchie kiévienne et confiants dans la maîtrise du terrain par les guerriers de la LNR, les Russes ont envoyé leur convoi qui est arrivé aujourd’hui à Lougansk. La crise humanitaire est désormais impossible à nier pour Kiev, d’autant plus que son armée en est également victime.
L’OSCE continue de donner raison à la Russie, et les soldats ukrainiens, faute de combattre efficacement les guerriers du Donbass, en sont réduits à tourner des vidéos où ils se font passer pour des soldats russes prisonniers. Tandis que Pravy Sektor et le SBU torturent et brutalisent leurs prisonniers, l’armée de Nouvelle Russie met un point d’honneur à traiter les siens correctement. Les Ukrainiens capturés sont autorisés à appeler leur famille restée sans nouvelles. L’effet est dévastateur à l’arrière, car Kiev nie l’hécatombe dont son armée est victime. C’est une nouvelle fois le choc entre la sauvagerie de la modernité occidentale et l’Europe chrétienne.
Les Russes n’ont pas besoin d’envoyer du matériel car, comme le soulignait non sans humour le premier ministre de la DNR, Alexandre Zakharchenko, le fournisseur unique et fiable en matière d’armements pour les rebelles reste l’armée ukrainienne. Du côté russe proviennent certainement des volontaires et de l’argent, mais cette guerre est une guerre civile, que Kiev est en train de perdre, faute d’avoir voulu l’admettre.
Il semblerait que la contre-offensive annoncée régulièrement depuis 3 semaines a commencé. Sur tous les points du front, les forces kiéviennes reculent. L’objectif de la Nouvelle Russie est de contrôler totalement la zone tampon avec la frontière russe et ses liaisons avec Lougansk. Ces premiers objectifs atteints, les fédéralistes pourraient se retourner, si leurs réserves le leur permettent, vers Slaviansk et Marioupol. Les jours qui viennent devraient être décisifs.
Stalingrad puis l’offensive du Têt et peut-être le débarquement du 6 juin 1944
L’état-major de Nouvelle Russie a accompli Stalingrad, car il a contenu les forces d’invasion, tout en préparant sa contre-attaque. Il est sur le point d’accomplir l’offensive du Têt par une attaque qui révèlera aux opinions ukrainiennes et occidentales que la guerre est loin d’être gagnée par Kiev et peut même être perdue. Enfin, dans la mesure où le gouvernement de Kiev a envoyé la majeure partie de ses forces s’épuiser sur le Donbass, il a créé un vide entre Donetsk et les autres villes de l’est : Kharkov, Zaporojie ou Dniepropetrovsk. L’armée allemande s’est retrouvée dans la même situation après la bataille de Normandie.
À la demande de l’ambassade des États-Unis, les médias français ont expliqué cette débâcle par un changement de stratégie, « un calcul intelligent », comme l’a appelé Harold Hyman. Tout aussi incompétent que ses homologues français, il mélange allègrement munitions éclairantes et bombes au phosphore, comme Frédéric Encel confond les T64, fabriqués à Kharkov, avec des T72. Admettons pour sa défense que contrairement à ses confrères français, le journaliste us a au moins le mérite d’être sympathique et rigolo.
Situation économique
Le Premier Ministre Iatsenouk, que certains avaient tendance à considérer, à tort, comme modéré et raisonnable, se ridiculise avec ses sanctions contre la Russie. Les Européens ont appris avec effarement qu’il était question de couper les arrivées de gaz, du côté ukrainien. L’incrédulité a succédé à l’effarement quand il a proposé la privatisation partielle du réseau ukrainien de transit du gaz russe. Les installations sont dans un tel état de délabrement, que personne ne voudra sérieusement y investir. Shell a d’ailleurs immédiatement décliné l’offre, préférant collaborer avec la Russie. Tout le monde attend « South Stream », alors que les Bulgares, qui ont été menacés par John MacCain et l’UE, ont gelé le projet contre leurs propres intérêts. Il sera intéressant de voir comment le gouvernement bulgare expliquera cela à sa population, cet hiver, si Kiev coupe le gaz.
En effet, l’hiver arrive, mais pas le gaz. Les approvisionnements alternatifs se révèlent être une fable, comme nous l’avons annoncé depuis le début. Au déficit de gaz, qui empêchera de chauffer correctement les maisons pendant l’hiver, et d’avoir de l’eau chaude, s’ajoute celui du charbon (majoritairement extrait dans le Donbass). Dans 40 jours, l’Ukraine va passer du statut d’exportateur à celui d’importateur. La production d’électricité, où l’Ukraine est également exportatrice devrait être gravement affectée, notamment à Kiev. Dans la mesure où les Ukrainiens se sont précipités sur les chauffe-eau et les chauffages électriques, il faut s’attendre à des « black-out » cet hiver. L’aide du FMI est prévue pour le 29 août, mais elle n’est pas garantie. Étant donné la situation, le ministre de l’économie, Pavel Sheremet, a démissionné le 21 août.
Situation politique
La démission du ministre de l’économie n’est pas un cas isolé. Parouby a quitté le conseil de sécurité national complètement, après avoir renoncé il y a deux semaines au secrétariat général. Tatiana Tchernovol, autre figure hystérique du bandérisme militant a, quant à elle, quitté son ministère de la lutte contre la corruption.
Le gouvernement ukrainien s’est soumis aux menaces de Iarosh. Le chef du « Pravy Sektor », ne supportant pas que ses sbires soient arrêtés pour trafic d’armes, avait menacé de quitter le Donbass pour remonter sur Kiev. Des rumeurs circulent, sur le fait que Petro Porochenko aurait demandé son élimination et que les unités nazies, dont l’absence de professionnalisme en fait des cibles faciles pour les rebelles, seraient envoyées dans les zones les plus dangereuses pour y être taillées en pièces (le déploiement tragi-comique de cette unité sur cette vidéo, entrainerait un renvoi immédiat de l’École d’Application de l’Infanterie). Plusieurs leaders radicaux ont ainsi été blessés ou tués. L’efficacité de Iarosh n’est pas sans nous rappeler celle d’un autre grand stratège de la deuxième mondiale.
L’arbitraire règne partout en Ukraine. Les enlèvements et les tortures se multiplient. Les échanges de prisonniers et des dépouilles mortuaires apportent des témoignages effrayants sur les traitements subis dans les geôles de Kiev. Comme si cela ne suffisait pas, le Président Porochenko a signé un décret autorisant une détention de 30 jours sans décision d’un juge. Comme quoi, les valeurs américaines finissent par se répandre en Ukraine.
Maïdan a été déblayé, au moins en partie. Vitali Klitchko a mis la main à la pâte et n’a jamais été aussi populaire que depuis qu’il remplit des bennes à ordures, en évitant de parler. Le gouvernement ne passera donc plus devant le soviet de Maïdan. Cela n’a pas éveillé de protestation chez Anne de Tinguy, qui s’était pourtant laissée, avec beaucoup de sensualité, submerger par le bonheur, le 26 février dernier, devant l’érection de ce système politique fabuleux et original.
Dans les Carpates, les Hongrois demandent désormais leur autonomie, avec le soutien du parti nationaliste hongrois, le Jobbik. On sourit, en pensant à ceux, qui voulaient unir les nationalistes de toute l’Europe. Nous attendons avec impatience la réaction de Svoboda et de son leader Tiagnibok. Pour Kiev, la situation est des plus délicates. La Hongrie est non seulement membre de l’OTAN, mais aussi un pays ami de la Russie, dont elle partage les valeurs chrétiennes, en attendant de transporter son gaz.
Relation russo-ukrainienne
Le Président Porochenko s’apprête à rencontrer Vladimir Poutine à Minsk, le 26 août prochain, mais sa marge de manœuvre est limitée. Yulia Timochenko, qui n’a toujours pas digéré sa défaite aux présidentielles, l’attend en embuscade avec une accusation de trahison, pour le cas où le Président ukrainien accepterait la fédéralisation. Elle est soutenue par Igor Kolomoïski, qui est en train de s’emparer d’Odessa et qui peut mettre à la disposition de la « princesse du gaz », son armée privée, que composent les bandes armées du « Pravy Sektor ».
Si Porochenko veut faire bouger les choses et notamment la constitution ukrainienne il devra, tôt ou tard, mettre sa démission dans la balance. Élu pour faire la paix, il est de plus en plus impopulaire en Ukraine et risque de perdre les élections parlementaires. Il bénéficierait dans ce cas-là des soutiens français et russe. La question est de savoir, si Angela Merkel, qui doit le rencontrer à Kiev le 23 août, sera capable d’oublier son propre revanchisme anti-russe.
La Russie est désormais le seul pays qui semble s’intéresser aux résultats de l’enquête sur la destruction du Boeing malaysien. Gageons que la publication du rapport, si elle a lieu, devrait être un grand moment dans l’histoire des médias français, dans le même genre que l’assassinat de James Foley, soit disant détenu par Bachar al-Assad depuis 2012.
Échec des sanctions
Les sanctions sont un échec quasi-total. L’UE, qui ne doute décidemment de rien, vient de demander à l’Amérique du Sud de sanctionner la Russie, ainsi qu’à la Serbie. La réponse ne s’est pas fait attendre des uns comme des autres. Côté américain, c’est sur la Chine et la Corée que Washington espère, avec beaucoup d’optimisme et de candeur, faire pression. Le Japon continue à faire semblant. Les agriculteurs russes et serbes peuvent ainsi dire un grand merci à l’UE et à l’OTAN. De son côté la Russie battra en 2014 son record de production de blé, et vient d’ailleurs de signer un contrat de livraison avec l’Égypte dans le cadre de la reprise de la politique arabe, héritée de l’Union Soviétique. Grâce aux sanctions, la valeur en bourse des actions des sociétés agricoles russes a augmenté de 20%.
Les 125 millions d’euros proposés par l’UE n’étant qu’une goutte d’eau dans l’océan du désastre, les idéologues européistes tentent d’expliquer aux producteurs européens que c’est encore plus dur pour les Russes. Même si cela était vrai, ce serait une bien piètre consolation pour les paysans français, qui, contrairement à Bruxelles et Washington, ne sont pas en guerre contre la Russie. Pas plus pour les Lettons, qui n’en peuvent plus eux aussi, ou que les Espagnols, qui protestent désormais ouvertement. Le pauvre Jacques Rupnik voyait dans la crise ukrainienne un test pour l’Europe (en fait l’UE, mais la nuance est trop subtile pour son enthousiasme de supporter de football). Il va être servi.
L’UE et l’OTAN vivent toujours dans les années 1990, et il est temps que la France rentre dans le XXIème siècle et cesse de s’occuper des caprices de la Pologne pour se tourner vers les BRICS et l’Asie. Dans l’immédiat, la France a bien joué sa partie lors du salon de l’armement, qui s’est tenu à Moscou du 13 au 17 août, et où Dimitri Rogozine a annoncé que les sociétés qui avaient été présentes dans les moments difficiles ne seraient pas oubliées.
Concernant Exxon Mobil, que nous avions évoquée lors de notre dernière analyse, la compagnie pétrolière n’a pas manifesté d’intérêt pour les tuyaux rouillés de Naftogaz. Elle a, en revanche, inauguré en direct avec Vladimir Poutine et Igor Setchine (qui se trouve sur toutes les listes de sanctions) son premier forage américano-russe en Arctique, le 9 août dernier.
La Russie attend donc calmement que la situation se décante. Les contre-sanctions ont été comme une douche froide pour l’UE qui, visiblement, pensait que Moscou se laisserait punir comme un enfant pris en faute. Le gouvernement français, dont il faut saluer une nouvelle fois la persévérance sur le Mistral, s’est laissé entraîner dans ces sanctions stupides et stériles en raison de la nullité des « spécialistes » qu’il consulte sur les questions russes et ukrainiennes. Les journalistes français doivent, bien entendu, ne jamais être consultés, et les Gomart, Encel, Tertrais, Rupnik et autres Heisbourg, dont l’incompétence nuit gravement aux intérêts français, doivent être mis à l’écart. La Fondation pour la Recherche Stratégique et l’IFRI doivent se remettre en cause urgemment, impérativement et sérieusement.
En conclusion
Pour finir sur une note humoristique, nous présenterons un exemple filmé, de la manière dont on joue avec les enfants en Galicie. Cela ressemble davantage à une cérémonie Vaudou, et on se dit qu’après une enfance pareille, même Oleg Tiagnibok a des excuses…
Enfin, ultime et excellente nouvelle, un budget pour la constitution de Russia Today en français, de 29 millions d’euros, a été voté. Le Kremlin a fini par prendre en compte l’absence de liberté d’expression en France et tente désormais d’y porter remède.
Xavier Moreau pour Realpolitik.tv
* Xavier Moreau, Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonne, spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide. Fondateur d’une société de conseil en sûreté des affaires, installé en Russie depuis 14 ans, travaillant également sur l’Ukraine, le Kazakhstan et la Serbie.
El Correo. Paris, le 6 septembre 2014.