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23 avril 2008

Réflexions de Fidel
Les vivants et les morts.

par Fidel Castro Ruz

 

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Vous pouvez croire que vous remontez le cours du fleuve sur votre bateau, mais le courant est si fort qu’en fait vous le descendez.

Ne jamais faire de concessions honteuses à l’empire : je l’ai déjà dit et je le répète aujourd’hui.

Nul ne lira jamais sous mon humble plume un éloge opportuniste qui ne ferait que l’avilir.

C’est la raison pour laquelle je soutiens la décision du Parti et du Conseil d’État de remplacer le ministre de l’Éducation.

On le sait : j’ai consacré ma vie en premier lieu, dès que j’ai accédé à une conscience révolutionnaire, à la cause de l’éducation : depuis la campagne d’alphabétisation jusqu’à l’universalisation des études supérieures. Même dans des conditions extrêmes de blocus économique et d’agressions, nous avons atteint dans ce domaine un niveau privilégié et unique au monde.

Le ministre, Luis Ignacio Gomez Gutierrez, était réellement épuisé. Il avait perdu son énergie et sa conscience révolutionnaire. Il n’aurait jamais dû prononcer ses derniers discours ni parler de futures rencontres avec des éducateurs de l’hémisphère et du monde, en exaltant une œuvre qui est le fruit authentique du labeur de nombreux cadres révolutionnaires et non son œuvre personnelle, comme il entendait le faire croire à ses invités.

Si certains de nos maîtres dévoués venaient à juger cette affirmation injuste, je le regretterais sincèrement.

Je dois signaler qu’au cours des dix dernières années il a voyagé à l’étranger plus de soixante-dix fois et, ces trois dernières années, à raison d’une fois par mois, sous le prétexte de la coopération internationale de Cuba. À cet élément de jugement s’en ajoutent d’autres qui font qu’il n’inspire plus confiance. En clair : plus aucune confiance.

Qui devait le remplacer ? C’était l’autre aspect du problème. Il fallait le faire, et vite. On a cherché parmi une foule de gens et préparé une liste de quinze, parmi les meilleurs. Deux avaient dans ce domaine une expérience couronnée de succès.

Ena Elsa Velázquez Cobiella, docteur ès sciences de l’éducation, actuellement recteur de l’Institut supérieur pédagogique "Frank Pais", de Santiago de Cuba, a terminé ses études en 1980 ; elle a enseigné aux niveaux les plus divers où elle s’est toujours distinguée par son travail ; âgée de 52 ans, elle est née dans le chef-lieu de l’ancienne province d’Oriente, deux ans avant le triomphe de la Révolution.

Cira Piñeiro Alonso, licenciée en psychologie avec diplôme d’or, dirige le Bureau de l’Education de la province de Granma. Avec seize ans d’expérience dans l’éducation, ses succès à la tête de l’Education dans cette province sont reconnus dans tout le pays. Elle a 39 ans.

Leurs mérites et leurs succès leur ont valu à toutes deux d’être proposées et élues à l’Assemblée nationale.

Elles assumeront la direction du ministère de l’Education : Ena Elsa comme ministre et Cira Piñeiro comme conseillère du ministre et futur cadre, au poste qui lui sera assigné. Elles seront remplacées dans leurs fonctions actuelles par des professionnels choisis dans la pépinière inépuisable de notre personnel enseignant et révolutionnaire.

Sur ce cas spécial et important, au-delà de mes appréciations personnelles, j’ai été pleinement informé et consulté.

J’ai également eu le privilège d’être consulté à la veille de l’élection du Conseil d’Etat, et je n’ai pas hésité à proposer que de prestigieux chefs militaires, qui ont contribué à la gloire et à l’autorité morale de notre peuple héroïque, comme Leopoldo Cintras Frias et Alvaro Lopez Miera, des hommes mûrs, modestes, pleins d’expérience et d’énergie, moins âgés que l’homme qui, haut gradé de son armée, est un des candidats les plus solides et les plus menaçants au commandement de l’empire, soient proposés à l’Assemblée nationale pour leur élection au Conseil d’Etat. Et je connais d’autres cadres, bien plus jeunes qu’eux, très capables, forts d’une excellente préparation et plutôt méconnus du public, avec lesquels il faut aussi compter.

Je n’ai aucun plaisir à blesser qui que ce soit, mais je n’hésite pas à expliquer clairement les faits pour préserver l’œuvre des générations qui ont apporté leur sueur et leur sacrifice, et bien souvent jusqu’à leur santé et leur vie, à la cause de la Révolution.

J’espère que mes compatriotes comprendront que le travail forcé que m’a imposé la nature en cette étape de ma vie m’oblige, entre amis et adversaires, à exprimer ma pensée sans subterfuge, avec les preuves morales dont je dispose et qui sont indiscutables. J’assume donc la pleine responsabilité de cette décision, quelles qu’en soient les conséquences, quelles que soient les réactions.

Les pamphlets ennemis m’accuseront de semer la terreur psychologique à partir de l’autorité morale. Il n’en est rien aux yeux de tous ceux qui savent que la véritable terreur psychologique et physique déferlerait sur notre peuple, avec son infini chapelet de souffrances humaines et morales, avec le retour de la domination de l’Empire sur Cuba. Dans ce triste cas, la cause en serait non le manque d’alphabétisation ou de culture, mais l’absence de conscience.

Jamais je n’accepterai l’idée qu’on puisse rechercher le pouvoir par égoïsme, par autosuffisance, par vanité ou parce qu’on se croit indispensable, ce qui n’est vrai d’aucun être humain.

J’exprimerai ma modeste opinion tant que je le pourrai et que j’en éprouverai le besoin.

Les vivants et les morts poursuivront le combat !

La Havane. Le 23 Avril 2008.

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