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19 avril 2004

Panorama politique argentin en avril 2004

par J. M. Pasquini Duràn

 

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León Arslanian [1] a présenté les chapitres de son plan pour épurer et pour réorganiser la Police de la province de Buenos Aires, mais avant faire n’importe quelle prévision sur ses résultats éventuels, il faut souligner le caractère partiel de la proposition. Pour des raisons de juridiction ou de compétence, les réformes indispensables manquent au système pénitentiaire, au Pouvoir Judiciaire et à l’organisation du système politico - institutionnel, puisque ce sont des participants nécessaires à la question de sûreté conformément aux opinions les plus autorisées.

Il faut aussi faire remarquer, parmi les contributions positives, les chœurs qui se sont élevés à l’intérieur et en dehors du Gouvernement pour repousser, parce que la loi le défend, n’importe quel rôle des Forces Armées dans des sujets touchant à la sûreté intérieure, à peine la probabilité fut avancée par ceux qui prétendent à une revanche aux cérémonies qui se sont déroulées le 24 mers dernier à l’ESMA et au Collège Militaire. Si les militaires vont contribuer à quelque chose peut-être pourrait-on considérer la cession de casernes et de bases à la puissance civile pour les adapter comme prisons temporaires, spécialement pour les accusés de délits moindres qui attendent une sentence, entassés dans les prisons existantes et dans les commissariats convertis en annexes du Service Pénitentiaire.

Ce service, d’après ce qu’on sait, ne peut pas non plus rester ainsi et parfois il serait utile que les planificateurs réformistes écoutent avec l’esprit ouvert les organisations non gouvernementales qui travaillent depuis longtemps avec la population carcérale, en particulier avec les mineurs, qui plus d’une fois sont condamnés à cause de leur condition sociale misérable plus que pour l’aspect délictueux. Ce qui à une époque a pu être été traité par des analgésiques, ainsi que dans d’autres endroits, demande aujourd’hui une plus grande chirurgie pour désarticuler les liens pervers et pour en même temps reconstituer le tissu corrompu par les défauts impunis.

En ce qui concerne la patte politique de l’insécurité de Buenos Aires, Il n’est toujours pas dit si le gouverneur Philippe Solá attend l’initiative du gouvernement national ou s’il a confiance en l’aptitude d’être caméléon des cadres fonctionnaires de la circonscription, ceux qui peuvent de la même façon s’aligner avec le néolibéralisme de Menem-Cavallo qu’avec l’administration de Néstor Kirchner, chaque fois qu’ils peuvent sauver leur propre peau, mais la chose unique inadmissible parce qu’ inutile consisterait en ce que la dernière décision reste aux mains de ceux qui ont concouru au délit par commission ou par omission.

Tant que quelqu’un qui a gagné une mauvaise réputation pour une conduite récidiviste n’est pas emprisonné en préventive, comme Marie Julie Alsogaray mais dans une cellule commune, la société conservera le droit de douter de la volonté réformiste des actuels gouvernants. Hier, Juan Carlos Blumberg (Père de la victime), homme d’une volonté de fer et d’opinions rapides, demandait à haute voix, si l’intendant de Moreno ignorait que dans son district agissaient des casses de voitures volées liés à voyous de types divers, dont ceux qui formaient la bande qui a séquestré et a assassiné Axel.

Sur le Pouvoir Judiciaire, il y a des bibliothèques bien nourries de suggestions accumulées par des spécialistes du pays et du monde, de façon à ce qu’il est superflu d’improviser un programme de circonstances selon le sens commun des gens de bonne volonté. Ce qui n’est jamais de trop c’est la mobilisation citadine, à condition qu’elle s’inscrive dans le temps, comme l’ont fait les organismes de défense des droits de l’homme ou des familles des victimes de l’AMIA et de l’ambassade d’Israël. Les manifestations populaires mais éruptives ont un impact, sont nécessaires mais insuffisantes pour impulser des changements de fond, structuraux, comme ceux requis dans cette situation. La détérioration des pouvoirs républicains et des mécanismes institutionnels de représentation est si corrosive qu’aucune réforme n’est effective si elle s’arrête à la surface des choses. À propos, une digression : dans quel couloir circulent les dénonciations de Pontacuarto sur les pots de vin au Sénat (pour faire modifier le code du travail) ? Serait-ce que la classe politique a décidé que les seuls qui paieront les pots cassés seront l’ex-chef de la SIDE, Fernando de Santibañes, et le dénonciateur repenti ?

À toute vapeur, dans la résidence d’Oliviers où le Président finit de se remettre de sa gastro-duodénite, une commission de haut niveau essaie de résoudre ce gigantesque casse-tête, face à l’urgence de la demande populaire, dont la résonance a été telle que les inévitables microclimats qui ont l’habitude d’affecter la perception du pouvoir sur les sentiments de la société, dans cette occasion sont inutilisables. Il est difficile d’ignorer l’attente de la classe moyenne, dont l’opinion a une influence décisive sur ce qui on a l’habitude d’appeler l’ "opinion publique". Par conséquent, la réponse gouvernementale devra être à la hauteur de la demande qui a modifié l’énoncé des aspects complexes de la sûreté urbaine en un lieu commun, à tel point que même les spécialistes du sujet ont des difficultés à l’exposer sans être rattrapés par le lieu commun ou la généralisation facile.

Ce Gouvernement a un retard d’au moins quatre ans, années perdues par l’Alliance additionnées à celles que Duhalde a utilisé pour jeter de l’huile sur le feu, sans parler des quatre années précédentes, le deuxième mandat de Menem, durant lesquelles le programme néolibéral a langui sans laisser d’alternative. Presque une décennie d’accumulation de nécessités basiques insatisfaites, d’affaires en faillites, de rapine spéculative qui a érodé l’économie et dépecé la culture de la production et du travail. Ainsi, bien que ce soit injuste pour les gouvernants actuels, chaque année de leur gestion doit valoir trois fois plus que celles gaspillées.

Cela vaut pour la sûreté mais aussi pour les autres points de l’agenda social, en commençant par les grandes entreprises qui veulent conserver leur part de la galette nationale, ambition inacceptable quand elle est comparée aux sacrifices que subissent 60 pour cent de la population. Le terme de "normal " pour déduire le taux de chômage à un chiffre à une seule décimale ou pour redistribuer un tiers de la richesse d’une minorité riche vers les bases sociales, sont à des millénaires de l’impatience légitime des plus infortunés. Cette non synchronisation provoque des tensions internes dans les équipes des collaborateurs du Pouvoir exécutif.

Ainsi, les économistes tendent à dessiner leurs plans sur des temps "normaux", les hommes politiques qui sont convoqués aux urnes tous les deux ans, mesurent les délais par des semaines. Les uns courent le risque d’être indifférents envers les demandes populaires tandis qu’ils s’occupent avec préférence de la marche des affaires, convaincus qu’à un moment donné l’accumulation capitaliste produira le saut qualitatif, alors que, par la situation pénible, les autres tendent à improviser jour après jour et mettent des emplâtres ici et là, en essayant d’arranger la réalité à leur volonté démesurée, méritoire tant elle reste les pieds sur terre.

Bien que la concentration médiatique sur les problèmes de sécurité puisse donner l’impression au dépourvu que ce sujet a pris le dessus sur tout autre, quand le nuage de poussière se dissipe à l’horizon, tous les autres problèmes apparaissent intacts et vibrants, des retraites faibles en passant par le coût de la vie jusqu’aux salaires misérables et les détenteurs d’obligations d’état étrangers. Les grèves augmentent en nombre et en intensité, bien que quelques syndicalistes feignent une cécité temporelle, parce que la relance de l’économie n’atteint pas encore le volume et l’étendue nécessaire pour consoler les pourcentages suffisamment importants de ceux qui attendent depuis des années. Dans ces contrées, l’attente insatisfaite peut être si létale comme l’humidité, que la première conséquence est de dissoudre les sympathies qui jusqu’à hier donnaient l’impression qu’elles étaient là pour toujours.

Traduction pour El Correo : Estelle et Carlos Debiasi

Página 12, 17 avril 2004

Notes

[1Responsable pour la Sécurité de la Province de Buenos Aires récemment nommé suite à l’assassinat de Axel Blumberg dans un contexte de recrudescence des enlèvements

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