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2 de marzo de 2016

- COLLABORATIONISME OU PATRIE -

Les trois péronismes et le changement de paradigme en Argentine

por Mariano Massaro*

 

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De par son caractère de mouvement, le péronisme propose la traçabilité de plusieurs secteurs dans sa dynamique interne. Cela ne présente pas de nouveauté en soi, mais c’est un élément ontologique qui l’a accompagné tout au long de la majeure partie de son histoire.

Le fait maudit du pays bourgeois a toujours gardé une aile à droite et une autre plus penchée vers la gauche. En ce moment l’axe qui régit son re-accommodement est, indubitablement, le leadership ou non de Cristina Fernández de Kirchner. L’accompagner, l’affronter, ou être conscient de sa nécessité sont les clés de la nouvelle bataille au sein du Parti Justicialiste, qui s’apprête à choisir ses dirigeants.

Le scénario actuel, résultat de l’échec électoral, mais aussi de la suite de tensions déjà pré-existantes, montre le mouvement péroniste comme un archipel dans lequel se distinguent trois grandes îles. Il ne s’agit pas d’une idée fragmentaire, mais la quête d’éléments congénitaux (idéologiques et philosophiques) qui renforcent les différences dans les moments critiques.

Les trois péronismes inondent l’arène politique nationale depuis divers prismes. D’un côté, le péronisme explicitement de droite (collaborateur) avec Sergio Massa à sa tête, et les gouverneurs de Salta, Juan Manuel Urtubey et, celui de Cordoba, José Manuel De le Sota, secondés par le quatrième mousquetaire, le député [pour la province de Buenos Aires], Diego Bossio. Il s’agit d’une orthodoxie qui encourage un programme politique libéral, en constante articulation avec la restauration néolibérale ; Ils parlent la même langue que Cambiemos [ au pouvoir avec Macri]. Ce Front le Rénovateur et ses satellites ont su tisser des alliances avec des secteurs syndicaux de poids (CGT) , retardant une réaction concrète de la part du mouvement ouvrier face à l’ajustement sauvage que nous vivons.

Flottant au milieu, un autre versant pointe avec le soutien des gouverneurs et une grande partie des maires, pas tous. A l’intérieur de cette trame fédérale, la figure de Daniel Scioli se déplace confortablement, comme aussi l’ex-gouverneur de La Matanza et l’actuel président du PJ dans la province du Buenos Aires, Fernando Espinoza. Cet acteur politique évolue au rythme d’un pragmatisme vertigineux ; faiseur d’ accords par nature, mais conscient de la nécessité de ne pas rompre avec le kirchnerisme pour des raisons aussi profondes que l’extraordinaire place de mai des adieux de CFK. Avec la corrélation de forces dont il dispose, pouvoir de feu au Sénat, et son propre bloc chez les députés, son jeu est de faire pression, coincer, aussi bien la majorité, que la figure de CFK. D’un côté pour se saisir des ressources économiques pour ses territoires, et de l’autre, pour user et imposer un de ses hommes comme héritier du péronisme sans kirchnerisme. L’aile de droite et l’aile fédérale partagent leur agenda, bien qu’elles utilisent des tactiques différentes. Les scissions chez les députés, le replacement chez les sénateurs doivent être lus dans cette dynamique, en indiquant que ce sont seulement quelques uns des mouvements de pions sur l’échiquier à venir.

Je voudrais m’arrêter un moment pour désavouer l’argument sur l’impossibilité de gouverner, avancé par ces groupes, dans la bouche de celui qui préside le bloc de sénateurs du FpV, de Miguel Ángel Pichetto et reproduit durant le Congrès National du Parti qui s’est tenu dans les locaux de Obras Sanitarias. La gouvernabilité est le seul résultat de la rationalité politique des actions de gouvernement. L’opposition doit exercer les actions conduisant à la réalisation des intérêts qu’elle représente ; l’existence même de partis politiques rend compte de l’enchère sanglante des intérêts en opposition. Dans cet ordre d’idées, on ne doit pas non plus camoufler le discours de la responsabilité institutionnelle, à travers la gouvernabilité, pour cacher la négociation des ressources. L’obligation d’une opposition sérieuse est de construire une alternative politique solide, consciente que la simple magouille politique tue la politique.

Le troisième (versant) en discorde, représente une subjectivité politique de pénétration, hétérogène, populaire et démocratique ; le péronisme de centre gauche et de gauche modérée, qui préfigure le point clef de l’identité kirchneriste. Avec la direction sans appel de Cristina Fernandez de Kirchner, émerge de là, la gestion d’un instrument qui va au-delà et frontiste, comme le FpV. Cette ligne historique du péronisme national et populaire renforce aussi ses rangs avec des noms comme Axel Kicillof, Jorge Capitanich, Jorge Ferraresi et Patricio Mussi.

Distribution des rôles. Mouvement de tenailles :

La tactique choisie par la restauration néolibérale est double, d’un côté l’exécution de son agenda stratégique que représentent les politiques nécessaires pour modifier la matrice productive du pays vers un schéma d’exportation de matières premières avec peu de valeur ajoutée et une plate-forme de services citant comme exemple l’Inde, dans les mots de la vice présidente, Gabriela Michetti. En libérant les forces du marché et en général un transfert sidéral de ressources des classes populaires aux élites dominantes, ainsi qu’en réalignant les insertions internationales pour valider le rôle dans la division internationale du travail. Et il va sans dire que cette bagarre compte sur deux cents ans d’histoire. L’autre manche de la tenaille consiste à confier au péronisme (dans son versant de droite et pragmatique/ fédéral) la tache ingrate d’administrer le conflit social et politique, c’est-à-dire contenir une part significative de la réaction naturelle à de telles politiques. Sur ce point on peut souligner que l’agenda stratégique du bloc dominant requiert beaucoup moins de temps que le cadre constitutionnel de quatre ans, sachant que l’ingénieur Mauricio Macri sert comme fusible de toute l’opération, ayant sciemment accordé, afin d’assurer la continuité de la restauration, le lieu d’alternance présidentielle au péronisme collaborateur.

Cela mérite aussi un paragraphe à part, sur le rôle qu’occupe Guillemo Moreno [1], comme instigateur d’une campagne d’affiliation massive au PJ dans tout le pays. Cette initiative fut l’une des actions politiques les plus pointues et efficaces face aux besoins de l’articulation politique. L’adhésion de milliers et milliers de compagnons qui composent ce nouveau sujet politique mobilisé que CFK a désigné comme détenteurs de pouvoir, ajoute un saut de qualité à la construction politique du champ populaire, au moment où se concentre une action politique offensive, dans le concert défensif général. Cette campagne d’adhésion massive a pour objectif clair d’empêcher le débarquement de la droite péroniste à la tête du Parti Justicialiste. La réalité indique que l’objectif a commencé à être atteint, en prêtant attention à ce que celui choisi par Mauricio Macri à Davos, le député Sergio Massa, a fait le pari ambigüe sur la tête du gouverneur de Cordoba [De la Sota] pour la candidature à la tête du parti.

Il doit rester clair que ce n’est pas seulement la vie institutionnelle du PJ qui se joue, mais la condition de possibilité de la subsistance du FpV, compte tenu que, la perte du PJ entre les mains de la droite, amènera, irréversiblement, le démantèlement du FpV.

Donc, la rare vague d’affiliations au PJ implique plusieurs responsabilités qui doivent être assumées. Une honnêteté intellectuelle de l’état de la situation : le résultat n’est pas arrêté, cela peut échouer, mais nous croyons à l’intelligence de cette tactique. Un engagement démocratique : donner les garanties aux milliers de compagnons que leur voix sera entendue ; les détenteurs de pouvoir veulent voter. La cristallisation d’une liste unique, derrière un candidat de consensus, atteinte contre le renouvellement des votes dans le projet national et populaire. La clé interprétative surgit du fait que, après l’échec électoral un changement de paradigme se soit opéré. La demande de démocratisation, d’autocritique, de problématisation des organisations du kirchnerisme est d’actualité, en façonnant une pièce irremplaçable pour la reconstruction.

Le plan A ayant échoué, les expectatives démesurées mises à la ceinture législative (l’impossibilité d’administrer le quorum), comme étendard de la résistance, la nécessité s’est faite jour de confluer vers un nouveau front politique du champ populaire, d’un très vaste caractère, et de là d’avancer comme nouvelle majorité populaire. L’idée d’une neo transversalité marque le chemin, en les invitant tous. Dans ce contexte, le leadership de CFK est indubitable et irremplaçable. La difficile entreprise de sa construction requerra une flexibilité tactique ; un nouveau front, en principe pour l’unité d’action, mais en pariant sur un processus qui peut mûrir vers une instance supérieure. En célébrant une unité d’action nouvelle comme celle jouée par les deux CTA, fait de haut vol, nous devons être conscients que ce n’est pas suffisant. Ce qui ne va pas avec le moment historique, c’est le choix d’accorder la priorité aux fonctions revendicatives. Le cadre d’alliances tactiques doit osciller comme cadre de référence, avec la figure de CFK d’un côté et, à la manière d’une limite, avec la censure des traîtres à la cause populaire. L’unité devient de cette façon un objectif politique d’où va éclore le nouvel agenda. Les territoires accoucheront de leur nouveau leadership, le changement de génération fera son apport en cherchant comment séduire et re orienter la majorité instable et circonstancielle avec laquelle la droite est arrivée au pouvoir en Argentine. Avec le pessimisme de la réalité et avec l’optimisme de la volonté, telle est la tache.

Mariano Massaro* pour Contexte XXI

*Mariano Massaro. Avocat et cofondateur du Groupe Rodolfo Walsh (FpV), ex-secrétaire général des AJB (judiciaires), Chroniqueur du quotidien Tiempo Argentino, et membre de la Table Exécutive de la CTA Bs As.

Contexte XXI. Buenos Aires, le 28 février, 2016.

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la diaspora par: Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la diaspora. Paris, 2 mars 2016.

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Notas

[1Mario Guillermo Moreno est un homme politique argentin, secrétaire au Commerce Intérieur entre 2005 et 2013; et depuis et jusqu’à décembre 2015, fut conseiller économique de la ambassade argentine à Roma.

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