Il est important pour le président Nestor Kirchner de consolider sa position à l’occasion de ses élections législatives partielles, en vue notamment des présidentielles de 2007. Les élections portent sur la moitié de la chambre des députés (217 sièges) et un tiers du Sénat.
Le président s’est investi dans la préparation de ce scrutin, participants à de nombreux meetings, et a parlé de « plébiscite » sur sa gestion.
Dans la province de Buenos Aires (à différencier de la Capitale), où les enjeux sont importants compte tenu du nombre d’électeurs, la victoire sera t-elle aussi marquée qu’il le souhaite ? S’y affrontent Christina Kirchner, qui représente le courant actuel au pouvoir, à Hilda Duhalde -épouse de l’ancien président Eduardo Duhalde - qui incarne un courant jugé passé du péronisme (fortement marqué par le clientélisme) avec lequel le gouvernement a rompu. La première est donnée favorite, mais il lui faudrait creuser l’écart pour donner de l’oxygène au président. Car jusqu’ici, à l’Assemblée, celui-ci a gouverné grâce à une alliance avec Duhalde, et compte tenu du jeu des rapports de force, il se peut que les suffrages obtenus ne lui assurent pas plus de marge de manœuvre.
Concernant la Capitale, la bataille s’avère serrée entre Elisa Carrio - candidate de l’opposition-
et Rafael Bielsa, ministre des affaire étrangères soutenu par Kirchner. La Province de Santa Fe pourrait aussi échapper au camp du président.
Enfin, les analystes ont aussi un œil attentif sur le scrutin qui se déroule à La Rioja, fief de Carlos Menen, qui voudrait bien à cette occasion faire son « retour », en obtenant un siège de sénateur. Son système clientéliste est si bien installé à La Rioja, que ses chances sont intactes, face à Angel Maza, le candidat du gouvernement actuel. A 75 ans, Menen souhaite encore venir troubler le jeu politique alors qu’il est responsable de la déroute et de la crise sans précédent qu’a traversé le pays, et qu’il a été blanchi de justesse par la justice.
Ces élections se déroulent dans un pays qui a retrouvé une situation économique plus stable, marquée par la croissance, avec des indicateurs au vert, tirés par les exportations, et où le chômage s’est réduit notable ces derniers mois (de 23 à 12% selon Roberto Lavagna, ministre de l’économie). Certes les conditions de vie des argentins se sont améliorées (alors que 40% de la population s’est trouvé sous le seuil de pauvreté) même si les salaires restent peu élevés, et que nombre d’entre eux sont encore dans une situation précaire. Les différentes mesures prises par le gouvernement de Nestor Kirchner commencent à porter leurs fruits. Face au FMI, il s’agit de pouvoir mener à bien sa politique économique -sans interférences majeures sur la question des tarifs publics, ou la réduction des dépenses budgétaires- et de continuer à réduire la dette.
Reste enfin la question de l’éventuelle entrée dans la course présidentielle de 2007 de l’actuel ministre de l’économie Roberto Lavagna. Celui-ci a récemment, dans une interview, balayé cette hypothèse déclarant que ce n’était pas son projet. Il est clair que le gouvernement de Kirchner, dont il est un des hommes forts, a encore besoin de ses services notamment sur le dossier de la restructuration de la dette avec le FMI.
El Correo. Paris, 22 octobre 2005