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25 de mayo de 2009

Le naufrage du dollar
Immanuel Wallerstein

 

by Immanuel Wallerstein
Fernand Braudel Center . Commentary No. 257. May 15, 2009.

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Read in English : "The Sinking Dollar"

Quand le Premier Ministre chinois Wen Jiabao a déclaré en mars 2009 qu’il était « un peu préoccupé » par la situation du dollar étasunien, il se faisait l’écho de la perception d’autres états, entreprises et individus dans le monde. Il a interpellé les États-Unis pour qu’« ils maintiennent leur crédit, honorent leurs promesses et garantissent la sécurité des actifs de la Chine ».

Il y a peine cinq ans, cela aurait semblé une requête très présomptueuse. Maintenant cela semble « intelligible » même pour Janet Yellen, présidente de la San Francisco Federal Reserve Bank, bien qu’elle considère que la proposition de la Chine à propos de la devise mondiale de réserve est « loin d’être une alternative pratique ».

Il y a seulement deux façons de stocker de la richesse : dans des structures physiques concrètes et sous forme d’argent (devises, bons, or). Les deux impliquent des risques pour le détenteur. Les structures physiques se détériorent à moins qu’elles ne soient utilisées, ce qui implique des coûts. Utiliser de telles structures pour obtenir des revenus et plus encore des gains, dépend du « marché » - c’est-à-dire de la disponibilité des acheteurs souhaitant acquérir ce que les structures physiques peuvent produire.

Les structures physiques sont, au moins, tangibles. L’argent (qui est se traduit par des chiffres nominaux) est principalement un droit potentiel sur des structures physiques. La valeur de cette créance dépend de sa relation d’échange avec les structures physiques. Si elle varie d’un petit montant, presque personne ne le remarque. Mais si elle varie considérablement et fréquemment, ses détenteurs peuvent gagner ou perdre beaucoup de richesse, parfois assez rapidement.

En termes économiques une devise de réserve n’est rien d’autre que la forme la plus sûre de l’argent. C’est alors le lieu le plus sûr pour stocker toute richesse que l’on a, qui n’est pas sous la forme d’actifs physiques. Depuis au moins 1945, la devise mondiale de réserve fut le dollar étasunien. C’est encore le dollar étasunien.

Le pays qui émet la devise de réserve a un avantage singulier sur tous les autres pays. C’est le seul et unique pays qui peut imprimer légalement la monnaie chaque fois qu’il pense que c’est en faveur de son intérêt de le faire.

Toutes les devises ont un taux de change avec les autres devises. Depuis qu’en 1973 États-Unis ont mis fin à leur taux de change fixe avec l’or, le dollar a fluctué, à la hausse et à la baisse, face aux autres devises. Quand sa monnaie baissait face à une autre, il leur était plus facile d’exporter parce que l’acheteur des exportations avait besoin de moins de sa propre monnaie. Mais cela a aussi rendu les importations plus chères, puisqu’il fallait davantage de dollars pour payer le bien importé.

A court terme, une devise affaiblie peut augmenter l’emploi au sein d’un pays. Mais ceci est, au mieux, un avantage de court terme. A moyen terme, on a davantage intérêt à disposer d’une devise dite forte. Cela signifie que le détenteur d’une telle monnaie a plus de contrôle sur la richesse du monde mesurée en produits et actifs physiques.

Au-delà du moyen terme, les devises de réserve sont fortes et veulent continuer de l’être. La force d’une devise de réserve ne vient pas seulement de son contrôle sur la richesse du monde mais du pouvoir politique qu’elle offre dans le système-monde. C’est pourquoi la devise mondiale de réserve tend à être la devise du pouvoir hégémonique dans le monde, même s’il s’agit d’une puissance hégémonique en décadence. C’est pourquoi le dollar est la devise mondiale de réserve.

Alors, pourquoi le Premier Ministre Wen est-il « un peu préoccupé »? C’est clairement parce que durant ces dernières décennies, le taux de change du dollar étasunien fluctuait pas mal mais tout en descendant lentement. L’un des facteurs principaux fut la dette globale incroyablement croissante du gouvernement des États-Unis. Il y a deux principaux moyens grâce auxquels les États-Unis ont pu équilibrer leur comptabilité. Ils impriment de l’argent et vendent des bons du trésor étasuniens, en priorité à d’autres gouvernements (les soi-disant fonds souverains).

Ce n’est pas un secret que ces dernières années le plus grand acheteur de bons du trésor des Etats-Unis fut la Chine. Ce n’est pas l’unique pays. Le Japon et la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite et Abu Dhabi, l’Inde et la Norvège, ont tous acheté des bons du trésor des États-Unis. Mais la Chine est aujourd’hui le plus grand acheteur, et en vue de l’actuelle contraction du crédit, la Chine est l’un des moins probables acheteurs dans un avenir immédiat.

Le dilemme pour la Chine, comme pour les autres pays qui ont investi dans des bons du trésor étasuniens, est que si le dollar baisse encore plus ou s’il y a une inflation significative parce que les États-Unis impriment des billets, leur investissement dans des bons du trésor peut leur faire perdre de l’argent. D’un autre côté, quelles sont les alternatives pour la Chine ou les autres ?

La conclusion des politiques que la Chine et les autres acheteurs sont entrain de dessiner est un désengagement discret et constant. Ils ne veulent pas qu’il soit trop rapide pour qu’il n’entraîne pas de « panique bancaire », mais pas non plus trop lent pour ne pas être le dernier hors de la porte « avant la débandade », selon le titre de l’ article Joseph Stroupe dans l’Asia Times.

La Chine est en train de réduire la quantité de bons du trésor étasuniens qu’elle achète, et préfère désormais acheter ceux à plus court terme au lieu de ceux-là à long terme. La Chine réalise une incursion dans « l’échange de devises » avec d’autres pays, comme l’Argentine, de telle manière qu’aucun n’a à utiliser des dollars dans ses transactions. Et la Chine appelle à la création d’une devise de réserve alternative basée sur les Special Drawing Rights (DEG) créés par le Fonds Monétaire International, basé sur un panier de monnaies. La Russie a déjà appuyé cet appel.

Les États-Unis ne savent pas comment répondre. Quand le secrétaire du Trésor Timothy Geithner a dit que le gouvernement des Etats-Unis est « assez ouvert » à la proposition de la Chine d’augmenter l’usage des DEG, le dollar a immédiatement baissé sur le marché des changes. Aussi Geithner a « clarifié » ce qu’il avait dit. Le dollar resterait comme « devise de réserve dominante » dans le monde et « il est probable qu’elle le reste ainsi pour longtemps ». Il a assuré que « nous ferons le nécessaire pour garantir le maintien de la confiance en nos marchés financiers, et dans la capacité productive du pays et dans nos fondementaux à long terme ».

Est-ce que Geithner fait semblant seulement d’être calme ? Et plus important encore: qui croit que ce qu’il dit est plausible ? La clé pour la force d’une devise n’est les soi-disant fondamentaux mais la « foi » dans la réalité de ces fondamentaux.

Tous les principaux acteurs espèrent qu’il peut y avoir un atterrissage en douceur, une transition ordonnée hors du dollar étasunien. Personne ne veut précipiter une chute libre, parce que personne n’est sûr de s’en sortir si cela arrive. Mais si la reprise étasunienne se trouve être la dernière des bulles, le dollar peut subitement se dégonfler dans la forme la plus chaotique. La manière de dire « débandade » est en français « sauve-qui-peut », ce qui se traduit littéralement comme « sauvez-vous si vous le pouvez ».

Traduction de l’anglais pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

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