recherche

Accueil > Empire et Résistance > Bataille pour l’information > Le charme désenchanté Commentaires sur un article concernant Ingrid Betancourt.

10 septembre 2008

Le charme désenchanté
Commentaires sur un article concernant Ingrid Betancourt.

 

Par Hernando Calvo Ospina
El Correo
. Paris, le 10 septembre 2008.

Leer en español

L’Opération Jaque a été un coup porté à la diplomatie française. En négociant avec les FARC, le président Sarkozy avait projeté d’être le centre de la libération d’Ingrid Betancourt. Pour cela il avait parié sur les contacts que gérait avec cette guérilla Noel Saez, ex-consul en Colombie et membre du service de contre-espionnage extérieur français, la DGSE. Bogotá et Washington ont depuis toujours utilisé l’information que Saez leur remettait consciencieusement, et ils ont préparé le sauvetage à leur manière.

A Sarkozy lui restait, l’opportunité pas du tout méprisable de ramener immédiatement l’ex-otage à Paris. La quasi totalité des médias d’information ont collaboré à fond à ce show. Sarkozy espérait lever le très bas niveau de popularité qu’il avait à ce moment là : 39 % ; alors que peu de citoyens croyaient à son gouvernement, puisque 8 français sur 10 français ne lui faisait pas confiance. Rien n’y fait. Ingrid n’a pas fait bouger à la hausse les sondages. C’était la démonstration que la grande majorité des français était pour la libération, mais la solution à leurs problèmes était premièrement : les 4.5 millions chômeurs, autant d’autres avec un emploi précaire, et une multiplication de gens qui font la manche partout.

Comme par enchantement, Ingrid s’est évaporée de la presse. Ce fut après qu’elle ait organisé le 20 juillet, jour de l’indépendance colombienne de la Couronne espagnole. En face de la Tour Eiffel ils ont fêté en grand sa libération. Elle est réapparue à la fin août, mais sans l’attirail habituel. C’est que le premier septembre qu’elle allait être reçue par le Pape à Rome.

Le principal quotidien de France, Le Figaro , conservateur, a publié un article le 28 août. C’était sur les vacances d’Ingrid et sa famille dans un pays peu connu : Les Seychelles. Cet archipel se trouve dans l’Océan Indien, au nord-est de Madagascar, et vit des millionnaires excentriques qui s’y rendent.

Le quotidien raconte qu’Ingrid est partie vers de lointaines contrées après être restée, avec toute sa famille, dans la suite d’un palace é de Paris, le Raphael. Elle y était depuis le 4 juillet. En partant, continue de dire Le Figaro, le groupe laissait aussi les repas presque quotidien au Fouquet’s, le luxueux restaurant où Sarkozy a célébré son triomphe présidentiel.

Le 21 juillet ils ont pris l’avion pour les Seychelles. « Dans ses valises, une garde-robe complète offerte en toute discrétion par une créatrice française de prêt-à-porter. Un vanity de crèmes onctueuses, aussi, cadeau d’un fabricant de cosmétiques haut de gamme. La marque a hésité, se demandant si ce « geste de femme à femme » n’était pas « un peu futile » ».

Ingrid était invitée par le président des Seychelles. Dans ce pays où la fille d’Ingrid est née, quand son ex-époux y était en poste comme diplomate. Les quinze premiers jours ils ont séjourné « dans l’une des trente villas du luxueux Hôtel Maia, implanté sur une péninsule privée de Mahé. …où les massages sont pour elle aussi bons que le simple plaisir de s’enrouler dans un drap de bain immaculé ». Ils ont passé une autre quinzaine de jours dans « Une maison, construite au cœur d’un resort 5 étoiles, leur a été prêtée ».

Cela a son importance le fait de mentionner cet article [1], digne d’une revue "people". Pas tant pour savoir comment a vécu et vit Ingrid Betancourt, que pour les réactions des lecteurs. Jusqu’au 2 septembre, au matin, 72 personnes s’étaient prononcées dans la page Web du quotidien. Sur celles-ci, 62 étaient contre le texte et furieux contre l’ex-otage. De plus, après les avoir lues, on peut visualiser la situation sociale en France.

Voici certains des commentaires :

 Cela vaut la peine de passer six ans comme otage et de sortir pleine en santé !

 Quelle indécence, le déjeuner au resto, le palace parisien, la villa luxieuse aux Seychelles, la garde robe, les petits produits, bref madame vit aux frais de l’état c’est à dire aux miens, et dire que je bosse mais que moi depuis deux ans je ne suis pas partie en vacances.....

 De savoir qu’elle est partie avec ses pauvres enfants adorés passer 1 mois de vacances au Seychelles, alors que 45% des français ne peuvent pas y aller. On ferait mieux de s’occuper des français !!! du pouvoir d’achat, de l’emploi non précaire, etc... Dans notre pays une famille de 4 personnes avec un revenu mensuel de 2000 Euros paye l’impôt sur le revenu !!! Comment voulez-vous vivre ??? Ou bien partir en vacance ??? Sarko lui fait tout pour les riches !!! Il est en train de couler la classe moyenne !

 Je me demande si l’auteur(e) de l’article réalise le tort qu’elle fait à Mademe Betancourt avec ce récit invraisemblable de repas au Fouquets(déjà quelle image depuis le soir des présidentielles !)le séjour au Raphael,la garde robe fournie avec les crèmes de beauté de luxe pendant que de plus en plus de gens sont furieux de ce battage médiatique qui ne s’"arrête pas ?

 Bien sûr, qu’elle savoure !!! Mais surtout que l’on cesse de nous ennuyer avec les aventures de la franco-colombienne... il y a bcp de franco-français qui souffrent et pas plus loin que dans la banlieue parisienne !!

 Et les libérés en même temps qu’elle, ils ne sont pas assez présentables pour diner au Fouquets, pour coucher au raphael ?

 Merci Sarko pour les colombiens ! Avez-vous un instant considéré comment le style de vie et la façon d’être de cette femme est-il perçu par le colombien moyen dont le salaire minimum est de 160EUR ? Ce n’est pas en renforçant les inégalités sociales qu’on va aider ces gens.

 Il faut dire que sa médiatisation lui fait maintenant gagner beaucoup d’argent et que les gogos applaudissent des deux mains,mais pense-t-elle à ses anciens compagnons d’infortune qui , eux n’ont pas eu super Sarko pour les décorer et mettre à sa disposition avion ,voiture ,protection ,etc..... Pourquoi n’est-elle pas pressée de rentrer dans "son" pays ? Ne veut-on plus d’elle là-bas ? ou préfère-t-elle les fastes Sarkoziens ?

 De victime courageuse de preneurs d’otages sans foi ni loi, elle devient une "bourgeoise" (un défaut ?) vivant sur le budget de la France, privant nos "pôvres" concitoyens de leurs juste allocations (de rentrée des classes.....

 Je suis comme bcp de vos lecteurs, j en ai assez d’entendre parler d elle qui n est française que par mariage. … etc. Je pense qu’elle sait que la Colombie ne l attend pas les bras ouverts, eux ils savent comment elle est..

 Nous attendons tous impatiemment, le dernier épisode : Bétancourt se tire définitivement en Colombie !

 Pour le "tire toi en Colombie", il va peut être falloir attendre longtemps.Ce n’est plus un territoire a sa dimension,maintenant.

 J’ai rêvé d’une histoire : Ou Carla Bruni-Sarkozy s’enfuirait avec le mari d’Ingrid Betancourt, mais ils périraient dans le crash de leur avion. Alors Nicolas Sarkozy épouserait Ingrid Bétancourt ... Elle est pas belle la vie ? Quelle histoire bling-bling fantastique !

***

 Hernando Calvo Ospina. Collaborateur du Monde Diplomatique.
Aussi auteur, entre autres de  : "Colombie, derrière le rideau de fumée, histoire d’un terrorisme d’État". Ed. Les Termps de Cerises. ISBN-13 : 978-2841097203

Traduction de l’espagnol pour El Correo de  : Estelle et Carlos Debiasi

Note :

Notes

[1 Premier été de liberté pour Ingrid Betancourt .
Anne-Charlotte De Langhe.

Le Figaro, Paris, le 28 août, 2008.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site