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8 juin 2005

Le « Monitoring démocratique » de Bush est une insulte aux démocraties latino-américaines.

par Luis Bruschtein *

 

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Le président nord-américain George Bush avait essuyé un échec quand il a essayé de désigner le ministre mexicain Luis Ernesto Derbez comme secrétaire général de l’OEA et a essuyé un autre échec lundi quand lors de la réunion de cet organisme, à Fort Lauderdale, il n’a pas obtenu d’inclure un mécanisme de « monitoring » des démocraties de la région. Ce sont des situations peu communes dans l’histoire de l’OEA, historiquement plus encline à accepter sans discussion les « suggestions » de Washington. Dans les deux cas, cela fut certainement du à la position active des gouvernements du Brésil, Venezuela, Argentine et Uruguay. Dans la discussion de Fort Lauderdale, à ce groupe se sont ajoutés d’autres représentants, parmi lesquels ceux du Mexique et de la Bolivie.

Outre l’existence de cette espèce de bloc dans la diplomatie régionale, le débat dans l’OEA a mis en évidence que le gouvernement Bush approfondit une attitude plus interventionniste en Amérique latine.

Les principaux arguments du président américain ont été l’élan de la démocratisation politique et la libéralisation des marchés. Face à ce qu’affirment certains -que les Etats-Unis sont trop occupés avec l’Irak pour prêter attention à l’Amérique latine- il est certain est que les traités de libre commerce ont proliféré dans tout le continent. Indépendamment de Cuba, du Venezuela et des pays du Mercosur, rares sont ceux qui n’ont pas accepté le traité de Libre Commerce (ALCA) avec les Etats-Unis ou qui ne l’examinent pas.

Dans son discours à l’OEA, Bush a exprimé sa satisfaction parce que tous les pays qui en font partie ont des systèmes démocratiques. Le président des Etats-Unis a félicité les représentants des autres pays de cette situation. Il s’est ainsi arrogé le mérite qu’il n’y ait plus d’autres dictatures quand le vrai mérite revient aux peuples de ces pays, parce que les dictatures ont été soutenues par les Etats-Unis. Au lieu de distribuer des félicitations, le gouvernement nord-américain devrait demander pardon d’avoir déstabilisé des gouvernements démocratiques chaque fois qu’ils ne coïncidaient pas avec ses intérêts.

Il s’agit de faits historiques vérifiés sur des preuves indiscutables qui sont chaque fois plus nombreuses grâce à la déclassification des documents secrets de la propre administration étasunienne. Et, néanmoins Bush parle de la démocratie en Amérique latine comme si elle était la seule autorité morale pour le faire. Ce fut les peuples d’Amérique latine qui ont récupéré leur démocratie à un prix démesuré en douleur et sacrifice, avec des milliers de morts, disparus et torturés par ces dictatures qui ont été soutenues par Washington et maintenant Bush veut leur donner des leçons de démocratie, allons donc ! Et en plus il propose des mécanismes de surveillance démocratique.

Les administrations américaines ont soutenu les dictatures du Cône Sud avec l’excuse d’éviter le communisme. Pour eux, ces dictatures ont été des réassurances de la démocratie. C’est à dire que les mécanismes démocratiques américains ne se sont pas avérés très démocratiques pour les latino-américains. Il est certain que les pays latino-américains n’ont pas une grande tradition démocratique et qu’ils la construisent avec effort, mais les Etats-Unis n’en sont pas le meilleur promoteur.

En outre, Bush a fait ce discours en même temps que son administration cherchait une façon élégante pour protéger un illustre terroriste, cubain (de nationalité vénézuélienne) Luis Posada Carriles, accusé d’innombrables de félonies sur ce continent. Beaucoup de résidents cubains à Miami, adversaires de Fidel Castro, ont été embauchés et ont été formés durant les années 60 par la CIA, entre eux Posada Carriles. Ils ont pris part à la déstabilisation du gouvernement de Salvador Allende au Chili, au Plan Condor, au meurtre du général Prats à Buenos Aires et à celui d’Orlando Letelier à Washington et ont fait exploser en vol un avion cubain de passagers, un fait inconnu encore dans l’historique de violence de la région. Durant les années 70, ces personnages ont conseillé les dictatures sur les pires de sujets. Bush père a été le directeur de la CIA durant ces années là et il conserve des relations étroites personnelles avec certains d’entre eux, comme Félix Rodriguez, l’agent de la CIA qui a donné l’ordre de tuer le Che en Bolivie et qui dirigé les conseillers cubain-américains au Salvador et au Nicaragua quand il fur le chef direct de Posada Carriles dans cette mission.

Posada Carriles s’est échappé d’une prison vénézuélienne où on le jugeait pour l’explosion de l’avion cubain et le Venezuela réclame maintenant son extradition. Plusieurs parlementaires américains et jusqu’au The New York Times ont demandé qu’il soit extradé, mais Bush insiste pour le protéger. Cette double morale du président américain est surprenante quand il donne des cours de démocratie sans montrer une attitude pluraliste et démocratique envers l’Amérique latine et qu’il donne des cous d’antiterrorisme quand il protège un responsable d’avoir fait exploser en vol un avion civil avec 74 passagers. En réalité ce qui étonne, c’est qu’en dépit de son ambiguïté tellement évidente, ce discours ait une certaine crédibilité dans les medias et dans la politique internationale.

Traduction libre et non officiel de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

Página 12. Buenos Aires, 8 juin le 2005

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