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27 juillet 2012

« La plaidoirie de 1953  » de Fidel Castro : Particularités et réussites

par Emilio Marín*

 

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Aujourd’hui Cuba fête « Le Jour de la Rébellion Nationale », avec une principale manifestation à Guantanamo. Dans les discours de ses leaders on verra beaucoup de points forts et les limites que son socialisme a encore. Il convient de relire « Le Plaidoyer  » de Fidel.

De toutes les dates nationales de l’île de José Martí, celle fêtée avec une plus grande conviction est celle du 26 juillet, Jour de la Rébellion Nationale . Presque tous les lecteurs doivent savoir qu’elle se réfère à la date où, au petit matin, Fidel Castro et 165 révolutionnaires ont attaqué deux casernes de Fulgencio Batista. L’une, la plus connue, « Cuartel Moncada », située à Santiago de Cuba ; l’autre, « Carlos Manuel de Gazons », à Bayamo. Ce n’est pas que cette jeunesse était militariste. Plusieurs de ses dirigeants venaient de la lutte universitaire et formaient l’embryon de ce qui s’est appelé le « Mouvement 26 Juillet ». Il se trouvait Batista avait fait un coup d’État en mars 1952, comploté avec autres 17 aventuriers, et inauguré une dictature cruelle. Des élections étaient convoquées pour quelques mois plus tard, mais les putschistes étaient débridés, comme en 1976 en Argentine, où il y avait aussi des élections prévues. Et comme au Paraguay en juillet 2012, quand les élections étaient proches. La patience avait été épuisée depuis un moment chez les patriotes cubains, étant donné que le coup de Batista remplissait à ras bord un verre qui déjà débordait par l’interventionnisme des Etats-Unis, de l’oligarchie vendue pour quelques sous, d’un système politique corrompu, d’une économie néocoloniale, de la misère, du retard social et d’une partie de l’île (celle de Guantanamo) directement louée à perpétuité aux Etats-Unis.

Une promesse non tenue

Aujourd’hui les Cubains font la fête à Guantanamo. Chaque année les provinces sont en compétition de façon saine pour réussir des plans économiques et sociaux tracés par le gouvernement présidé par Raúl Castro. L’année précédente la fête fut à Ciego de Avila et l’année d’avant à Villa Claira, où se trouve le musée du Che Guevara.

Cette fois sera dans le lieu où les Etats-Unis se sont emparés d’une base militaire et se la sont assurés via L’Amendement Platt (1902). En rendant hommage à l’assaut du Moncada à cet endroit, Cuba rappellera au monde cette spoliation et la trahison de Barack Obama à sa promesse de fermer la prison illégale. Il a juré qu’il la fermerait en janvier 2011 et on va un an et six mois sans tenir parole.

L’assaut mentionné s’est soldé dans l’immédiat par un échec, puisque les militaires ont pu défendre leurs positions, sur le fondamental, et ils ont fait valoir leur supériorité numérique et d’armements. Cependant, et pour que réfléchissent les triomphalistes dans toutes les activités politiques et de la vie, ce faux pas n’a pas signifié que les demandes des attaquants n’étaient pas justes et que leur plan n’était pas bien tracé. La furie de la tyrannie a été appliquée sur les prisonniers, qui ont été torturés avec barbarie et dont 75 assaillants ont été tués. Fidel et d’autres survivants furent calomniés comme quoi ls avaient été payés par l’ex-président Prío Socarrás.

Un brillant plaidoyer

En septembre 1953 , les procès des combattants ont eu lieu et, son dirigeant principal était jugé séparément, il est arrivé dans la salle de l’Hôpital Civil, où l’audience se tenait, après 76 jours de manque de communication absolu, sans avocat et sans Code ou lois à la main pour pouvoir se défendre. D’avoir accès la procédure, n’en parlons même pas. Le procureur avait requis 26 ans de prison. Que sont les chiffres, quand il y a une révolution sociale en marche. Cinq ans, cinq mois et cinq jours après la Moncada, la révolution descendue de Sierra Maestra a triomphé, le 1er janvier 1959.

Ils ont détenu le prisonnier deux ans, ils ont envoyés les plusieurs condamnés à l’île de Pinos et l’exil les a rassemblé au Mexique, pour revenir à bord du « Granma » pour prendre à nouveaux les armes.

Ce qui est remarquable dans la plaidoirie « L’histoire m’absoudra » c’est que l’accusé ne s’est pas défendu lui mais la cause collective. Fondamentalement ses arguments ont tourné autour de la dénonciation des crimes, expliquant ce qui s’était passé avec les tortures et les assassinats. Surtout ce fut une dénonciation phénoménale contre le régime de Batista et l’état lamentable dans lequel le pays était plongé.

La grande plainte

Fidel a dénoncé qu’ils avaient seulement laissé entrer dans l’anti chambre deux avocats et six journalistes, « journaux auxquels la censure ne permettra pas de publier un mot  ». Cependant, convaincu que l’on pouvait perforer ce mur de silence, il a parlé plusieurs heures, presque tout d’un coup, sans lire. Après avoir dénoncé les exécutions de prisonniers, il a dit : « au levé du jour, des groupes d’hommes étaient sortis du campement et transférés dans des automobiles à Siboney, La Maya, Songo, où on les faisait descendre les mains liées et bâillonnés, pour les tuer dans des endroits isolés. Après on les enregistrait comme morts au combat avec l’Armée ». Une similitude étonnante dans le procédé avec la dictature de Videla en Argentine.

Suivent les ressemblances. La Plaidoirie a dénoncé que « les mains criminelles qui régissent les destins de Cuba avaient écrit pour les prisonniers, à l’entrée de cet antre de mort, l’inscription de l’enfer : ’ Laissez tout espoir ».

Les survivants argentins du Camp d’Extermination « La Perla », ont dit que dans la salle de tortures il y avait une affiche qui disait : « Salle de thérapie intensive - les malades ne sont pas admis ». Et que dans celle du « El Vesubio » autre phrase : « si vous savez chanter, sinon, encaissez ».

En cherchant à démontrer que dans le Cuba de Batista n’existait pas de partage des pouvoirs et qu’était légitimé l’usage de la force insurrectionnelle, le jeune avocat a récité par cœur d’ innombrables auteurs : Jean de Salisbury, Saint Thomas d’Aquin, Martin Luther, Juan de Mariana, François Hotman, Johannes Althusius, Juan Poynet, Jean J. Rousseaux, etc. Au milieu de cela , il a cité l’argentin José Ingenieros. Éduqué par les jésuites, Fidel a mis l’accent sur Saint Thomas d’Aquin, selon lequel les tyrans devaient être démis par le peuple.

De géniales prévisions.

Loin de se limiter à dénoncer à la dictature, le prisonnier a aussi expliqué le sens politique de l’assaut la Moncada. Son idée était, en cas de triomphe, le soulèvement devait se poursuivre par une guerre triomphale, et voter cinq lois prioritaires.

La première loi révolutionnaire rendait valide la Constitution de 1940, reléguée en fait par les « Statuts de Batista » (autre coïncidence singulière avec les agissements de Videla-Massera-Agosti contre la Constitution l’Argentine, reléguée par les « Statuts du Processus de Réorganisation Nationale »).

La deuxième loi donnait la propriété aux colons, aux locataires et aux métayers qui occupaient jusqu’à cinq étables ou moins (67 hectares). La troisième loi octroyait aux ouvriers et au personnel le droit de partager 30 % des parts des grandes entreprises (le docteur Héctor Recalde, insitant avec son projet juste pour l’Argentine que les entreprises distribuent 10 pour cent de leurs gains). La quatrième norme accordait à tous les colons le droit de partager 55 pour cent du rendement de la canne à sucre. Et la cinquième loi révolutionnaire ordonnait la confiscation de tous les biens à tous les concessionnaires des gouvernements successifs, qui avaient tout volé.

Changer l’histoire.

À la différence des révolutions qui ne sont pas des comptes mais des « changements de quelques hommes pour d’autres, dans une nouvelle distribution de postes de travail et de bénéfices » (José Ingenieros), l’œuvre entreprise par ces jeunes hommes en 1953 allait changer sérieusement l’histoire. Cela a signifié la troisième étape du mouvement libérateur, en considérant la première comme celle de 1868 avec Carlos M. de Gazons et d’Antonio Maceo et la deuxième celle de 1886 avec José Martí. Moncada a été la troisième et c’était la bonne. La victoire.

C’est qu’une fois la conquête du pouvoir obtenue, les mesures se sont succédées, en consonance avec ce qu’avait été posé six ans avant. Ainsi, le 17 mai 1959 la première Loi de Réforme agraire a été établie. Avant tous les ouvriers qui avaient été licenciés ont étés réintégrés, les expulsions paysannes ont pris fin, la Compagnie de Téléphones a été reprise et les loyers ont été réduits de 50%.

Ceux qui n’ont jamais compris la valeur de la révolution cubaine devraient l’avoir appris, à presque 60 ans de Moncada : ce qui a été promis à ces gens fut réalisé et on a posé de nouveaux buts, pour aussi les atteindre. Un dernier exemple pour clarifier le concept. Le prisonnier a dit dans son Plaidoirie : « le campement de Columbia doit devenir une école et pour y installer là, au lieu des soldats, 10 000 enfants orphelins ».

Des centres scolaires

Cette principale caserne militaire a été transformée à Ciudad Escolar Libertad , le 10 mars 1959 et « il y a actuellement là 2 crèches, 1 établissement pour les préscolaires, 6 écoles primaires, 3 secondaires basiques, 2 écoles spéciales (pour s’occuper à des enfants handicapés visuels, aveugles et autistes), 1 école à vocation d’art, 1 institut préuniversitaire, 1 institut polytechnique (avec une pépinière pour la formation de techniciens de niveau moyen et un centre de recherche), 5 facultés universitaires de l’Institut Supérieur Pédagogique Enrique José Varona et 1 bibliothèque ».

Avec la Caserne Moncada, il s’est passé la même chose. Le 28 janvier 1960 le dirigeant cubain a présidé la manifestation où on l’a transformé en « Centre Scolaire du 26 juillet ». Ce jour là il a pu dire qu’enfin il avait pris la Moncada.

La Arena. Santa Rosa, lArgentine, le 26 juillet 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 27 de julio de 2012.

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