Portada del sitio > Imperio y Resistencia > Israel > L’état pourri égyptien est trop faible et corrompu pour agir
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Il fut un jour où nous nous inquiétions des « masses arabes »- les millions d’arabes ordinaires dans les rues du Caire, de Koweït, Amman ou Beyrouth- de leur réaction face à l’incessant bain de sang du Moyen Orient. Anwae Sadat pourrait-il contenir la colère de son peuple ? Et maintenant après trente ans de Hosni Mubarak - Mubarak peut-il (ou « La vache qui rit » comme on le surnomme au Caire) retenir la colère de son peuple. La réponse est, bien sûr, que les égyptiens, koweïtis et jordaniens seront autorisés à hurler dans les rues de leurs capitales, mais ensuite, ils seront encadrés avec l’aide de dizaine de milliers de membres de la police secrète et des miliciens du gouvernement au service des princes et des rois et des anciens chefs du monde arabe.
Les égyptiens demandent que Mubarak ouvre le point de passage de Rafah à Gaza, la rupture des relations diplomatiques avec Israël et même d’envoyer des armes au Hamas. Et il y a une sorte de bizarrerie dans la réponse du gouvernement égyptien : pourquoi ne pas se plaindre au sujet des trois passages que les israéliens refusent d’ouvrir ? Et de toute façon, le passage de Rafah est contrôlé politiquement par les quatre puissances qui ont établi la « feuille de route » pour la paix, dont les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Pourquoi alors s’en prendre à Mubarak ?
Reconnaitre que l’Egypte ne peut même pas ouvrir sa frontière souveraine sans la permission de Washington, nous dit tout ce qu’il faut savoir sur l’impuissance des satrapes qui gèrent le Moyen Orient pour nous.
Ouvrir le passage de Rafah - ou cesser les relations avec Israël- et les fondations économiques de l’Egypte s’effondrent. N’importe quel leader arabe qui prend ce type de décision verra que le soutien économique et militaire occidental lui est retiré. Sans subventions, l’Egypte est en faillite. Evidemment cela fonctionne dans les deux sens. Les leaders arabes ne vont pas continuer longtemps gesticuler pour n’importe qui ; Quand Sadate est allé à Jérusalem - il a dit à ses pairs, les leaders arabes « j’en ai assez de ces nains » et il a payé le prix avec son propre sang au Caire à la tribune lors d’une revue de ses troupes où l’un de ses propres soldats l’a traité de « pharaon » avant de le tuer.
La vraie honte de l’Egypte, n’est pas, cependant, dans sa réponse au massacre de Gaza. C’est la corruption qui est incrustée dans la société égyptienne où l’idée de service - santé, éducation, véritable sécurité pour les gens ordinaires - a simplement cessé d’exister. C’est un pays où le premier devoir de la police est de protéger le régime, où ceux qui protestent sont tabassés par la police, où les jeunes femmes qui sont contre le régime interminable de Mubarak -, probablement transmis tel le calife à son fils Gamal, quoi qu’on nous en ait dit- sont sexuellement agressées par des agents en civil, où les prisonniers dans le complexe de Tora-Tora sont forcés par leurs gardes de se violer entre eux.
En Egypte s’est développée une sorte de religion de façade dans la quelle le sens de l’islam a été effacé par sa représentation physique. Les fonctionnaires égyptiens et les officiels du gouvernement sont souvent scrupuleux dans leur façon de suivre la religion- pourtant ils tolèrent et ferment les yeux sur des élections truquées, violations de la loi et la torture dans les prisons. Un jeune médecin étasunien a récemment décrit comment à l’hôpital du Caire, les médecins occupés, bloquaient simplement les portes avec des chaises en plastique pour empêcher l’accès des patients. En novembre le journal égyptien Al-Masry al-Youm expliquait comment les médecins abandonnaient leurs patients pour assister aux prières durant le Ramadân.
Et au milieu de tout cela, les égyptiens doivent vivre dans une sorte de destruction quotidienne de leur infrastructure miteuse. Alaa al-Aswani a écrit, de façon éloquente dans le journal du Caire, Al-Dastour, que les martyrs du régime dépassent le nombre de morts des guerres de l’Egypte contre Israël, victimes d’accidents de trains, de naufrages de ferry, de l’effondrement de bâtiments, maladies, cancers et empoisonnement par des pesticides- toutes victimes, comme le dit Aswani, « de la corruption et des abus de pouvoir ». Ouvrir le passage de Rafah pour les blessés palestiniens - le personnel médical palestinien renvoyé dans sa prison de Gaza une fois les survivants ensanglantés des raids aériens débarqués sur le sol égyptien- ne va pas changer le dépotoir dans lequel les égyptiens vivent.
Sayed Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah au Liban, a semblé capable d’appeler les égyptiens « de se lever par millions » pour ouvrir la frontière avec Gaza, mais ils ne le feront pas. Ahmed Aboul Gheit, le timoré ministre égyptien des affaires étrangères pouvait seulement insulter les leaders du Hezbollah en les accusant d’essayer de provoquer « une anarchie similaire à celle qu’ils ont créée dans leur propre pays ».
Mais il est bien protégé. De même le président Mubarak.
Le malaise de l’Egypte est dans de nombreux cas aussi profond que celui des palestiniens. Son impuissance face à la souffrance de Gaza est un symbole de sa propre faiblesse politique.
Traduction de l’anglais pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi
The Independent. Londres, le 1 janvier 2009.