Livre : "L’intervention des États-Unis à l’Uruguay (1965-1973) - Tome II
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L’intervention des États-Unis en Uruguay à travers la CIA, les révélations de l’ex-agent Bardesio au MLN, la création de l’Escadron de la Mort, depuis l’exécution de Dan Mitrione, sont racontées par l’historienne Clara Aldrighi, dans un livre encore inédit, dont un extrait est retranscrit : "Durant les dix-huit mois qui vont d’août 1970 à avril 1972, l’action de la guérilla a occupé une place prépondérante sur la scène politique.
Ainsi le révèlent les rapports de la police et la presse de l’époque, les débats parlementaires et autres sources publiques. Les actions et les réactions se succédaient à un rythme vertigineux. Derrière la scène, cependant, des changements décisifs arrivaient. De façon soutenue soutenue, invisible pour l’opinion publique et le Parlement, le bureau de la CIA a multiplié ses effectifs. Des dizaines de fonctionnaires ont commencé à arriver, certains assignés aux sections distinctes de l’ambassade, d’autres sans couverture officielle.
L’équipe de Sécurité Publique a maintenu sa taille réduite. Mais son travail a été appuyé par des dizaines d’hommes de la CIA. À tel point que trois ans plus tard, quand était initié le processus du coup d’État, en février 1973, le premier secrétaire Frank Ortiz a communiqué à Washington qu’était heureusement arrivée l’heure de réduire le nombre de fonctionnaires de la mission, absolument disproportionné par rapport à la taille du pays, au volume d’échange commercial et aux investissements étasuniens.
En août 1970, 110 personnes à la solde du gouvernement des États-Unis remplissaient des fonctions à l’ambassade ; deux ans plus tard, en 1972, le nombre a atteint 363. Parmi ceux-ci, à peu près 150 appartenaient à la CIA ou la DIA - a expliqué Ortiz - et ils pourraient dans la nouvelle situation être renvoyés chez eux.
A l’automne 1971, certains de ces personnes ont formé un autre groupe, plus trié et secret qui a donné le coup d’envoi aux exécutions et aux disparitions de militants des organisations de la guérilla. Le choix des quatre premières victimes (Abel Ayala, Manuel Ramos Filippini, Héctor Castagnetto et l’Ibero Gutiérrez) fut en relation, directe ou indirecte, avec le cas Mitrione. De même le choix des personnes exécutées pendant les représailles du 14 avril 1972 a été, très probablement, en relation avec ce cas.
Les attaques effectuées par la DNII dans les propriétés d’Amazonas et de Pérez Gomar ont été projetées et supervisées par les instructeurs étasuniens de la Police qui avaient succédé Mitrione, qui ont préparé, aussi, le caractère (qu’ils définissent de « dévastateur ») des opérations. Parmi les attaquants se trouvaient au moins deux membres de l’escadron de la mort, l’inspecteur Víctor Castiglioni et le commissaire Hugo Campos Hermida.
Beaucoup de ce que nous savons à propos de l’escadron vient de sources internes au réseau, des informations fournies par les propres terroristes. Les révélations les plus connues sont les déclarations de Nelson Bardesio au MLN, pendant sa séquestration à la prison du peuple, entre le 24 février et le 15 mai 1972. Certains des membres de l’escadron ont été identifiés par la suite comme agents de la CIA. Parmi ceux-ci, comme on l’a dit précédemment, Bardesio , lui même ».
Extrait des bonnes feuilles du livre inédit :
"L’intervention des États-Unis à l’Uruguay (1965-1973)
– Tome II", de l’historienne Clara Aldrighi, présenté comme preuve judiciaire).
Traduit de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi
Voir :
Le cas Mitrione
L’intervention des États-Unis à l’Uruguay
(1965-1973) - Tome I