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30 mai 2013

L’Argentine avec ses 10 ans de Kirchnerisme

par José Steinsleger *

 

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Mini-sondage afin de mettre en évidence les options qui semblent raisonnables. Astuce : essayez d’éviter les demi-mesures (ne sait pas / pas de réponse / qui sait).

  • 1) Comment promouvoir une révolution sociale ?
    Avec organisation, intelligence politique et participation populaire ou en démontrant tautologiquement que le capitalisme est en crise ?
  • 2) Comment soutenir les changements économiques ?
    En redistribuant le revenu en démocratie, ou en attendant la révolution mette à fin la distribution inégale de richesses ?
  • 3) Comment renforcer la justice sociale ?
    En partant du beaucoup ou peu conquis, ou en imaginant que, de toutes façons, nos arrières petits-enfants vont défendre leur cause ?
  • 4) Comment faire pour défendre l’indépendance et la souveraineté ?
    En mesurant avec lucidité la corrélation des forces en litige, ou en déclarant la guerre à l’impérialisme ?
  • 5) Comment comprendre la notion de « vérité » en politique ?
    Depuis les relations de pouvoir qui oppriment les désespérés, ou depuis les idées qui passent par la tête des « soumis » ?

Merci beaucoup. Maintenant, si votre choix est la deuxième option proposée, vous êtes en ligne avec Hegel et Marx dans la supposition que le cours de l’histoire avance du « mauvais côté ». Je le comprends : pensait de même l’auteur à la fin de 2001, lorsque la courbe des suicides en Argentine a grimpé verticalement, et le futur Pape Francisco a levé les yeux au ciel en s’en remettant à son chef.

Mais depuis mai 2003 (et sans l’aide de Messi ou de l’élu), les Argentins ont commencé à être plus optimistes. Ce qui veut dire quelque chose. Je veux dire, bien sûr, les Argentins condamnés à l’extinction par le « seul modèle viable », après neuf ans de terrorisme d’Etat, et 20 ans de plus de collaborationnisme et de dégradation éthique, morale et institutionnelle.

Y compris, il manquerait plus que ça, les étranges classes moyennes du pays du Rio de la Plata. Celles qui, aujourd’hui, après s’être remises du pillage de leurs comptes courants et les dépôts à terme, hurlent contre la « dictature des « K » » parce que « Regarde, che, il n’y a pas de « liberté » pour « acheter des dollars » et « T’as qu’à voir, che, avec la nouvelle loi sur les services domestiques et l’allocation universelle par enfant et pour chaque femme enceinte, les ’bonniches’ coûtent un œil et la moitié de l’autre. »

A lecture du commentaire d’un roman publié par l’un des écrivains les plus cyniques d’Argentine (du calme, ce n’est pas le seul), je m’arrête à la phrase qui interpelle sur « ... la donne passionnée d’un peuple à un caudillo difficilement récupérable par l’Histoire ». Ou un autre qui se réfère au « nationalisme extrême et populiste ... non expliqué après une évaluation objective des tâches sociales réalisées par le caudillo  » (sic).

Je ne veux pas m’arrêter, pour la énième fois, sur des « schémas d’opinion » frappés par le Browderisme [Earl Russell Browder (1891–1973)] et le Livre Bleu du Département d’Etat en 1945, et assimilés sans discernement par ceux qui ne pourront jamais se débarrasser du fonctionnalisme libéral de Spencer. Aliénation passive de premier rang et dans laquelle existent de façon sous-jacente les causes qui ont empêché les marxistes de mener des révolutions politiques et sociales en Amérique Latine.

Et ce n’est pas à cause de l’absence (last but not least) de théories révolutionnaires. Les accompagner, oui. Certains ont donné des coups de pied dans la fourmilière et ont accompagné Sandino et Lazaro Cardenas, et accompagnent aujourd’hui les processus révolutionnaires au Venezuela, en Bolivie et en Equateur. Et dans le classement des fauteurs de troubles, ils auraient quatre, trois et deux étoiles, tandis que la mise en marche de l’Argentine en 2003 (peut-être la plus radicale de tous), aurait tout au moins une demi-étoile à cause du péché impardonnable de ne pas s’assumer « anticapitaliste », ni d’adhérer au « socialisme du XXIe siècle ».

Nombre d’intellectuels nient ou attribuent purement et simplement au « caudillisme » (?), qui obnubilerait la perspicacité de nos peuples, soutiennent que le péronisme aurait empêché en Argentine que la « lutte de classe » se développe avec clarté (et le programme, camarades ! Le programme !), un véritable processus révolutionnaire (?). D’où le « mystère » que suscite le péronisme dans les droites, et dans l’infanterie de la gauche alignée avec l’Armée du Salut.

Alors, il faut se mettre à jour : samedi dernier, à l’occasion de la fête nationale, et en réponse à l’offensive économique et médiatique brutale du pouvoir concentré du grand capital impérialiste, le kirshnerisme a rassemblé 700 000 âmes dans les rues de Buenos Aires.

Soutien et confirmation plus éloquents que celui connu par Juan Domingo Peron lors des trois gouvernements démocratiques, et dans lequel de vrais scientifiques se prononcent plus clairement que les politologues retors. Ainsi, le contenu de la lettre envoyée à La Jornada par le Dr Miguel Socolovsky était bref, concis et précis : «  en Argentine, une véritable révolution  » (27/05/13).

Socolovsky sait de quoi il parle : c’est un chercheur à l’Institut des Sciences Nucléaires de l’UNAM, et expert en physique théorique des hautes énergies et de la mécanique quantique. Et Cristina aussi : « ... Nous ne nous battons pas pour la liberté, mais pour l’égalité, qui est le grand signe de cette décennie et de celles à venir ... si vous ne vous organisez pas et ne participez pas, ils viendront pour vous comme ils l’ont toujours fait dans l’histoire ».

José Steinsleger pour La Jornada de México.

La Jornada. Mexique, le 29 mai 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo. Paris, le 30 mai 2013.

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