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13 de marzo de 2003

Horreur de l’Argentine d’aujourd’hui : Une société menemiste

por Hugo Presman

 

Aucune société ne descend aux enfers et en sort intacte. Aucun pays ne peut être traîné et se traîner par les égouts du terrorisme d’état, de la mort clandestine, des camps de concentration, de la dévastation néo-libérale et arriver à la démocratie comme un jeune ingénu, sans passé, pour qui le futur frappe à la porte.

Depuis les multitudes qui ont rempli l’Avenue du 9 juillet en octobre 1983 et les 19 et 20 décembre le 2001, il y a un long chemin de trahisons et de redditions honteuses. Il y a match nul monétaire et une mise aux enchères généralisée. Il y a des enrichissements incommensurables depuis et par l’état. Il y a la spoliation de beaucoup et l’enrichissement pour peu.

Une fois les portes de la démocratie ouvertes, par leurs sentiers ont transité de vastes secteurs de classe moyenne soudoyés par la dictature tueuse, avec le fanfaron « donne moi deux » du change, les voyages à l’extérieur et la culture spéculative des investissements financiers. "Ils ont découvert » tardivement qu’ils avaient été soudoyés pour ne pas voir, ni entendre et ils ont dissimulé les stickers qu’ils collaient enthousiastes aux vitres de leurs voitures comme "nous sommes droits et humains".

Maintenant ils découvrent à nouveau la démocratie et ils s’horrifient des barbaries qu’"ils ignoraient". Mais cela a été un apprentissage tardif et superficiel. Ils se sont amourachés d’Alfonsín jusqu’à ce que les génuflexions de l’avocat médiocre et petit provincial face à la hyper-inflation les déçoivent. Les promesses de Menem ont effrayé à la classe moyenne la plus conservatrice et « violente » jusqu’à ce que ce « riojano » soit arrivé au gouvernement et ait décidé de troquer son verbe enflammé par le discours "sérieux" d’Alvaro Alsogaray. Avec la convertibilité, transformée en fiction une fois les deux premières années passées, sont revenues les délicatesses importées, les voyages à l’extérieur, le crédit, les salaires sous la forme de pesos équivalents en dollars.

Le menemisme était la politique économique du Processus (militaire) en démocratie. Ils pouvaient voyager avec le prestige de venir d’une démocratie, avec des rêves du premier monde, loin des questions inconfortables sur les disparus, rejetées alors comme des infamies. Effectivement, en démocratie il n’y avait pas l’ESMA (centre de torture du Processus des années de plomb), mais les « chaudières » du crédit, de la concentration des revenus, de la parité monétaire nourries par l’endettement,la désindustrialisation, le chômage Avec un État incapable d’accomplir a minima ses fonctions élémentaires, les maffias ont commencé à agir de façon différente mais avec quelques points communs avec les sinistres « groupes de tâches » (qui s’occupent des sales besognes).

Les travailleurs qui ont perdu une bonne partie de leurs dirigeants moyens dans les oubliettes du Processus, ont reçu avec le menemisme des miettes du festin des autres et ont été ensuite désarticulés par la désindustrialisation et ont été dressés avec le chômage. Toute la législation du travail péroniste a été assouplie et "a été modernisée" par le menemisme, c’est-à-dire réduite à des cendres.

Les secteurs financiers développés à l’aune de la politique de Martínez de Hoz imposée à feu et à sang », ont considérablement étendu leur poids relatif jusqu’à arriver à produire et à effrayer par "les coups du marché". Avec les créanciers externes et les bénéficiaires des privatisations (quelques uns d’eux sont des anciens fonctionnaires), les investisseurs et les spéculateurs internationaux ont constitué un bloc d’enrichissement continu avec des contradictions partielles et éventuelles.

La dictature tueuse, les petitesses alfonsinistes, le menemisme principalement ajouté à l’incapacité et à la lâcheté de l’Alliance, la fuite en avant de la "sortie duhaldiste" ont conformé cette société permissive et chaotique, cyclothymique, sans loi ni justice, agenouillée et confuse, solidaire et égoïste, mobilisée et sans direction. Dans cette boite de Pandora, jusqu’au 19 et 20 décembre, ce fut un orage qui annonçait un changement de climat. Pendant 2002, on a fait taire le bruit des casseroles, mais les routes coupées par les piqueteros demeuraient avec persistance. La fumée des pneus incendiés remplace la fumée des cheminées des industries abandonnées. Dans ce contexte seulement, on peut comprendre les faits graves et récurrents dont nous souffrons.

La réalité délire

Des femmes luttant pour la destruction d’une urne à Catamarca (Province du nord-est argentin). Luis Barrionuevo -et son casier judiciaire- est majoritaire dans cette province. María Soledad fut récemment assassinée. Le Front Civique (Frente Cívico) doit avoir été très déplorable pour que les Saadi ce soient alliés avec Barrionuevo. En réalité il s’agit de clans féodaux qui ont mis -devant notaire- les provinces à leur nom et alternent dans la gestion du pouvoir politique. Le pays a tant reculé, cette société a tant était fouettée, que les années quatre-vingt-dix et ce qui va jusqu’au troisième millénaire ce sont superposés avec la décennie infâme.

De même et au-delà de l’épisode de 1930 à 1943, on conservait le rituel démocratique de voter régulièrement avec une certaine tolérance malgré des irrégularités occasionnelles. Barrionuevo, Castillo, Catamarca, ont levé le dernier voile démocratique avec la passivité du Président de la Nation, dans ses troupes desquelles milite le président d’ex Chacarita, un ex-ultra de Menem, et du Ministre de l’Intérieur menemiste, le fils affectueux Jorge Matzkín.

Vidée la démocratie, insultée la majorité des supposés représentants, dans leur intérieur entraînent les écorces des partis politiques.

Dans ce contexte, comme c’est habituel dans une démocratie cooptée par la racaille et les maffias, les témoins meurent. Ils meurent pathétiquement. Considérés avec indifférence, isolés, soupçonnés, détruits par l’absence de protection.

Lourdes Di Natale a vu passer l’ignominie d’une époque, où politiciens et chefs d’entreprise (Macri, Soldati, Rocca entre autres) se partageaient le pays. Hernández, Vicco, Yoma, la carpe. Et derrière tout "le Chef". Elle l’a raconté. Elle l’a réaffirmé. Elle l’a crié. Ils l’ont poursuivie. Ils l’ont isolée. Ils lui ont enlevé sa fille. Ils l’ont conduite à l’indigence et à la faim. Elle dormait sur le sol. Il ne lui restait même pas un lit. L’anorexie avait eu raison de sa dentition. Peu demeurait de son ancienne beauté. Elle a contribué comme personne, à ce que la délinquance « en gros » qui a détruit le pays passe quelques mois confortablement détenue. L’un dans une villa. Un autre dans une gendarmerie. Lourdes est tombé d’un dixième étage, elle s’est battue contre un consortium, qui comme un microcosme d’une société ébranlée était plus dérangé par le témoin courageux que par les délinquants qu’elle dénonçait, pour lesquels certains voteront.

Barrionuevo et Lourdes di Natale. Ils votent pour l’un. La dénonciatrice est accidentée ou ils la tuent. Un pays avec les quatre fers en l’air. Dans ce scénario, l’absurde n’est pas un invité mais l’hôte. Ce qui est peu probable devient possible, ce qui est inadmissible devient quotidien, la mort assassine la vérité, le mensonge joue à domicile et la Cour Suprême avec un timing politicien que beaucoup de candidats présidentiels envieraient, il agit comme un « groupe de tâches » mais judiciaire.

Une société menemista

Tous les candidats qui pouvaient gagner ont été des complices, avec plus ou moins d’intensité de la société dessinée dans le pillage euphorique des années menemistes. Si nous nous éloignons des candidats présidentiels, dans la Province de Buenos Aires on réitère le panorama. Sont bien placés Aldo Rico, Luis Patti et Felipe Solá. Dans la Capitale Fédérale Mauricio Macri et Gustavo Béliz. Jusqu’à il y a quelques jours Daniel Scioli, ultra-menemiste, aujourd’hui vice-président de Néstor Kirchner, avec discours anti-menemiste dont le nationalisme actuel est passé inaperçu lors qu’on a privatisé YPF.

Nito Artaza est l’expression la plus illustre de la société des années quatre-vingt-dix. Il a découvert l’insécurité juridique quand on a touché à ses dépôts à termes. Il serait disposé à incendier le pays jusqu’à qu’on lui restitue ses dollars. La Cour Suprême est bonne ou mauvaise selon qu’elle lui permet de récupérer ou non ses économies. Indifférent à toutes les blessures qui marquent la société, il ressemble à ceux qui pour aller à la plage à Miami se moquent bien de combien de postes de travail sont perdus. S’il faut opter entre le droit de propriété propre et le droit à la vie d’autrui, le "je m’en fout" se transforme en "moi d’abord".

Où sont-ils les casseroles? Qu’est ce qu’il y avait à l’intérieur ? La majorité de ceux qui frappaient leurs outils de cuisine, voulaient récupérer, avec leur argent, la fiction des années quatre-vingt-dix. Ils ne faisaient pas le rapport entre le fait qu’ils apportaient leurs économies pour faciliter la fuite de capitaux des puissants, et qu’avec la chute du modèle s’était effondré le rêve du premier monde construit avec des ciments de fantaisie.

Les casseroles entreront-elles dans les urnes? Et si on les utilise pour recréer les recettes qui ont produit cette indigestion? Beaucoup de morts nous ont éloignés des coups militaires. De combien de morts de faim, de combien de morts politiques, de combien de spoliés aurons-nous besoin pour nous éloigner des livres de cuisine néo-libérale? Combien de fois présentera-t-on le même repas avec une décoration différente? Un troisième gouvernement de Menem sera-t-il nécessaire pour que les secteurs aux plus petits revenus constatent à travers leur expérience historique, que ce dont ils manquent aujourd’hui a été volé hier dans la vente irrationnelle du patrimoine national, dans l’ouverture sans discrimination, dans le pillage sans limite ? Que le futur de leurs fils s’est évaporé précisément durant ces quelques années qui réveillent aujourd’hui des nostalgies ? Que l’endettement produit par l’acquisition de produits exotiques dont débordaient les gondoles est aujourd’hui un pierre au cou qui oblige à travers l’application des politiques du FMI, à des scènes de malnutrition extrême? Que la désindustrialisation apparue avec l’ouverture sans retenue et avec l’application de politiques sans anesthésie ont comme contrepartie un chômage criminel dont nous souffrons ?

Avec la désertion de ceux qui conditionnent leur cerveau à la taille de leurs poches, il y a une musique authentique de casseroles solidaires, qui ont donné un repos à son indignation, en espérant que surgissent meilleurs jours.

Dans ce scénario là, comme un symbole d’un nouveau recul, dans « Las Lomitas » on lèvera un monument à Carlos Menem, de trois mètres de hauteur. Il ne faut pas s’étonner. Canning a donné son nom à une importante avenue. Jusqu’à ce qu’un gouvernement populaire l’ait remplacé par le patriote Raúl Scalabrini Ortiz.

Titre original : Une société menemista

Argenpress.info

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