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17 novembre 2009

Golpistas.com :
Argentine : La sécurité, incertaine.
Adolfo Pérez Esquivel.

par Adolfo Pérez Esquivel

 

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À plusieurs reprises les personnages du moment ; la diva du téléphone "SU" [Susana Gimenez], réclame la répression et propose la peine capitale pour ceux dont on suppose qu’ils portent atteinte à la sécurité.

Le médiatique et amusant monsieur Tinelli [Vedette du showbiz genre TV Berlusconi] et la dame des déjeuners Mirtha Legrand, ont des médias audiovisuels à leur disposition et ajoutent leur plainte et convoquent une réunion pour la « sécurité » ; ils sont fatigués et craignent que les pauvres coupent les routes, les avenues, et qu’ils provoquent le chaos citadin ; ils en ont marre des piqueteros qui réclament du travail et la sécurité pour leurs familles et la communauté.

Les media d’incommunication, communiquent les catastrophes et annoncent « l’Apocalypse Now » ; le Groupe Clarin et la Nacion forgent la campagne de déstabilisation du gouvernement. La Pythonisse clame toute sorte de calamités et envoie des lettres aux ambassades, annonçant que, l’unique garant institutionnel de la Nation est elle-même et rien d’autre.

Ils prétendent ignorer que le garant unique de la démocratie, c’est le Peuple. Josué de Castro, médecin brésilien qui était directeur de la FAO, dans son œuvre « La Geografía del Hambre » (La Géographie de la Faim) dit : « Les pauvres ne dorment pas parce qu’ils ont faim, et les riches ne dorment pas parce qu’ils ont peur de ceux qui ont faim ».

Comment pouvons-nous travailler et obtenir que tous dorment sans sursauts et que, ceux qui ont plus, apprennent à partager le Pain et la Liberté, avec ceux qui ont moins ?

Mais non, les personnages riches et connus de la télévision réclament « sécurité et main dure contre les pauvres ». Je me rappelle d’un de mes professeurs de philosophie, Galindez, qui disait que : « dans le théâtre grec les acteurs utilisaient des masques et après avoir terminé la représentation devaient les enlever et recommencer à être des personnes ». Il y a des personnages qui continuent de jouer et ne veulent pas ôter le masque par peur d’être une personne. Le professeur nous apprenait que : « c’est plus difficile d’être un quelqu’un, qu’être un docteur ».

Tirez vos propres conclusions les personnages ; c’est une bonne leçon. Il faut leur demander pourquoi se sont-ils tus quand la Société Rurale et la Fédération Agraire ont arrêté le pays pendant 4 mois pour déstabiliser et influencer le gouvernement et ont gardé le silence en face de la voracité économique de la soi-disant « paysannerie du soja et d’autres herbes » ; ce sont ceux qui détruisent les montagnes et expulsent les paysans et les indigènes ; qui est-ce qui pendant la grève a jeté des milliers de litres de lait et des aliments depuis les camions et remorques sur les routes, tandis que plus de 10 millions de compatriotes sont dans la pauvreté. Ils ne peuvent pas ignorer que les propriétaires terriens et leurs alliés imposent les monocultures, la désertification et la contamination, et tout cela ils le font dans une totale impunité.

Je demande : Qui est-ce qui devient responsable des pertes endurées par les victimes du blocage des propriétaires terriens ? Ils doivent savoir que beaucoup de secteurs sociaux travaillent et luttent contre l’insécurité ; mais la vision et la compréhension est différente de celle des riches et des célèbres...

Ont-ils demandé aux enfants qui vivent dans la rue, affamés, punis et ignorés par une société injuste, quelle est leur sécurité ? - Ont-ils parcouru une ville ou des campements et ont-ils demandé aux habitants quelle est leur sécurité ? - Ont-ils pensé aux peuples originaires à qui les « entrepreneurs terriens » prennent leurs terres, et les obligent à émigrer à la périphérie des grandes villes et à former des piquets pour réclamer leurs droits ?

Ceux qui ont campé 33 heures, dans l’Avenue 9 Juillet, n’étaient pas là par goût avec bébés et enfants ; supportant froid, chaleur, pressions et l’indifférence sociale. Ils réclament du travail, pas de la mendicité ; ils ont eu le courage de dénoncer le clientélisme politique des municipalités sous le joug des hommes de main politiques et le manque de réponse officielle.

La même revendication s’étend dans le pays, comme cela se passe à la Quiaca [frontière avec la Bolivie], quand en janvier, quatre cents habitants, en majorité des femmes, se sont déclarés en grève de la faim avec leur faim, pour réclamer un travail et des conditions de vie pour leurs familles.

Les gens cherchent de résoudre leurs problèmes, et quand ils ne sont pas écoutés par les responsables des gouvernements provinciaux et du gouvernement national, ils se mobilisent pour atteindre leurs objectifs à travers des actions de résistance non-violentes.

A Tucumán il y a des « quartiers privés » ; ce serait bon que les parcourent ceux qui mangent tous les jours et qui sont obligés d’être au régime pour ne pas grossir et qui se « sacrifient au gymnase ».

Ils vérifieront que les « quartiers privés » ont proliféré. Oui, privés de lumière, d’eau, d’asphalte, d’école, de santé, de travail et de sécurité. Plus « privés », impossible.

Ont-ils oublié le pillage de 2001 et 2002 dont le peuple a souffert quand ils ont sorti tout le capital du pays et ont laissé les autres avec une main devant et l’autre derrière, et les épargnants dans le « corralito » ont vu se volatiliser leur économie ?

Nous avons besoin de faire un effort tous les secteurs sociaux, culturels, politiques et religieux pour réparer le corps social et non pour le détruire. Il faut apprendre des travailleurs des usines récupérées et des petits producteurs ruraux ; ce sont des exemples de résistance sociale et ils ont des propositions concrètes.

On est en train de déclencher une campagne avec une animosité conjurée ; nous voyons une exacerbation permanente pour déstabiliser le gouvernement et pour provoquer la violence du verbal au social et structurel. Ils critiquent jusqu’aux 180 pesos par enfant [31.54€ d’allocation familial]. Toute chose que fait le gouvernement c’est mal, mais ils ne proposent rien de meilleur.

Les médias manipulent l’information et attisent les tensions et les conflits ; réclament la « liberté de la presse, en la confondant avec liberté d’entreprise », ils crient et vocifèrent contre la Loi des Médias Audiovisuels. Ils se sont tus pendant 25 ans sur la loi imposée par la dictature militaire, avec laquelle ils étaient d’accord parce qu’elle leur garantissait le monopole des médias et le contrôle de l’information du pays.

Nous sommes en face d’un « aquelarre politique et social » qu’a rarement vécu le pays, chargé d’une forte virulence contre le gouvernement. C’est inquiétant et dangereux. Je suis critique sur le gouvernement et je le manifeste publiquement ; il y a des actions politiques contradictoires que je ne partage pas par leur incohérence entre le fait de dire et de faire ; mais il faut trouver des alternatives sociales, culturelles, économiques et politiques.

Il y a longtemps qu’on sent dans l’atmosphère une forte odeur de pourrie, chargée de mots dévalués et violents, qui vont au-delà d’être une opposition politique ; on sent une mauvaise odeur du style hondurien qui met à mal la démocratie.

Le gouvernement il faut le soutenir, au-delà du fait que nous sommes d’accord ou non avec sa politique, je le ne suis pas personnellement, et l’on se doit de réclamer et d’exiger qu’il corrige les erreurs politiques qui portent atteinte au peuple ; réclamer transparence et éthique dans l’exercice de sa fonction et gouvernabilité.

Ceux qui disposent des médias ont la responsabilité d’agir avec sagesse et prudence et de ne pas les utiliser avec des attitudes golpistas.com. L’autre chemin est la complicité pour provoquer l’incontrôlabilité et l’affrontement entre argentins.

Aux aboyeurs publics qui cherchent à imposer la répression et la peine capitale, il faut dire que ce sont les chemins de l’autoritarisme et les régimes dictatoriaux dont le pays et le continent a souffert. Nous n’avons pas lutté et souffert pour reculer. Le coût a été très élevé et les blessures font encore mal.

Il est nécessaire de réparer le corps social et de trouver des chemins vers un nouveau « Contrat Social » avec notre peuple et de défendre les espaces de liberté.

Nous disons aux golpistas.com. « Plus jamais ça ».

Adolfo Pérez Esquivel est Prix Nobel de la Paix 1980.

Traduction libre et non officielle de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

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