Portada del sitio > Imperio y Resistencia > Bloques regionales > BRICS > China > GEAB n° 932015 - Médias, finances, système-pétrole, appareil (…)
por
Todas las versiones de este artículo: [Español] [français]
Dans le chaos qui caractérise toute crise, les discours explicatifs se multiplient comme autant de tentatives d’imposer sa vision du monde, dont l’enjeu est la domination de celui-ci. La « béance » [1] chaotique ouverte par une crise est aussi un espace de guerre narrative dont les vainqueurs seront soit les plus forts (pour un temps court), soit les plus lucides (pour un temps long).
Pour le citoyen ou acteur lambda, la grande difficulté consiste à ne pas perdre la tête au milieu de ces innombrables storytellings. La mission que se donne le GEAB depuis janvier 2006 est précisément celle-ci : aider ses lecteurs à dépasser les évidences et les bruits dominants, et tenter de se rapprocher au plus près de la réalité des évolutions profondes. Ce travail est important à titre individuel dans les décisions que chacun doit continuer à faire dans un contexte instable. Mais c’est plus important encore sur le plan collectif, car le choix narratif est bien entendu un choix d’avenir. Or, entre la narration qui s’impose par la force et celle qui prévaut par la réalité, une société peut s’enfermer dans un système idéologique ou s’engager résolument dans un monde ouvert.
Au XXe siècle, les peuples qui ont basculé dans des systèmes idéologiques déconnectés de la réalité ont probablement eu peu le choix. Aujourd’hui, les sociétés ultra-connectées et multi-informées ont une vraie responsabilité du choix de leur avenir. C’est pourquoi le GEAB et l’anticipation politique, sans prétendre avoir toujours raison, proposent une grille de lecture des narrations tentant d’optimiser l’objectivité et aider ses lecteurs à conserver le plus possible de distance face aux événements, à distinguer entre information factuelle et opinion, entre information fallacieuse et information fiable, et à se donner les outils pour forger et avoir confiance en sa propre opinion.
Nous avons déjà évoqué le fait que 2015 serait caractérisé par un « chevauchement monstrueux » entre monde d’avant et monde d’après, où les deux mondes sont en apparence à égalité : l’un par la puissance des outils de pouvoir dont il disposait et qui sont encore opérationnels (médias, armées, finance…), l’autre par sa force intrinsèque.
En réalité, le monde d’avant est désormais éminemment affaibli et son résidu de domination n’est plus que le fruit de ses efforts surhumains à « faire parler » ses outils de puissance à sa place, effort dans lequel il s’épuise, tout autant que l’URSS s’était épuisé dans la course à l’armement.
Notre équipe a choisi de rendre publique la première partie de la section « Perspectives », consacrée aux outils de puissance en crise, sachant que la deuxième partie propose une analyse du QE européen et de la parité euro-dollar.
Observons un instant où en sont ces fameux outils du pouvoir du monde d’avant :
Alors, bien sûr, ces quatre piliers de la puissance du monde d’avant n’ont jamais crié aussi fort que maintenant. Et les grincements stridents de tous ces outils émoussés créent de vrais dangers :
C’est ainsi que l’affaiblissement considérable des outils de pouvoir, qui restaient l’apanage d’un monde d’avant malade, fait courir encore un temps des risques importants à la planète, à savoir : risques de guerre (pétrole, Otan), risques d’enfermement idéologique d’un camp occidental sur lui-même (médias), risques d’effondrement économique (marchés financiers)… (...)
Geab n° 93. Paris, le 15 mars 2015.
[2] Notre équipe s’est souvent demandée dans quelle mesure la sortie de route de l’étalon-dollar ne se ferait pas plutôt par le haut que par le bas. La surchauffe actuelle de la monnaie étasunienne, même si elle n’est pas définitive, semble consommer actuellement la transition du dollar US hors de son statut d’étalon mondial.
[3] Le grand nettoyage, en particulier aux États-Unis, s’est certes surtout produit au début de la crise (2008-2010), et le nombre réduit de survivants rend plus anecdotiques leurs difficultés. Cela dit, les banques souffrent toujours comme en témoigne cette liste de licenciements et faillites récentes : Boston Bank, Doral Bank Puerto Rico, banques hongroises, banques polonaises, ANZ Bank Australie, Bank of America, JP Morgan, Royal Bank of Scotland, etc…08/01/2013)
[4] Sources : La Tribune, 08/01/2013; CNN, 27/12/2012
[6] Source : BusinessBecause, 18/02/2015
[7] Source : Deutsche Welle, 01/03/2015
[8] Source : The Guardian, 19/04/2012
[9] Source : Washington Post, 12/03/2015
[11] Nos équipes ont constaté une hystérie sur la prétendue guerre médiatique entre l’Occident et la Russie, qui semble autoriser l’usage de discours propagandistes pour équilibrer les forces en présence. Un média comme Ukraine Today, par exemple, s’est créé dans le camp occidental ukrainien avec pour objectif officiel de faire de la contre-propagande (soit de la propagande, bien entendu). Il est intéressant de lire ce que dit la BBC sur ces questions (03/03/2015)
[12] Source : New Statesman, 27/11/2014