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16 octobre 2007

Proyecto Sur

Elections du 28 octobre. Fernando « Pino » Solanas :
" Finissons avec l’échec" en Argentine.

par Fernando Pino Solanas

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Au cours des dernières décennies les argentins ont supporté des échecs et des trahisons. Fatigués de ces mauvais traitements, à la fin de 2001, ils sont descendus dans la rue avec le slogan "qu’ils s’en aillent tous". Comme le 17 octobre [1] et le Cordobazo [2], le peuple se fit entendre. Cependant, les assemblées n’ont pas réussi à construire leurs propres représentations politiques et en 2003 on a fini pour voter pour le moins mauvais. Devant le manque d’enthousiasme et les questions que l’élection du 28 octobre 2007 génère, notre décision d’y participer a reçu de nombreux appuis, tandis que d’autres nous montrent leurs doutes. Ils sentent que le système électoral est dans un piège et que le chemin adéquat serait de continuer à construire seulement depuis le bas avec les organisations sociales. Mais la leçon que donnent les luttes et les mobilisations de ces décennies est que la construction sociale sans une construction politique nous porte à une impasse.

Certains soutiennent que c’est une erreur de nous présenter maintenant par manque de temps et de ressources ; qu’il serait meilleur lancer notre espace après les élections. Mais c’est dans les temps électoraux quand les débats sont ouverts. Le mieux est l’ennemi du bien : les débuts sont toujours confus, aucune initiative ne peut grandir si elle ne commence pas à se mettre en marche. Nous ne pensons pas arriver maintenant : il s’agit de planter les drapeaux de notre proposition, d’obtenir des sièges et d’avancer vers 2009 pour disputer le gouvernement en 2011. Nos objectifs ne sont pas seulement électoralistes ; nous cherchons à pousser avec d’autres forces un mouvement national, politique, social et culturel, capable de réaliser les idéaux d’indépendance tant de fois trahis. « Proyecto Sur » - auquel participent Alcira Argumedo, Julio Raffo, Luis Brunati - est né il y a cinq ans á côté du M.O.R.E.N.O, pour élaborer une proposition transformatrice. Nous additionnons nos efforts à ceux de Claudio Lozano et à Buenos Aires pour Tous ; Mario Mazitelli, Jorge Selser et le Partido Socialista Auténticoe et les travailleurs sociaux comme Angel Cadelli et Ana Lorenzo ; parce que tous nous avons affronté les dictatures, le néolibéralisme, l’injustice et le pillage du pays. Maintenant nous insistons : Il est temps de réveiller une conscience émancipatrice des Caraïbes jusqu’à en Patagonie.

Ceux qui craignent qu’enlever des votes à Cristina Fernández, c’est faire le jeu à la droite, bien qu’ils ne partagent pas toutes leurs politiques, définissent les Kirchner comme l’option de centre-gauche. Mais avec quelle loupe voient-ils ? C’est un gouvernement progressiste, qui est composé par d’ex-fonctionnaires de Menem et de Duhalde ; allié aux mêmes gouverneurs, aux mêmes maires corrompus de la banlieue de Buenos Aires et aux mêmes cliques syndicales ; tous protagonistes du pillage national et de la perte des droits sociaux des travailleurs ?

Les bonnes mesures du gouvernement Kirchner - les droits de l’homme, la Cour Suprême, le retrait de l’ALCA - ne doivent pas nous faire oublier que le modèle fiscal de Menem est maintenu, que la croissance économique n’a pas généré de distribution de la richesse, qu’il y a encore quatorze millions de pauvres, d’indigents, la malnutrition et trois millions de malades de la fièvre de Chagas, que sont maintenues la Loi de Radiodiffusion et celle d’organismes financiers de Martínez de Hoz en vigueur depuis la dictature, qu’il n’a pas empêché la vente aux étrangers de la terre et des entreprises nationales, qu’il a fait voter la loi antiterroriste et a aggravé la cession de l’exploitation du pétrole et des mines à des multinationales.

Néstor Kirchner a voté la privatisation pétrolière sous Menem qui a coûté à la Nation une perte de plus de 200.000 millions de dollars. Aujourd’hui il a donné le feu vert à une re-privatisation de l’hydrocarbure avec la prorogation des concessions jusqu’à 2047 c’est-à-dire jusqu’à l’épuisement des réserves, quand elles pourraient être exploitées par la Nation et les provinces conjointement. En des temps où le pétrole se raréfie et ce qui est la cause de guerres atroces, agir ainsi constitue une trahison à la Patrie et à la jeunesse, parce que ce sont les ressources de nos enfants et de nos petits enfants.

Ce qui perdure sur une bonne partie de citoyens c’est la crainte au changement : la convalescence d’une culture de l’échec régnant depuis des années quatre-vingt-dix, qui nous a fait sentir que la réalité ne pouvait pas être changée. Une sorte de fatalité enracinée dans nos sentiments que nous devons vaincre, parce qu’existe une possibilité réelle de transformer le pays.

Par ces raisons nous croyons que c’est le moment propice pour commencer à construire une alternative politique. Aujourd’hui existe dans le pays une nécessité, une urgence et un vide politique. L’espace national, populaire et démocratique n’a pas de représentation : tous les candidats médiatiques expriment des variantes du centre à la droite. L’élection du 28 octobre 2007 n’est pas une simple pièce de rechange présidentielle mais approfondissaient le modèle néolibéral, dans son essence, qu’est commun à Cristina Fernández et à Lavagna, à López Murphy, à Sobisch, à Rodríguez Saá et à Elisa Carrió. Derrière un apparent progressisme, les propositions de la Coalición Cívica ne vont pas au-delà de propositions institutionnels et que offre comme ministre d’Économie le libéral Prat Gay. Aucun de leurs modèles ne controverse le model agro-minier-exportateur de Menem et de la spoliation des ressources, qu’est maintenant approfondie par Kirchner.

Notre offre n’est pas simplement occasionnelle : Proyecto Sur est la seule proposition qui démontre la possibilité d’en finir à court terme avec la pauvreté et le chômage et d’impulser un fort développement industriel. Comment ? En revenant à la grande politique de l’État qui de 1907 à 1989 a fait de l’hydrocarbure une ressource stratégique et un service public. La rente pétrolière s’élève aujourd’hui à 16.000 millions de dollars par an, avec quoi il est possible d’atteindre une souveraineté alimentaire, d’en finir avec l’indigence, la pauvreté et le chômage ; faire réparation aux peuples indigènes en leur restituant leurs territoires et leurs droits et permettre à la jeunesse qui fût la victime des plans d’ajustement [du FMI], leur remettre à niveau et son insertion au travail. De plus, il est précis de reconstruire l’État, de démocratiser les institutions, d’avancer avec une réforme constitutionnelle qui intègre la démocratie participative et de relancer les grandes industries de l’État, le plan sidérurgique et le développement scientifique.

Il s’agit de reconstruire une éthique publique capable de protéger ce qui est à tous et de revendiquer des principes et des valeurs en désuétude : solidarité, participation, honnêteté, amour de la Patrie. Nous avons besoin d’en finir avec l’échec, de reconstruire la confiance, de recommencer à nous retrouver, ceux avec qui nous avons partagé des luttes et un espoir pour nous convaincre de qu’unis nous pouvons vaincre. Le 13 décembre 2007 on fêtera le centenaire de la découverte du pétrole dans le pays : L’Argentine peut nationaliser le pétrole et le gaz si le peuple est mobilisé comme les frères boliviens l’ont fait avec Evo Morales, et aucune multinationale pétrolière n’est partie de la Bolivie. Nous voulons les convoquer à cet appel à la Patrie : aujourd’hui une ligne de fracture existe entre ceux qui proposent la récupération du pétrole et des minerais et ceux qui étouffent ou défendent la délégation des ressources.

Candidat à la présidence et au sénat pour le Proyecto Sur.

Página 12. Buenos Aires, le 16 octobre 2007.

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Traduit de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

Notas de traduction :

Notes

[1Le 17 octobre 1945, en Argentine, le colonel Juan Domingo Perón est sorti de prison sous la pression des syndicats et d’une grand partie du peuple argentin. C’est le début d’une aventure politique foudroyante qui va ruiner pour longtemps les Argentins.

[2Le Cordobazo fut une mobilisation insurrectionnelle dans la ville de Cordoba (2ème ville argentine) qui fut l’expression de la résistance qu’ont opposé un nombre important de travailleurs et des étudiants a la politique global de la dictature du moment.

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