Accueil > Empire et Résistance > Ingérences, abus et pillages > Dîner douteux dans le Régiment des Patricios des "amis" du peuple argentin
Ainsi, il n’y a pas de médicament anti-crise de foie qui suffise pour palier les nouvelles révélations de la réunion de jeudi dans la nuit dans le Régiment de Patricios (équivalant de la Garde Républicaine française) révélé hier par Página/12. La pièce maîtresse en fut le général qui pariait sur la continuité du menemisme. Le rôle de lobbiste alfonsiniste Nosiglia et son lien avec Massot (homme de presse et ex ministre de Menem), Raúl García (ex journaliste). Le « Marché Libre » passe à l’attaque. Nosiglia a une présence active parmi les militaires en retraite et des financiers douteux. Sur chaque marché, avoir un contact approprié, tell est la nouvelle méthode douce de la droite argentine.
Par Martin Granovsky
Pàgina 12, le 12 mai 2004
Le dîner clandestin dans le Régiment des Patricios révélé hier par Página/12 a pris hier une autre tournure : une enquête du Gouvernement a déterminé que l’instigateur principal a été le général en retraite Daniel Reimundes que le président Néstor Kirchner a retiré du service actif avec le chef d’État-Major de l’Armée Richard Brinzoni. Reimundes s’ajoute ainsi au deux personnages centraux, le radical Enrique Nosiglia et le directeur du journal Nueva Provincia de Bahia Blanca, Vicente Massot. Le dîner, auquel selon des fonctionnaires du Gouvernement ont assisté 70 personnes environ, a été réalisé dans le messe d’Officiers de Patricios le jeudi soir .
À 22h30, par ordre présidentiel, ont fait irruption le ministre de la défense, José Pampuro, et le numéraux deux de l’Armée, le général Mario Chretien, accompagné par le chef du Premier Corps, qui siège à Palermo, Carlos Antonio Esteves.
La surprise fut si grande que seul un grand silence accueilli le ministre Pampuro. Le genre de silence que rencontre le maître de maison qui arrive à sa propre maison et découvre une fête à laquelle il n’avait pas été invité.
Un menu de questions
Le président Néstor Kirchner avait ordonné au ministre de la défense José Pampuro d’aller au régiment de Patricios pour voir qui dînait là. Pampuro n’a pas pu être accompagné par Robert Bendini, parce que le chef de l’État-Major était dans un dîner avec un général français, alors le ministre fut rejoint par le numéro deux, Mario Chretien, et avec le chef du Premier Corps, Carlos Esteves. Si aucun de trois n’a pu répondu à la question de Kirchner sur le moment, on doit déduire qu’ils ne connaissaient pas l’existence d’un tel dîner qui avait lieu au même temps.
L’information laisse quelques questions ouvertes :
– Qui est-ce qui a loué le local dans l’enceinte du Régiment de Patricios ?
– Le chef de Patricios, le lieutenant colonel Carlos Maria Marturet : n’a-t-il informé aucun de ses supérieurs ?
– Marturet ou l’un de ses supérieurs : n’ont-ils pas contrôlé les personnes présentes dans les installations du Régiment de Patricios ?
– Une caserne de l’Armée : peut-elle héberger un dîner dans lequel des hommes politiques se combinent avec des chef d’entreprises, mais surtout avec de très actifs opérateurs d’intelligence de ces dernières années ?
– Quelle est la relation du monde des finances avec ces opérateurs ?
– S’il s’agit d’un dîner simple de camaraderie : qu’est-ce qui unit ces vieux camarades ? Le passé, ou aussi la mise en place des plans pour l’avenir ? Et dans ce cas-là : lesquels ?
Points de repère :
On pourrait parler d’une nouvelle forme de conspirateurs : pour eux il ne s’agirait pas d’abattre le régime démocratique mais à le saper depuis l’intérieur, depuis les structures de l’Etat , ce qui est d’autant plus dangereux . Clairement il y a eu la volonté de ne pas informer le gouvernement ou l’Etat major de l « armée de ce diner. Pour mémoire Reimundes fut attaché militaire à Washington, Brinzoni a essayé de négocié l’impunité des crimes de la dictature en s’appuyant sur l’Eglise Catholique, Massot fut vice ministre de la défense Menem et a décrit dans une interview à la Nacion le dernier gouvernement militaire comme une opportunité perdue. Mais la grande question c’ est que faisait dans ce diner Michel Iribarne l’un des directeurs de M.A.Bank, aux cotés de l’ex-financier Ortega Aldo Ducler, qui fut dans l’orbite d’hommes politiques comme Armando Gostanian, Carlos Menem et Carlos Ruckauf, à travers certaines opérations liées au cartel de Juarez conformément à l’enquête de la députée Elisa Carrió sur le blanchiment d’argent avec les Etats-Unis.
Traduction pour El Correo Carlos et Estelle Debiasi