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1ro de septiembre de 2002

Comment l’Amérique domine le monde

 

Pour qui veut comprendre le monde, voici un livre-événement. Spécialiste bien connu des questions stratégiques, Alain Joxe entreprend de réanalyser la doctrine stratégique américaine, et de donner un sens à ce qui a souvent toutes les apparences du chaos.

Les États-Unis d’Amérique votant une motion enjoignant sur un ton comminatoire à Israël de se retirer des territoires palestiniens. Puis, le Président des États-Unis, apportant, une heure plus tard, son soutien à Ariel Sharon, le Premier ministre israélien. Puis, le secrétaire d’État Colin Powell revenant bredouille d’une tournée au Proche-Orient au cours de laquelle il a essuyé un refus catégorique du même Ariel Sharon. Puis, George W. Bush saluant le Premier ministre israélien comme un « homme de paix », alors que les télévisions du monde entier montrent les ruines fumantes de Jénine.

En revoyant le film des événements de ces dernières semaines, on se dit que l’empire du chaos, pour reprendre le titre de l’essai d’Alain Joxe, c’est d’abord le chaos de l’Empire. Mais on se dit surtout que nous avions bien besoin d’un livre comme celui d’Alain Joxe. Car jamais sans doute depuis la Deuxième Guerre mondiale le monde ne nous était apparu aussi indéchiffrable. Le passage de l’équilibre de la terreur à l’hyperpuissance américaine induit depuis dix ans des bouleversements profonds. Mais les caractéristiques particulières de l’administration Bush ont encore ajouté, depuis quinze mois, à la confusion. Le pouvoir pétrolier, comme le nomme si justement Alain Joxe, ne s’embarrasse d’aucune fioriture. Il va droit à ses intérêts les plus immédiats. Contrairement à l’équipe Clinton, l’entourage de George W. Bush n’est pas très complexé par des problèmes d’images. L’extrême brutalité et l’extrême cynisme ne lui font pas peur. À quoi bon s’encombrer d’apparences, et envelopper la réalité de civilités, puisque l’intérêt de Bush, c’est Sharon, comme ce peut être aussi le prince Abdallah d’Arabie Saoudite, et que les armes sont là, abondantes, surpuissantes, prêtes à faire taire les mécontents ?

Mais cette lecture événementielle qui est souvent la nôtre, à nous journalistes, n’évite pas certains écueils. Les caractéristiques du clan Bush, son hétérogénéité, nous porteraient à voir une rupture avec l’ère Clinton. Le mérite d’Alain Joxe est de remettre cela en perspective, pour dégager dans cet apparent fatras une logique qui, nous dit-il, est à l’oeuvre depuis 1990. Cette logique, c’est une régulation des désordres du monde qui vise surtout à réduire les effets des crises plutôt qu’à les résoudre en profondeur. C’est cette façon de s’attaquer aux symptômes plutôt qu’aux causes, quitte à provoquer des retours de crises de plus en plus désastreux. On voit bien comment, dans cette stratégie minimaliste, les États-Unis ont finalement intégré les attentats du 11 septembre 2001. Le terrorisme sera traqué, mais on n’en cherchera jamais les causes profondes. Celles-ci, il est vrai, renverraient aux inégalités du monde dont les élites pétrolières américaines tirent leur profit. D’où l’engagement d’Alain Joxe, et ce n’est pas le moindre intérêt de son livre, en faveur d’une Europe qui constituerait, tant d’un point de vue philosophique que social, une réelle alternative à la vision américaine et chaotique du monde.

A lire dans Politis n° 698 les bonnes feuilles du livre d’Alain Joxe : L’empire du chaos
L’Empire du Chaos, les Républiques face à la domination américaine dans l’après-guerre froide.
La Découverte, 188 p., 17 euros.

 Signalons aussi sur le même sujet, quoique traité de façon très différente, le livre de William Blum, ancien fonctionnaire du département d’État : l’État voyou, Parangon, 372 p., 18 euros.

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