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Personne ne s’attendait à une telle baisse du prix international du pétrole. Une diminution de près de 40% en à peine trois mois, l’un des reculs les plus importants jamais enregistrés depuis l’après-guerre. Tel est le choc, d’une violence d’autant plus grande que le virage a été abrupt, qui dissuade bon nombre d’observateurs de prévoir l’évolution de la situation à court et moyen terme. Un choc dont on continue à soupeser les répercussions internationales sur l’échiquier de l’économie mondiale. C’est un véritable séisme quand on sait que les prévisions dans les forums mondiaux penchaient pour une hausse des prix du pétrole. Lors d’une réunion à huis clos des ministres de l’Economie, en octobre dernier, pendant la dernière assemblée annuelle du Fonds Monétaire International, on envisage un scénario de hausse du brut justifiée par les conflits géopolitiques dans les régions pétrolifères. Et quand le ministre Axel Kicillof y expose un point de vue opposé sur l’évolution des questions pétrolières, en tenant compte des changements de la politique monétaire étasunienne, du renforcement du dollar et de la forte composante spéculative de ce marché, il ne recueille aucune adhésion de la plupart des représentants des principaux pays. Les ministres des grandes puissances et les cadres du Fonds se sont trompés. Ils se basaient, entre autres, sur les projections des « Perspectives de l’économie mondiale » du FMI. Ce document rendu publique à l’occasion de cette assemblée du FMI-Banque Mondiale montrait que « Dans un contexte de conflits géopolitiques, le risque est que les prix du pétrole s’envolent à la hausse ».
Le Fonds a échafaudé son analyse de l’économie mondiale en se basant sur le prix moyen du pétrole en 2013, 104,07 dollars, la conjecture fondée sur les marchés à termes, donnerait 102,76 dollars pour 2014, et 99,36 dollars pour 2015. A partir de ces valeurs, les prises de position sur l’évolution de l’économie mondiale sont troublantes dans le sens où, une fois de plus, elles mettent en évidence l’inutilité et le risque que constituent les prévisions du FMI, quant à leur influence sur la politique économique des Etats. Ce document relatif aux perspectives mondiales, publié il y a à peine deux mois, exposait ceci :
– En ce qui concerne les composantes de l’incertitude des pronostics, les risques d’une détérioration de la croissance mondiale liés aux prix du pétrole (hausse ) ont augmenté par rapport aux prévisions du compte- rendu WEO (perspectives économiques mondiales) d’avril 2014, et de façon considérable pour 2015.
– La partie spéciale du document intitulée « évolution et perspectives des marchés de matières premières, vues sous l’angle du gaz naturel dans l’économie mondiale » fait état d’une diminution de l’offre du brut de plus de trois millions de barils par jour (mbd) l’année dernière, les reculs les plus notoires provenant de l’Irak, la Lybie et la Syrie, à quoi viennent s’ajouter les bouleversements engendrés par les sanctions prises à l’encontre de la République Islamique d’Iran. Tandis que d’autres altérations obéissent à des facteurs géopolitiques (par exemple, au Sud-Soudan)
– Les risques de répercussion sur les prix du pétrole tendent plutôt à la hausse étant donné le large panel d’interruptions de l’approvisionnement et les tensions géopolitiques en cours. Les préoccupations majeures tournent autour de l’escalade de la violence en Irak et du conflit entre la Russie et l’Ukraine.
– La croissance mondiale diminuerait, résultat des crises de la production ou d’une hausse des prix du pétrole à l’échelle mondiale (en raison des tensions géopolitiques), ou encore en cas de détérioration inopinée des conditions financières causée par les taux d’intérêt à long terme plus élevés que prévu aux Etats-Unis ou de plus grande prévention du risque.
Outre l’impact des situations géopolitiques sur l’activité pétrolière elle-même et leurs répercussions sur l’économie mondiale, un autre processus s’est développé, qui, s’il n’a pas été aussi soudain, n’en est pas moins essentiel pour comprendre la situation actuelle : la réévaluation du dollar face aux autres monnaies. Autant d’éléments qui ne s’excluent pas mutuellement, mais sont complémentaires. A cela s’ajoute le fait que les questions pétrolières sont porteuses d’une forte composante spéculative qui engendre de brusques pics à la hausse comme à la baisse, semblable à celle que nous avons connu ces derniers mois.
L’activité même comporte une logique interne: le comportement de l’offre (OPEP, l’auto approvisionnement des Etats-Unis avec l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels, la décision de l’Arabie Saoudite de ne pas réduire la production) la liste des pays avantagés ou défavorisés par la baisse du prix du pétrole (Venezuela, Iran, Russie), l’effet positif sur la croissance mondiale, et l’impact sur les projets d’investissement qui impliquent un prix stable du baril pour être rentables (par exemple, Vaca Muerta). Néanmoins, il existe un autre facteur agissant sur le prix du brut en relation avec le système économique de la, jusqu’à aujourd’hui, première puissance : les Etats-Unis. Daniel Kampel dans « Nouveau paradigme mondial : dollar fort et énergie bon marché », publié dans les pages de la revue Econometrica, précise que la réévaluation du dollar à partir de mai de l’année dernière n’a pas été un évènement fortuit sur le marché pétrolier.
A cette époque, Ben Bernanke, alors à la tête de la Réserve Fédérale, avait annoncé au Congrès des Etats-Unis que s’amorçait le processus de réduction progressive du programme d’expansion monétaire, plan de relance aujourd’hui terminé. Le dollar se trouve actuellement à son niveau le plus haut depuis huit ans, tandis que les marchés sont à l’affût du moment où la Fed–maintenant sous la férule de Janet Yellen– décidera d’augmenter le taux d’intérêt stable depuis sept ans (0,25% par an). L’éventuelle hausse du taux d’intérêt à 1% au cours de 2015 renforcerait la tendance hégémonique du dollar.
Ces deux lignes interprétatives ne sont pas incompatibles, il suffit de déterminer à laquelle on accorde la plus grande pertinence sur la fluctuation du prix du baril de brut. La première est géopolitique, l’alliance entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis pour pénaliser le Venezuela, la Russie et l’Iran, et l’autre vient du fait que la baisse du pétrole fait partie des cycles économiques du capitalisme. Les Etats-Unis ont décrété la fin de la crise, ils ont prudemment commencé à se passer des béquilles monétaires jusqu’à leur complète élimination, puis sont passés à l’étape de réévaluation de la monnaie dans la perspective d’une hausse des taux d’intérêts. Il en découle un reflux de capitaux, une baisse des matières premières et la dévaluation des monnaies périphériques.
Face à un tel choc extérieur dont la composante spéculative immédiate est directement liée à la baisse du prix du pétrole, assorti d’une modification de l’économie mondiale causée par la réévaluation du dollar et une probable hausse du taux d’intérêt international, il est fortement contre-indiqué de rester les bras croisés à attendre les conséquences de ses effets sur l’économie domestique.
La flopée de mesures annoncées par le collectif économique de baisse du prix des carburants est destinée à amortir les perturbations inévitables provoquées par le marché international des hydrocarbures. Les réductions d’impôts et le plan de relance à l’activité pétrolière sous-entendent le maintien ou, plus ambitieux encore, l’augmentation de la production et de l’emploi après avoir atteint l’objectif d’autosuffisance énergétique. C’est un plan qui implique la contribution du secteur public à hauteur de 1 200 millions de dollars, ce qui a métamorphosé les dirigeants de l’un des secteurs les plus fervent défenseur des atouts du libéralisme en farouches partisans de l’interventionnisme étatique dans l’économie.
Alfredo Zaiat pour
Pàgina 12. Buenos Aires, 28 décembre 2014.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par: Florence Olier-Robine
El Correo. Paris, 5 janvier 2014.
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