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4 de diciembre de 2012

Amérique du Sud 2012-2016 :
Toujours l’incertitude entre domination US et indépendance régionale

por MAP

 

L’échec des politiques du Consensus de Washington [1] marque un tournant dans l’Histoire sudaméricaine en tant que point de départ d’une tendance à abandonner les politiques néolibérales de l’Hémisphère Nord et de l’essor d’une intégration régionale au-delà de l’hégémonie des Etats-Unis d’Amérique [2].

Les scénarios régionaux et internationaux offrent tous les deux des conditions exceptionnelles à l’Amérique du Sud pour établir une région géopolitique souveraine [3]. Les différents peuples de la région sont clairement conscients que l’expérience néolibérale qui a tenté de façonner la société autour des commerces et de la croissance sans fin du consumérisme [4] mettait en péril leur avenir.

La quête pour un avenir souverain amène à la mise en place de politiques centrées sur les intérêts régionaux, limitant le pouvoir de décision des entreprises transnationales dans les affaires nationales. Le résultat de cette tendance est l’augmentation des échanges commerciaux intra-régionaux [5] en Amérique du Sud recourant aux monnaies locales [6] comme moyen d’échapper aux effets dévastateurs de la récession globale, favorisant dès lors la stabilité politique et renforçant son indépendance des puissances qui avaient déterminé sa politique depuis l’indépendance coloniale.

ANTICIPATION

Les pays d’Amérique Latine avec ou sans Accord
de Libre Echange (ALE) avec les Etats-Unis.

Vert sombre : MERCOSUR ;
Vert clair : pays qui forment l’ALBA avec le Vénézuela
Jaune
: Paraguay, suspendu du MERCOSUR
Source: El Comahue



Les conséquences de ces politiques, divergentes du diktat « Occidental » [7], peuvent être observées dans le graphique suivant :

La nouvelle stratégie US pour rétablir sa domination sur l’Amérique du Sud

Durant la première décennie de ce siècle, les Etats-Unis [8] ont tenté d’assurer leur domination sur la région en imposant la Zone de Libre-Echange des Amériques - ZLEA (de Anchorage, Alaska, à la Terre de Feu, Argentine). Celle-ci n’excluant bien entendu pas ses interventions politiques et militaires basées sur des arguments comme le « renforcement des institutions démocratiques », la « défense des Droits de l’Homme », le « combat contre le blanchiment d’argent », la « guerre contre la drogue », la « guerre contre le terrorisme » [9], etc.

Cette tentative a échoué en 2005 lors du 4ème Sommet des Amériques à Mar Del Plata, en Argentine et les Etats-Unis ont changé de stratégie par rapport à l’intégration sudaméricaine. Ils encouragent désormais les accords bilatéraux [10] pour transformer ces pays en satellites : Chili-2003, Pérou-2009, Colombie-2012, Paraguay (après le récent coup d’Etat institutionnel qui a mis en place un Président lié aux intérêts américains) ; ALEAC dans la région des Caraïbes (pour le Honduras, Salvador, Guatemala, Nicaragua, Costa Rica, et République dominicaine) ainsi que l’accord avec le Panama en 2006.

Selon les termes [11].

Les Etats-Unis tissent une toile de pays alignés le long de la côte Pacifique, moins l’Equateur et le Nicaragua, apparaissant comme le seul propriétaire de la Région du Pacifique et créant une barrière qui pourrait compliquer les relations commerciales entre l’Asie et les pays de la Région Atlantique.

L’Amérique du Sud doit se préparer à une possible intervention militaire des Etats-Unis d’Amérique

Etant donné l’évidente réalité d’une Amérique du Sud qui ne souhaite pas entrer dans la nouvelle ère sous le contrôle US et le parapluie de la Guerre contre la drogue, les Etats-Unis, en tant que membres de l’OTAN, militarisent le territoire de l’Amérique Latine pour renforcer leur position dominante [12].

La Guerre contre la drogue est devenue, depuis l’effondrement de l’URSS, le prétexte nord-américain [13] pour manipuler l’Amérique latine selon ses propres objectifs militaires et stratégiques. En dépit des nombreux rapports démontrant que la réponse militaire au trafic de drogue est inefficace [14], la présence militaire des Etats-Unis alimentant davantage les violations des droits de l’Homme [15] et la corruption des fonctionnaires [16], la présence militaire américaine continue d’augmenter.

Pour évaluer les conséquences d’une telle militarisation, il est nécessaire de prendre en considération, dans le contexte actuel de crise systémique globale, les paramètres déterminant les actions des Etats-Unis. Ces paramètres tournent autour de deux faits historiques et d’un troisième contemporain. Le premier indique que le monde quitte les crises systémiques au moyen d’une grande guerre menant à l’émergence d’un nouvel ordre mondial. Le second montre que l’homme a toujours utilisé les armes qu’il a développées. Le troisième fait à prendre en compte est qu’une guerre atomique menacerait d’altérer les conditions de vie sur la planète. La principale question derrière ces faits est de savoir dans quelle mesure les USA sont prêts à abandonner leur domination mondiale sans déclencher de conflit armé global et, s’ils le font, utiliseront-ils des armes nucléaires ?

L’Histoire nous enseigne aussi que les classes dominantes, confrontées à la possibilité de maintenir leur pouvoir par la guerre ou le perdre sans combattre, adoptent généralement la première solution. La militarisation croissante de l’Amérique du Nord est à interpréter dans ce cadre [17].

Le déploiement militaire des USA en Amérique Latine est large et grandissant. L’Histoire récente a montré que les forces militaires des Etats-Unis et de l’OTAN opèrent contre les intérêts régionaux. Il y a plus de 40 bases militaires nord-américaines, britanniques et françaises en Amérique Latine, toutes sous commandement de l’OTAN [18].

D’autre part, dans l’ère post-URSS, l’OTAN a accumulé un long historique d’ « opérations humanitaires » contre diverses nations du monde dans le but d’éliminer toute position (idéologique, militaire ou commerciale) allant à l’encontre des intérêts des Etats-Unis ou de ses alliés. Ces opérations, depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, commencent avec l’intervention au Kosovo [19] invoquant des raisons humanitaires et sans mandat de l’ONU, incluent l’invasion de l’Irak [20], la destruction de la Libye [21]… Il y a également des preuves de l’implication de l’OTAN dans la promotion d’actions terroristes à travers le soutien à des groupes paramilitaires et l’organisation d’opérations terroristes [22].

En Amérique Latine, articulés autour de l’OTAN, les Etats-Unis ont soutenu le Royaume-Uni en 1982, pendant la guerre des Malouines [23]. Ils leur ont fourni de la technologie militaire allant de radars sous-marins à des missiles. En réponse à une demande de la Royal Navy, les USA ont approuvé le soutien du navire d’assaut amphibie USS Iwo Jima (LPH-2) au cas où les Britanniques perdraient un porte-avions.

L’US Navy a élaboré un plan pour aider les Britanniques dans l’opération des systèmes Iwo Jima. La France a entrainé les pilotes de chasse à combattre les avions français utilisés par l’Argentine. Les services de renseignement français et britanniques se sont activés pour empêcher l’Argentine d’acquérir plus de missiles Exocet sur le marché international. L’île de l’Ascension, un territoire britannique avec une piste d’atterrissage louée aux Etats-Unis, a été utilisée pour l’« Operation Black Buck », avec des bombardiers attaquant les positions de l’Argentine dans les Malouines ? La base française en Martinique a été utilisée comme tremplin pendant la guerre [24] ainsi que pendant l’invasion de la Grenade par les Etats-Unis.

En 2008, les USA ont réactivé leur 4ème flotte [25], précédemment désactivée en 1950. L’équipement assigné à la 4ème flotte serait similaire à celui de la 5ème, stationnée dans le Golf Persique, et à celui de la 6ème, dans la Méditerranée, comprenant un porte-avion et plusieurs sous-marins. Sa mission est de surveiller les navires, avions et sous-marins passant dans les Caraïbes, en Amérique Centrale ou du Sud, pour opérer en coordination avec d’autres pays, contingents et forces de coopération, ainsi que pour combattre directement les trafics de drogues et d’êtres humains, le terrorisme et la piraterie menaçant le libre-échange dans les eaux des
Caraïbes et d’Amérique du Sud. En même temps, la 4ème flotte dépend du United States Southern Command (USSOUTHCOM). Son domaine d’action comprend 32 pays (19 en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, 13 dans les Caraïbes) et 14 territoires nord-américains et européens.

Il est important de souligner que la réussite du Coup d’Etat institutionnel au Paraguay, imposant un gouvernement allié, a consolidé la puissance militaire US au cœur des nations de l’UNASUR car le nouveau gouvernement paraguayen reprend d’hypothétiques conflits avec les pays voisins [26], préparant le terrain pour des « opérations humanitaires US » dans la région.

Alors que le chaos belliqueux de l’OTAN se déploie au Moyen Orient, le danger augmente également que les Etats-Unis continuent d’essayer de recoloniser la région par les moyens militaires. Un chemin qui, jusqu’ici, n’avait été promu que par des moyens de communication via des médias à leur solde [27] ; ou, économiquement, à travers des accords de libre-échange et des alliances bilatérales visant à dissoudre les efforts d’unification de l’UNASUR ; ou encore, politiquement, en favorisant des conflits internes aux pays [28] à travers un réseau d’“ONG politiquement indépendantes”, d’“ambassades”, de branches de la CIA…

Le temps joue en faveur de l’Amérique du Sud [29]

Les tendances à la désintégration développées par la crise systémique globale amène les classes dominantes des USA, politiquement paralysées et incapables d’arrêter de telles forces dans leur propre pays, à couper court et à chercher des résultats rapides en ayant recours à leur unique ressource restante : la force. Elles détruisent sans avoir la possibilité de reconstruire, comme elles l’ont fait en Libye et en Irak pour finir par chercher à contrôler leur arrière-cour, l’Amérique du Sud.

Dans ce contexte, l’Amérique du Sud doit renforcer son intégration et les alliances inter-blocs pour résister au mieux aux plans de déstabilisation et aux, déjà classiques, « opérations humanitaires », « guerre contre la drogue », « défense de la Démocratie » et autres euphémismes avec lesquels les Etats-Unis couvrent leurs actions pour la domination.

Héctor R. Sánchez pour Leap

Traduction de l’espagnol : Michaël Timmermans

MAP7, Novembre 2012.

Notas

[1Qui a imposé la vente des infrastructures et des services fournis par l’Etat, comme l’électricité et les communications ; la vente des ressources nationales détenues par l’Etat comme les plages, baies et zones frontalières aux investisseurs étrangers ; la dérégulation économique et environnementale pour l’exploitation des minerais ; et même de l’eau potable et de l’eau d’irrigation aux compagnies transnationales. La libéralisation financière et la dette, l’affaiblissement de l’Etat, ont plongé la région dans la crise à la fin des années 90

[2Laquelle, au moyen de la Théorie du Choc (Voir l’intéressante vidéo « The Shock Doctrine » Sub. Fr) et des forces d’occupation, a mis en place des corps militaires et civils entrainés aux Etats-Unis et a démantelé chaque tentative de politiques souveraines dans la région.

[3« South America – United States : Towards a new regional order », Héctor R. Sánchez, 26.06.09, Europe 2020

[4De plus, elle a été considérée comme immutable, éternelle et constitutive de la fin de l’Histoire.

[7Les Etats-Unis et l’Europe en tant que premiers partenaires.

[8« … Avec les inquiétudes actuelles par rapport à la Zone de Libre Echange des Amériques et la force des régimes démocratiques avec la croissance de la nécessité pour la sécurité nationale – ou même de l’hémisphère, il est essentiel de considérer sérieusement de nouvelles manières pour répondre à notre situation stratégique… » Colonel Joseph R. Núñez. « A 21st Century Security Architecture For The Americas : Multilateral Cooperation, Liberal Peace, And Soft Power ». 08.2002, Strategic Institute Studies

[9Arguments qui ont remplacé la guerre contre la subversion et le communisme après l’effondrement de l’Union Soviétique.

[10Attirer des pays relativement petits avec l’idée de rapides redressements, offrant une participation à leurs exportations vers le marché nord-américain, imposant une relation de subordination à travers une ouverture commerciale totale, peu de taxes et des changements législatifs en faveur des multinationales avec la promesse d’investissements rapides et des opportunités de croissance.

[11Ces traités de libre-échange n’envisagent pas de mesures compensatoires pour la productivité et la compétitivité ; pas plus que la circulation du travail manuel entre les membres n’est inscrite dans l’accord, ni les questions relatives au travail ou à l’environnement ; ni la question des subsides nord-americains à l’agriculture sans lesquels les Etats-Unis ne pourraient rivaliser avec l’Amérique Latine ; les pays signataires ne peuvent pas non plus conditionner la présence d’investissements étrangers ni décider de produire certains produits requis, pendant que les compagnies transnationales sont libres de s’organiser dans leurs domaines de préoccupation. des traités concernés, les pays membres qui ne disposent pas des capacités productives et financières pour rivaliser avec les Etats-Unis sont amenés à la désindustrialisation, à l’augmentation du chômage, aggravant par conséquence le sous développement et la désintégration sociale [[La démystification de l’« Accord de Libre-Echange Nord-Américain » en tant qu’instrument pour le développement social et économique est une analyse intéressante de 10 ans de traité entre le Mexique et les Etats-Unis. Source : Equipo Pueblo

[13« au Moyen Orient le Medio prétexte est la Guerre contre le terrorisme », War on Terror, Wikipedia

[18« OTAN y EEUU : 47 bases extranjeras en Latinoamérica », 16.06.12, La Rosa Blindada

[19« Despite Tales, the War in Kosovo Was Savage, but Wasn’t Genocide », Daniel Pearl et Robert Blocks », 31.12.99, The Wall Street Journal

[22« Operation Gladio », Wikipedia. « Las sombra de la Operación Gladio », 02.11.90, El País

[23« Guerre des Malouines », Wikipedia

[24« La Martinique : un enjeu stratégique», 23.04.12, Agencia Latinoamerica de Información

[25« Navy Re-Establishes U.S. Fourth Fleet », 25.04.08, navyseals.com

[27The Observatorio de Medios de la Agencia Periodística del MERCOSUR (APM) analyse ce comportement dans une étude du 1er au 30 mai basée sur 6 journaux argentins, colombiens et mexicains. Par rapport à la militarisation de l’Amérique latine, il déclare : « Si nous prenons en compte l’importance stratégique du sujet et le peu d’intérêt simultané assez rare donné par ces 5 médias à la question, autant au niveau des points de vue et de la sémantique concernant les rares éléments à ce sujet, nous concluons que dans chaque cas nous sommes confrontés à des opérations de dissimulation en fonction de la stratégie promue par le gouvernement des Etats- Unis. » Source : Militarization in Latin America, in graphic media of Mexico, Colombia, and Argentina, 2006, Observatorio de Medios de la Agencia Periodística del MERCOSUR (APM)

[28Pour connaître les méthodes des opérations, voir cet intéressant reportage : « NATO’s secret armies, Andreas Pichler », Youtube

[29Un exemple de la manière dont le temps joue en sa faveur a été les dernières élections au Venezuela, pendant lesquelles les observateurs ont, non seulement témoigné de la participation populaire massive, mais aussi que la Révolution bolivarienne a gagné environ 2,6 millions de votes en plus que lors des dernières élections nationales (2010 : 5.423.324 votes, Nombre de votants : 11.329.068 (66,45%) ; 2012 : 8.062.056 votes, Nombre de votants : 18 903 143(80,67)). Les médias mainstream vont avoir beaucoup de travail s’ils veulent imposer l’idée de fraude et que le gouvernement vénézuélien est une dictature. Même si l’on peut dire que ce n’est pas la « Démocratie » telle que comprise par les Etats-Unis (voir « Morning Bell : Justice Department Blocks Voter ID at Every Turn » et « The CIA’s Campaign Against Salvador Allende», 1976, Third World Traveler)

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