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13 août 2013

Le si convoité « fin de cycle K » pour l’Argentine

par Sandra Russo *

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

La fin du cycle kirchneriste [1] est annoncée depuis des années, avec une anxiété qui obnubile les pronostiqueurs de cette extinction. C’est un pronostique médiatique – quelque chose comme El Dorado de Magnetto [2]-, que la politique d’opposition reprend également comme son gant gagnant. Toutefois, ce qu’ils appellent la « fin de cycle » paraîtrait s’épuiser, se synthétiser ou s’exprimer en une simple défaite électorale.

Cette simplification fait partie des lectures distordues ou myopes sur la force politique la plus puissante qui est apparue au cours de la dernière moitié de siècle en Argentine, et celle qui est encore aujourd’hui, au moins selon les estimations provisoires du PASO [Primaires], de la plus grande portée nationale. En y regardant d’un peu plus près, rien indique que le kirchnerisme n’est pas capable de retourner les résultats défavorables, mais même si ne le faisait pas, même si durant deux années arrivait au pouvoir certains des bricolages [3] d’opposition, c’est étrange qu’on omette que la nature de la construction politique kirchneriste a des fondations et des racines disposés à accompagner la vie politique argentine dans les prochaines décennies.

Les lectures distordues sur le kirchnerisme, celles qui par exemple insistent pour montrer ses militants comme de simples aspirants à des postes, celles qui supposent ses adhérants comme étant des voleurs de quelque espèce, celles qui considèrent comme convenu que le« récit » est un « bobard », se dépêchent de croire, comme l’a exposé dernièrement dans sa rhétorique chaque fois plus bornée, Mariano Grondona, que le kirchnerisme a été un ballon d’essai à qui tout à sacrement bien réussi pendant dix années, mais qui a contre lui le mouvement pendulaire naturel de l’histoire. Bien qu’il soit certain que la démocratie suppose avant tout la possibilité d’une alternance politique, il n’est nullement écrit quelque part que cette alternance est obligatoire. Par ailleurs, sans la chance qu’un modèle de pays alternatif, à celui qui a triomphé au XIX siècle- s’affirme, nous retournerions à la case -départ qui nous a procuré des décennies de cauchemar.

Mais la politique n’est pas une ligne droite, la « loi des médias » continue à être otage du Pouvoir Judiciaire, il y a davantage de mensonges que de démentis, la génération de dirigeants qui est arrivée après le « qu’ils s’en aillent tous » n’est connue par personne, les médias concentrés font leur propre campagne en s’infiltrant même dans les listes, et le non-sens qui va de ce qui est dit à ce qui est fait, se dilue sans prurit. Qu’une des critiques le plus martelée contre le kirchnerisme fut « la polarisation » et le « manque de dialogue » se contredit parfaitement avec l’excellent résultat qu’ a obtenu à Buenos Aires Capitale ? Elisa Carrió, icone non seulement de ceux qui insultent publiquement le dialogue mais aussi de ceux qui comme plate-forme politique peuvent prononcer tout just un fuck you.

Deux mois nous sépare d’octobre et il est tôt pour savoir si les résultats peuvent être ou non inversés, bien qu’en effet l’on puisse prendre note que, contrairement à ce que les porte-parole de la « fin du cycle » supposent et proclament, l’adversité est une eau dans laquelle le kirchnerisme sait se évoluer. En 2008, après le conflit avec les représentants des propriétaires terriens ; en 2009, après la défaite aux législatives ; en 2010, après le décès de Néstor Kirchner ; ce fut trois moments de fort développement des bases kirchneristes. Ce fut des moments d’angoisse où la tension transparaissait toutefois à qui s’opposait au kirchnerisme, qui est la même chose qui s’oppose aujourd’hui : les candidats qui soutiennent les pouvoirs de fait. Au-delà de leurs petits chants des sirènes, pour ces pouvoirs « les gens » ont toujours compté pour du beurre.

Página 12. Buenos Aires, le 13 août 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 13 août 2013.

* Sandra Russo est journaliste, auteur et animatrice argentine de diverses émissions de radio et télévision

Notes

[1NDLT : Le mal nommé kirchnerisme est une construction politique et non une idéologie

[2NDLT : Héctor Horacio Magnetto Directeur du Clarín quotidien relaie divers intérêts de l’opposition, quand il n’est pas l’opposition à lui tout seul, dénaturant ainsi tout nécessaire vrai débat par son rejet systématique de tout projet gouvernemental

[3en français dans le texte original

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