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27 novembre 2012

L’Argentine est en danger ! Offensive « Malouino-juridico-financière » des « fonds vautour »

par Alfredo Jalife-Rahme *

 

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L’Argentine subit une charge brutale à laquelle The Financial Times (FT, 9,12 et 23/11/12) a donné beaucoup d’ampleur, ce qui équivaut, à mon avis, à une sorte de coup « Malouino-juridico-financier » du duo anglo-saxon de Wall Street / la City.

Si l’on ne comprend pas les portées prédatrices unilatérales de la globalisation néolibérale dérégulée, il peut paraitre fantaisiste qu’un seul « hedge funds  » spéculatif , Elliot Capital Management / NML Capital, qui cherche à récupérer 182 millions de dollars de la dette argentine acquise avant 2002 à travers les fonds vautour, grâce à une sentence très léonine du « juge » Thomas Griesa – très loquace, viscéral et vitupérant (littéral) pour sa fonction – d’un district de New York, fut capable de mettre en « échec » Cristina Fernández, ce qui peut se conclure par un « mat » le 15 décembre prochain pour défaut du paiement que le juge a généreusement fixé à 1 330 million de dollars.

Il semble invraisemblable qu’au XXIe siècle (qui rappelle les embargos coloniaux du XIXe), Elliot Capital Management / NML avec 15 000 millions de dollars d’actifs peut mettre à genoux la troisième économie d’Amérique Latine (PIB moyen en pouvoir d’achat : 716 500 millions de dollars, et 17 700 dollars par tête), éclaboussée par le séquestre insolite à titre préventif du navire-école Libertad (sic) de sa Marine de guerre au Ghana (supersic !).

Elliot Capital Management / NML Capital, dont le siège se trouve dans les îles Caïmans, relève des « fonds vautour » dont la caractéristique consiste à acheter une dette à un prix soldé pour ensuite toucher la totalité de sa valeur faciale. Son propriétaire, sujet polémique, Paul Singer, a fait fortune à travers ce type de transactions douteuses et scandaleuses.

Selon The Guardian (15/11/12), les contestés « fonds vautour » utilisent les tribunaux « pour réclamer des centaines de millions aux pays les plus pauvres du monde ». Apparemment, désormais, ils ne respectent pas, grâce à la connivence judiciaire new-yorkaise, même un membre qui compte du G-20.

L’Argentine est devenue « un paria » de la finance anglo-saxonne depuis son impardonnable défaut, ce qui a été accentué par la nationalisation téméraire d’YPF que le groupe pétrolier « espagnol » parasite Repsol avait pillé (voir Bajo La Lupa, 4/4/12).

Russia Today (12/11/12) assure que Repsol est un groupe pétrolier paravent de la britannique BP, ce qui permet d’avaler beaucoup de choses insolites, comme d’autres transnationales « espagnoles » qui opèrent dans Amérique Latine en « Cheval de Troie » de la Grande-Bretagne : le Banco Santander (en réalité propriété de la banque britannique RBS) et le journal néolibéral El Pais, avec un masque social-démocrate d’une compagnie d’assurance anglaise.

Plusieurs se demanderont pourquoi un département de justice de New York est mêlé à cette affaire. Il se trouve que la Bank of New York fût la fiduciaire et le contractant de la précédente dette argentine qui a explosé lors du défaut de paiements de 2001. Deux morales postmodernes se dégagent :

1)ne jamais contracter des dettes sous juridiction étrangère, et encore moins sur les places « chacals » de Wall Street et de la City, et
2) pour les pays qui conservent encore un minimum de « souveraineté « (whatever that means) il est conseillé en urgence de restructurer et de relocaliser sous une juridiction locale les dettes et (ou) les plaintes anglosaxonnes.

Jude Webber et Robin Wigglesworth, du FT (23/11/12), dénoncent la « réaction furibonde » de Fernández à propos du jugement légal létal au milieu de manifestations contre son gouvernement en Argentine. Ils chargent Cristina Fernández, qui « a fait de la confrontation (sic) sa marque de fabrique » : avec les entreprises agricoles (à cause des taxes sur les exportations) ; la classe moyenne ; avec Repsol (sic) ; avec la GB sur les Malouines (sic), « et maintenant avec la grève généralisée des syndicats ». Ils estiment qu’au nom de la « souveraineté économique nationale », Fernández est disposée à un autre jeu dramatique (sic) « du tout ou de rien ».

Comme des porte-parole du vil chantage financier, de façon très superficielle et prenant seulement en considération les intérêts des chacals de Wall Street/ la City, Webber et Wigglesworth considèrent que Fernández ne peut payer aux détenteurs 93 % de la dette de 2001 qui a été restructurée en 2005 et 2010 : « L’Argentine court le risque d’un nouveau défaut de paiements ».

Ils avancent ce que Fernández méditait comme mère de toutes ses batailles pour le 7 décembre : l’application de la nouvelle loi sur les médias pour mettre en ordre l’oligopole de Clarin (propriété de la banque d’investissement Goldman Sachs) , que la présidente accuse de « mentir ».

Webber et Wigglesworth allèguent que la mise en échec par Elliot Capital Management / NM Capital conjointement au jugement du « juge » Griasa a enterré la présidente Fernández.

Buenos Aires va faire appel de la sentence, léonine, péremptoire du « juge » new-yorkais tandis qu’elle s’attaque aux « fonds vautour ».

Hans Humes, président de Greylock Capital (un autre hedge fund) et précédent coprésident du comité des détenteurs de bons argentins, a fustigé l’Argentine comme « pays et débiteur canaille (supersic !) » et, donne comme « finie », Fernández, à qui il ne reste plus qu’ « à jeter l’éponge » ou à pratiquer la guerre de la « terre brûlée ».

Comme quoi dans ce délicat sujet financier, le conglomérat anglo-saxon applique les mêmes termes de propagande qu’en géopolitique contre l’Irak, la Libye, la Syrie et maintenant l’Iran.
Selon Webber et Wigglesworth, un autre non-paiement « intensifierait son isolement du marché international de capitaux », qui la laisserait coincée devant survivre par ses propres moyens (quelque chose de semblable à Cuba plus l’Iran plus Gaza).

Le think tank FIEL (très « fidèle » à la cosmogonie néolibérale [fiel=fidèle]) expose que la dépense publique de l’Argentine s’est envolée à 43.5 % du PIB : de presque 200 000 millions de dollars, pour réduire la pauvreté et pour créer des emplois.

Webber et Wigglesworth blâment « le modèle étatiste (sic) économique » (avec « des restrictions » aux importations et à l’achat de devises) de la présidente argentine, qui a été loué, en effet, par Joseph Stiglitz comme paradigmatique pour avoir relancé la croissance : 8.9 % en 2011 et 9.2 en 2010 ! Ils ne pardonnent pas non plus à Fernández avoir nationalisé les fonds de pension, et d’avoir utilisé les réserves de la Banque Centrale pour financer ses politiques « nationales et populaires ». Martín Redrano, ex-directeur de la Banque Centrale de la République Argentine, situe la chance de Fernández entre les mains de la « récolte de soya », ce qui est préjudiciable si surviennent des catastrophes climatiques au milieu de 25 % d’inflation. Pour l’instant elle peut résister avec les prix élevés du soya et la forte demande chinoise.

Je viens de m’entretenir avec un ex-ministre de l’Économie d’un éminent pays d’Amérique du Sud (qui a exigé l’anonymat) qui m’a commenté qu’ils observent dans le radar deux scénarios :

1) Une baisse délibérée brutale spéculative du pétrole pour frapper le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, l’Équateur et l’Argentine, et

2) Une guerre financière multifactorielle (guerre de devises, de fuite des capitaux, etcetera).

Ouf ! Les président d’Amérique du Sud sont –ils préparés affronter une guerre financière multifactorielle qui a déjà commencé contre l’Argentine ?

Selon mon point de vue, derrière l’assaut financier des « vautours » contre l’Argentine se cache l’idée d’encercler le Brésil, son premier associé géoéconomique sudaméricain.

La Jornada. Mexico, 26 novembre 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 26 novembre 2012.

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