recherche

Portada del sitio > Reflexiones y trabajos > Un Nobel de la Paix pour l’Union Européenne ? Un Nobel égaré

17 de octubre de 2012

Un Nobel de la Paix pour l’Union Européenne ? Un Nobel égaré

por Atilio A. Boron *

 

Todas las versiones de este artículo: [Español] [français]

S’il manquait quelque chose pour finir de discréditer le Prix Nobel de la Paix, octroyé par le Parlement Norvégien, c’était la décision d’accorder cette distinction à l’Union Européenne.

Cette distinction a été instituée dans le testament du magnat suédois Alfred Nobel pour récompenser la communauté « ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix. » Déjà dans le passé il y a eu des nominations qui ont provoqué un scandale : un perfide criminel de guerre comme Henry Kissinger, qui a fait des ravages au Viet-nam, l’a obtenu en 1973 et avant, en 1906, le prix avait été décerné à Theodore Roosevelt, connu pour avoir été l’artisan de la « diplomatie du bâton » appliquée pour arracher la victoire que Cuba était sur le point de concrétiser contre le colonialisme espagnol et pour soumettre à la domination yankee d’autres pays des Caraïbes et de l’Amérique Centrale.

Roosevelt a été de plus le grand architecte et l’exécuteur de la sécession du Panama de la Colombie, tout ceci n’a pas été un obstacle pour qu’il fût récompensé pour le Parlement Norvégien. le cas du président des États-Unis, Woodrow Wilson, constitue aussi un autre précédent, récompensé en 1919 pour sa contribution à la création de la Ligue des Nations. Ébloui par cette réussite dans des terres européennes, les auteurs des documents ont mésestimé les informations qui signalaient les abus que Wilson, à l’instar de ceux déjà nommés, réalisait dans Notre Amérique et que seule une grande preuve d’imagination pouvait les concevoir comme tendant à promouvoir la fraternité entre les nations, la réduction des armées ou la promotion de la paix.

Le lauréat a utilisé à tour de bras la « diplomatie de la canonnière » dans l’environnement de l’Amérique centrale et les caraïbes : il est militairement intervenu au Mexique, en Haïti, à Cuba, au Panama, dans la République Dominicaine et au Nicaragua. En 1914 il s’est emparé du port mexicain du Veracruz et en mars 1916 et février 1917 ses troupes ont pénétré sur le territoire mexicain poursuivant à Pancho Villa et perpétrant toutes sortes de crimes. Cependant, le Prix Nobel de la Paix est tombé entre ses mains.

Tous ces criminels , cachés sous le prestige qu’avait encore le Nobel de la Paix, ont obscurci les lauriers qu’obtenaient des hommes et des femmes comme Martin Luther King, Desmond Tutu, Nelson Mandela, Rigoberta Menchú et notre Adolfo Pérez Esquivel en 1980 qui oui, avaient lutté, et plusieurs continuent de le faire aujourd’hui, pour l’empire de la paix. Avant, en 1936, un autre argentin, Carlos Saavedra Lamas avait été distingué pour son rôle de médiateur dans la guerre fratricide du Chaco entre la Bolivie et le Paraguay.

Déjà avec la remise du Nobel de la Paix à Barack Obama (2009) on pouvait percevoir que le Parlement Norvégien s’inquiétait plus de rapprocher son pays des États-Unis - let’s be friends ! - que de récompenser celui qui luttait réellement pour la paix. Maintenant il fait la même chose avec l’Union Européenne, à laquelle par deux referendums successifs la population norvégienne a refusé de faire partie.

Comment récompenser une organisation, en ce moment, qui a déclaré la guerre à ses peuples en imposant une politique brutale de rigueur qui sacrifie ses populations pour sauver les banquiers ? Peut-on récompenser comme un geste pacifique le fait de condamner des millions de personnes au chômage, à la destitution, à la pauvreté extrême, à la fin de leur espoir ? Ou est ce une plaisanterie de mauvais goût ou une moquerie à l’intelligence de la communauté internationale. Comment oublier que l’Union Européenne a validé et appuyé le blocage criminel des États-Unis contre Cuba, en la sanctionnant en 1996 par une « Position Commune » conçue pour renforcer les souffrances de l’île en accord avec les dictat de Washington ?

Et que dire de l’accompagnement de l’UE dans les aventures militaires de l’impérialisme US en Irak , Afghanistan, Libye et, maintenant, en Syrie ; ou son silence scandaleux devant le génocide au Rwanda ; ou sa complicité avec le colonialisme raciste de l’état d’Israël et sa politique criminelle envers la nation palestinienne ; ou son indifférence devant le sort des sahraouies ; ou sa réponse indécise devant la destruction et la mort semée par les États-Unis dans la guerre des Balkans ?

Comme le rappelle bien Adolfo Pérez Esquivel, ce prix semble destiné à cacher et(ou) à justifier les opérations militaires que l’Union Européenne, à travers de l’OTAN, réalise dans les coins les plus écartés de la planète, toujours comme voiture balais de la Maison Blanche. Au milieu de la profonde crise économique qui l’a abattue, le gouvernement grec a demandé de repousser l’acquisition d’armement convenue avec l’Allemagne et la France. Le souhait a été sèchement refusé par Berlin et Paris. L’ajustement doit être fait sur les salaires et la dépense publique en général, mais non sur le budget militaire et, surtout pas sur les budgets destinés à acquérir des armes dans les pays européens !, aujourd’hui récompensés de leur contribution à la paix.

En fait, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne font partie, à côté des États-Unis et de la Russie, du très select club des cinq plus grands vendeurs d’armes du monde. Etrange manière de provoquer l’abolition ou la réduction des armées, comme le voulait Alfred Nobel. Les parlementaires norvégiens ont besoin, de façon très urgente, que quelqu’un leur apprenne la différence entre la guerre et la paix. Et d’ apprendre par cœur le testament de l’industriel suédois, parce qu’à la vue de ces précédents, sommairement exposés, récompenser l’UE peut être seulement considéré comme un acte grotesque de soumission à l’accord de guerre entre les États-Unis et l’UE et une « carte blanche » pour que l’OTAN continue à commettre toute sorte de méfaits et de crimes destinés à asseoir la domination impérialiste à l’échelle mondiale.

Atilio A. Boron. Buenos Aires, le 14 Octobre 2012

Retour en haut de la page

Objetivo

|

Trigo limpio

|

Mapa del sitio