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27 juin 2012

Regard d’un Rouennais sur la dictature Chilienne

 

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Samedi 2 juin au Théâtre du présent de Mont-Saint-Aignan a eu lieu un festival de théâtre amateur. Parmi les différentes pièces : “73″, un spectacle de 30 minutes écrit par Alejandro Levinao Cortes, 23 ans, qui relate l’histoire d’un jeune homme, prisonnier politique sous le Chili dictatorial de Pinochet. C’est avec beaucoup d’émotion qu’Alejandro et les quatres autres acteurs nous plongent dans cette période sombre de l’histoire du Chili.

Cela fait maintenant 9 ans qu’Alejandro fait du théâtre. Actuellement en 3ème année de licence d’espagnol à la faculté de Mont-Saint-Aignan, il prend régulièrement des cours de théâtre afin de peaufiner son jeu d’acteur. Véritable amoureux de la scène, il compte poursuivre ses études à Lyon à l’école Arts en Scène pour une formation de deux ans. “73″ n’est pas sa première création, en 2011, il s’était déjà produit au Théâtre du Présent avec la pièce “Wouupp”et avait déjà surpris le public.

Cette nouvelle création “73″ n’est pas un hasard pour Alejandro qui est originaire du Chili. Il n’a cessé de retourner le scénario dans sa tête, comme une obsession. Il fallait que cette pièce voit le jour. Mais, à l’époque, il ne se sentait pas encore prêt. Pas prêt parce que la dictature chilienne touche directement sa famille et qu’il ne voulait pas faire d’amalgame avec sa vie personnelle.

Depuis, il a pris du recul et sa pièce, après de nombreuses retouches voit enfin le jour. C’est la mise en scène qui s’est révélée être la plus compliquée à gérer. Pour l’appuyer, il a été aidé par le professionnel Luis Hormazabal. Et le résultat fait son effet. De nombreuses scènes jouent avec l’imagination du public. On se retrouve brusquement plongé dans le noir et on entend des cris, des hurlements même, un son qui sort du fond du coeur. On sent la souffrance du personnage. Elle nous envahit, petit à petit. Le silence plane dans la salle.

Pour coller au plus près de la réalité, Alejandro s’est beaucoup documenté sur internet, mais également au travers de films comme Missing de Costa-Gravas, Buenos Aires 1977 de Adrián Caetano ou encore Garage Olimpo de Marco Bechis pour lequel il a réutilisé la musique : “Ce film m’a beaucoup interpellé parce que l’on voyait des tortionnaires se livrer à des actes abominables sur de la musique un peu salsa comme la Niña de Lalo Fransen. J’ai été frappé par cette image et j’ai donc décidé de reprendre cette musique dans ma pièce”, explique Alejandro. Les témoignages de son père l’ont également beaucoup nourri.

Alejandro cherche avant tout à faire réfléchir les spectateurs et à leur procurer un intérêt ensuite pour le sujet. Pendant la pièce, l’on voit un homme, immobile, assis sur une chaise au centre d’un petit carré. Ce dernier symbolise en fait les cellules de l’époque dans lesquelles plusieurs prisonniers pouvaient être détenus en même temps. Elles ne mesuraient pas plus d’1 mètre 50 de large.

Des préjugés tombent également pendant le spectacle. Il met en scène un prêtre qui, au lieu de défendre les prisonniers, est partisan de cette dictature. Il faut savoir en effet que tous les prêtres n’étaient à l’époque pas forcément du côté des opprimés.

Des scènes fortes aussi, avec, à la fin, une scène symbolique où les cinq acteurs portent des masques blancs et énoncent à tour de rôle, des noms de chiliens qui ont disparu suite à la dictature de Pinochet.

“Faire que le spectateur s’interroge à la fin de la pièce est ma plus belle récompense”, sourit Alejandro. “Cette pièce est pour moi un devoir de mémoire.”

Finalement, en sortant de la salle, les spectateurs sont conquis ou pas mais la pièce ne laisse personne indifférent.

Le théâtre du Présent compte à nouveau accueillir Alejandro et sa pièce “73″ mais aucune date n’est à ce jour encore arrêtée.

Les acteurs de la pièce “73″ :

Alexane Heredia
Hugo Lane
Alejandro Levinao Cortes
Anna Mercado
Adrian Rivas

Son : Alban Capitaine
Lumières : Paul Mercado

Sandra Gallot
Le Grand Rouen. Rouen, le 4 juin 2012

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