Rapport de l’ONU sur le développement humain : inégalités persistantes en Amérique latine

Concernant l’Amérique latine, le rapport souligne de multiples problèmes qui limitent le développement humain. On mentionne notamment que seulement 40% des travailleurs latinoaméricains seraient protégés par des législations du travail et auraient accès à des mesures de sécurité sociale. De plus, l’Amérique latine est affectée par un problème d’inégalité profonde qui limite grandement les conditions de vie de ses habitants et donc, son développement humain. Plusieurs statistiques retiennent l’attention. Le Brésil demeure le pays le plus inégalitaire de la région et le cinquième au monde. Les 10% de la population les plus pauvres n’y possèdent que 0,7% du revenu national, alors que les 10% les plus riches en accaparent 47%. La propriété de la terre est également un problème grave qui contribue à ces inégalités. Ainsi, en Bolivie, 2 millions de personnes doivent se contenter de 5 millions d’hectares pour subvenir à leurs besoins, alors que seulement 100 familles se partagent la propriété de 25 millions d’hectares.

Une des conclusions les plus percutantes du rapport a trait au fait que le commerce international et la croissance économique ne réduisent pas pour autant la pauvreté et l’inégalité. On y fait mention du cas du Guatemala, pour lequel les exportations ont crû de 8% annuellement au cours de la dernière décennie, sans pour autant que la situation du développement humain dans le pays ne se soit améliorée de façon significative. On attribue la responsabilité à de mauvais systèmes de redistribution des richesses à l’intérieur des pays pauvres, ainsi qu’au protectionnisme des États du Nord en matière d’agriculture, là où les pays du Sud disposent d’un grand potentiel. Le PNUD suggère ainsi une révision des normes qui régissent les échanges afin de permettre une meilleure répartition des coûts et bénéfices entre les pays riches et pauvres.

Le rapport présente toutefois certains éléments positifs pour les États de la région. En effet, de nombreux pays ont amélioré leur indice de développement humain et ainsi fait progresser leur rang mondial : le Chili, qui se situe maintenant à la 37ème position du palmarès (un accroissement de 6 rangs), le Panama, qui est passé de la 61ème à la 56ème position, le Brésil, maintenant au 63ème rang, alors qu’il était 72ème en 2004, la Colombie, qui est passée de la 73ème place a la 69ème ainsi que le Pérou, auparavant 85ème et présentement 79ème. Cependant, c’est l’Équateur qui a enregistré l’amélioration la plus importante avec un bond du 100ème au 82ème rang en seulement un an. De plus, plusieurs pays ont conservé leur position de l’année dernière. C’est le cas de l’Uruguay, (46), du Costa Rica (47), de Cuba (52) et du Mexique (53). Le meilleur classement parmi les pays de la région au plan du développement humain est attribué à l’Argentine, qui a également conservé sa position de l’année dernière au 34ème rang du palmarès. Ce titre de bon premier pour l’Argentine ne tient pas compte des États des Caraïbes, la région étant évaluée séparément par la PNUD (la Barbade y trône au 30ème rang). Du côté des baisses les plus importantes du niveau de développement humain, notons celle du Venezuela (69ème en 2004, maintenant 75ème) et celle de la République Dominicaine (auparavant 95ème, actuellement 98ème). Enfin, les pays des Amériques possédant le niveau de développement humain le plus bas demeurent le Nicaragua (112), la Bolivie (113), le Honduras (116), le Guatemala (117) et Haïti (153).

V.D. Centre d’Etudes Interaméricaines
CEI. Canada, 9 Septembre 2005

Sources :

– « Cada tres segundos muere un niño », BBC Mundo, 7 septembre, 2005.

– « Argentina lidera desarrollo humano en América Latina : ONU », Reuters América Latina, 7 septembre 2005.

– « Mantiene México puesto 53 en desarrollo humano : ONU », El Universal, 7 septembre 2005.

– « Brasil es quinto país más desigual del mundo », Prensa Latina, 7 septembre 2005.

– « Mayor interdependencia comercial no reduce pobreza ni desigualdad », Terra España, 7 septembre 2005.