Accueil > Les Cousins > Brésil > Premier débat télévisé agresif et sans proposition entre Lula et Alckmin
Le candidat d’opposition à la présidence du Brésil Geraldo Alckmin a sommé dimanche le président Lula d’expliquer la provenance de l’argent qui devait servir à l’achat d’un dossier anti-opposition, lors du premier débat télévisé avant le second tour.
Par l’Agence France-Presse
Sao Paulo, le dimanche 8 octobre 2006
Les affaires de corruption, qui ont lourdement pesé sur l’issue du premier tour où Lula a manqué de peu la réélection, ont dominé le premier affrontement télévisé entre les deux candidats.
« D’où est venu l’argent sale, les (800 000 dollars) trouvés sur deux personnes liées au Parti des Travailleurs (PT) au pouvoir », a demandé le social-démocrate Alckmin, lors du premier débat télévisé entre les deux candidats qui disputeront le second tour de l’élection présidentielle le 29 octobre.
Ce scandale avait éclaté le 15 septembre - à deux semaines du premier tour - avec l’arrestation de deux personnes liées au PT en possession de 800 000 dollars destinés à l’achat de documents supposés compromettants pour M. Alckmin et pour José Serra, candidat au poste de gouverneur de Sao Paulo, tous deux dans l’opposition au gouvernement Lula.
« Il y a 30 jours que je veux savoir d’où vient l’argent. Je veux savoir qui a échafaudé ce plan machiavélique, quel était le contenu du dossier », a répondu le président Lula. « Je ne suis pas policier, je suis président », a-t-il poursuivi, soulignant qu’il appartenait à la police et à la justice d’enquêter.
À quoi son adversaire a répliqué qu’il « suffit de demander au PT car l’argent a été trouvé dans une chambre d’hôtel aux mains de membres du PT et de leurs amis ».
À un journaliste qui lui demandait s’il savait que certains de ses ministres étaient impliqués dans des scandales de corruption, Lula a répondu que « ni un président ni un père de famille ne sont au courant de tout ». Le scandale de l’achat de votes au parlement en 2005 a notamment conduit à la démission de son bras droit José Dirceu.
« L’essentiel en matière d’éthique n’est pas de dire il n’y a pas de corruption dans mon gouvernement mais de punir quand il y en a », a-t-il estimé.
Ancien gouverneur de l’État de Sao Paulo, M. Alckmin a répliqué que lui « assumait ses responsabilités et qu’il ne rejetait pas sur le dos de ses amis les problèmes de gouvernement ».
Le président a repris de l’assurance lorsqu’il s’est agi de défendre le bilan de son gouvernement en matière de réduction de la pauvreté notamment.
« Reconnaissez-le Alckmin, le Brésil va mieux ». « Les gens mangent plus, travaillent plus, construisent davantage », a-t-il lancé, tandis que les deux adversaires se lançaient dans des batailles de chiffres sur les réalisations et les lacunes du gouvernement Lula.
M. Alckmin a accusé le gouvernement Lula de mener une politique économique « erronée » avec des taux d’intérêt très élevés qui a limité la croissance à 2,3% l’an dernier. « Le Brésil n’est pas condamné à être le dernier de la classe, il doit être en tête des pays émergents », a-t-il estimé.
Geraldo Alckmin qui prône un « choc de gestion » budgétaire, n’a pas dit où et de combien il réduirait les dépenses publiques, mais a juré qu’il ne procéderait à aucune nouvelle privatisation s’il était élu.
« Nous pourrons faire beaucoup plus et mieux » au cours d’un second mandat, a assuré Lula à la fin du débat.
« Le PT a eu sa chance et l’a laissée passer », a estimé de son côté M. Alckmin.
Selon un sondage réalisé avant ce débat, Lula l’emporterait au second tour le 29 octobre avec 54% des suffrages exprimés contre 46% à Alckmin. Au premier tour du 1er octobre, le président Lula a obtenu 48,6% des suffrages exprimés contre 41,6% à Geraldo Alckmin.