Pinochet aurait fait fortune avec le trafic d’armes

La fortune accumulée par l’ex-dictateur chilien, Augusto Pinochet, et découverte il y a an sur des comptes secrets ouverts à l’étranger s’explique surtout par la vente illégale d’armes, a indiqué jeudi le Conseil de défense de l’État (CDE).

Par l’Agence France-Presse
Santiago, le jeudi 13 octobre 2005

Le CDE est une entité ayant les pouvoirs d’un procureur et représentant les intérêts du gouvernement.

Le CDE a précisé disposer de preuves de ce trafic d’armes qui a permis à Pinochet de déposer au moins 27 millions de dollars sur une centaine de comptes bancaires dont plusieurs auprès de la banque Riggs aux États-Unis, a indiqué Maria Teresa Munoz, avocate du CDE.

« Il pourrait s’agir de fonds ayant un lien avec des contrats importants gérés par l’armée de terre et d’autres corps d’armée car nous avons trouvé beaucoup de dépôts sur les comptes de Pinochet et son entourage, provenant d’usines d’armement », a indiqué Me Munoz.

La Cour suprême a écouté pendant deux jours les arguments en faveur et opposés à la levée de l’immunité d’ancien président dont jouit Pinochet. À la fin des exposés jeudi, les juges de la plus haute instance chilienne ont décidé d’attendre au moins la semaine prochaine pour décider ou non de lever l’immunité pour ouvrir la voie à un jugement de Pinochet pour enrichissement illicite.

L’avocate du CDE a aussi accusé Pinochet d’avoir augmenté sa fortune en détournant les « fonds réservés » de l’État qu’il a géré pendant ses 17 ans de pouvoir autoritaire.

À la mi-septembre, des médias chiliens ont cité parmi les preuves du CDE contre Pinochet, la trace de paiements effectués sur ses comptes aux États-Unis par la firme hollandaise RDM Holdings, maison-mère de RDM Tecnology. L’année de ces versements, RDM Tecnology obtenait un contrat pour la vente de 200 chars d’assaut Leopard à l’armée de terre chilienne.

Le 15 septembre, le journal britannique Guardian révélait le paiement par le géant britannique de l’armement British Aerospace (BAE) de 2,1 millions de dollars en faveur de l’ex-dictateur à travers des sociétés intermédiaires.

Pinochet est également soupçonné pour l’envoi en contrebande en 1991 de 11 tonnes d’armes chiliennes d’une valeur de 6 millions de dollars vers la Croatie, à l’époque frappée par un embargo des Nations Unies.