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21 mai 2012

Les premiers changements en Europe

par Guillermo Almeyra *

 

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Le découragement a trop duré et la résistance a trop tardé à se manifester, sauf en Grèce, mais l’Europe des travailleurs commence à réagir.

Sur le plan de la mobilisation sociale, les usines occupées en France se multiplient là où les rassemblements électoraux convoqués par le Front la Gauche ont été toujours populaires ; simultanément, en Grèce les travailleurs occupent et font fonctionner en autogestion des usines, des hôpitaux, des quotidiens et les manifestations violentes de protestation ne cessent pas ; en même temps, aux cotés des grèves générales en Espagne, les indignés se radicalisent et commencent à s’unir aux syndicats.

D’autre part, sur le plan électoral, le gouvernement conservateur anglais a été battu et, si des élections avaient lieu en ce moment, les travaillistes gagneraient avec 38%. Au même moment, aux élections municipales italiennes le centre-gauche a gagné partout et la raciste Ligue du Nord se voit défaite et perd des votes et des positions tandis que le parti de Berlusconi est entré en dissolution, et dans les régions allemandes où l’on a voté (Schleswig-Holstein et Westphalie), la démocratie chrétienne a subi de durs échecs et Angela Merkel attend seulement le coup de grâce lors des prochaines élections après que le Parlement fédéral l’ait obligé à modifier son plan d’austérité.

Mais les résultats les plus retentissants ont été ceux de la France et ceux de la Grèce. François Hollande est certainement très modéré et, sur ce qui est fondamental, il ne va pas faire une politique très différente de celle de Sarkozy, entre autres choses à cause des multiples contraintes de l’Union Européenne qu’il ne veut pas ignorer. Mais il a été élu grâce aux votes de la gauche regroupée sous le Front de Gauche (Parti de Gauche issu de la gauche socialiste, des communistes, des socialistes de gauche hors courant et un pan « unitaire » des trotskistes) qui a obtenu 11.8% des suffrages, par le plus de 2% des écologistes et encore le 1% des trotskistes du Nouveau Parti Anticapitaliste qui ont fini de toute façon pour voter pour lui . Ce fut le noyau dur qui a mobilisé et traîné et au deuxième tour, a obtenu des votes du centre droite et du même Front National et gagné.

Hollande, qui n’a jamais été de gauche, a formé un cabinet avec a la tête un fils d’ouvrier, leader de la tendance Lutte des classes de son parti et ami de Jean-Luc Mélenchon, qui pèsera avec ses propositions et son action. Hollande s’est distingué de Merkel, en réduisant de 30% les salaires de ses ministres et le sien, prochainement il mettra en œuvre des impôts sur finances et les plus riches et probablement adoptera des mesures pour protéger le travail dans les usines occupées. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est que pouvait faire tout de suite un gouvernement réformiste sérieux et cela pourrait suffire pour que le centre-gauche et la gauche, unies, gagnent aussi les élections legislatives.

Il est très probable qu’aux élections parlementaires de juin prochain le Front National perde une partie des votes obtenus parmi les travailleurs qui ne sont pas fascistes mais qu’ils ont voulu formuler leur mécontentement. Il faudra voir comment s’en sort Mélenchon, qui se présente comme candidat dans le même circonscription que Marine Le Pen, mais le seul fait de défier les fascistes dans les zones populaires radicalisera la lutte politique quotidienne en France et pourra donner un point d’appui à la mobilisation des immigrés, qui sont des millions, mais qui ne votent pas. D’autre part, le triomphe de Hollande a déjà eu son effet en Allemagne, où les sociaux-démocrates et les verts progressent, tandis que s’écroule le parti d’Angela Merkel et, avec celle-ci, la possibilité de remplacer le Merkozy par un Merlande.

Alors que, de la Grèce s’enfuient en Suisse 900 millions d’euros et, qu’en un seul jour, part d’autres milliards de la Bankia, quatrième banque espagnole, et que l’euro s’affaiblit constamment face au dollar. La politique d’austérité répandue ne pourra pas être maintenue et pointe à l’horizon une version estompée et timide du New Deal de Roosevelt dans laquelle le grand capital pourrait être obligé aux réformes et aux dépenses inflationnistes et aux politiques sociales de type keynésien pour ne pas perdre tout.

Le point le plus faible du capitalisme européen est à nouveau la Grèce, bien que le pays représente moins de 2% du produit total de l’Union Européenne et ait moins de 11 millions et demi d’habitants, mais sa dette atteint 350 milliards d’euros qu’elle ne peut payer. En juin le parti – le front Syriza pourrait dépasser 25% des voies et devenir le premier parti. Son succès et sa demande d’un gouvernement de gauche, que les communistes du KKE (stalinien) se refusent à accepter, pourraient enlever à ce parti des voies et des militants (lors les dernières élections il a réussi à passer de 7 à peu plus de 8 %) et à conquérir les votes paysans du Pasok et les votes de centre-gauche, en canalisant aussi d’une manière positive la part des votes de mécontentement qui furent vers les nationalistes de droite. Le panorama politique grec se concentrerait et se radicaliserait.

Il faut tenir compte que presque la moitié des policiers – qui votent dans leurs casernes – ont appuyé les fascistes, tandis que presque la totalité des ouvriers et de la majorité des jeunes votaient pour le Syriza (et dans une moindre mesure pour le KKE, les plus vieux ouvriers). Syriza se base sur un front, Synapismos, né il y a 20 ans d’une union entre l’aile majoritaire du Parti Communiste, du PC « de l’intérieur » eurocommuniste avec le PC stalinien KKE – qui a cassé après avec le front – avec des groupes écologistes et socialistes de gauche. Synapismos a formé alors le Syriza avec un petit groupe trotskiste, avec des gens sortis de la gauche du Pasok, avec des écologistes et syndicalistes combatifs et des groupes d’étudiants, et bien que ne soit pas précisément un parti, sa flexibilité et sa capacité d’échanges en interne le transforme en organisateur surtout du mécontentement des jeunes parmi les travailleurs urbains, bien que parmi les paysans pauvres le Pasok ait encore une influence.

La Jornada. Mexique, le 21 Mai 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

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El Correo. Paris, le 21 mai 2012.

* Guillermo Almeyra Historien, chercheur et journaliste. Docteur en Sciences Politiques (Univ. Paris VIII), professeur-chercheur de l’Université Autonome Métropolitaine, unité Xochimilco, de Mexico, professeur de Politique Contemporaine de la Faculté de Sciences Politiques et Sociales de l’Université Nationale Autonome de México. Domaine de recherche : mouvements sociaux, mondialisation. Journaliste à La Jornada, Mexique.

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