Portada del sitio > Imperio y Resistencia > « Gringolandia » (USA) > Les bénéficiaires de l’aide sociale toujours plus nombreux aux Etats Unis.
Par Stephen Ohlemacher
AP/La Presse. Washington, le jeudi 1er. mars 2007.
Malgré une réforme restrictive de l’aide sociale en faveur des plus démunis dans les années 90, près d’un Américain sur six bénéficie aujourd’hui de l’État providence et le pourcentage ne cesse d’augmenter, selon une étude réalisée par l’Associated Press.
Le nombre de familles percevant des allocations a chuté depuis que le gouvernement a décidé en 1996 de limiter dans le temps l’octroi de ces versements. Mais d’autres aides pour les pauvres, comme le programme d’assistance médicale Medicaid, les bons alimentaires et des prestations pour handicapés, ont vu le nombre de leurs bénéficiaires augmenter dans le même temps.
Près d’un Américain sur six bénéficie d’une forme d’aide publique, le chiffre le plus élevé depuis que les autorités ont commencé à recenser cette population il y a une vingtaine d’années. Ils étaient ainsi 44 millions en 2003, selon les statistiques les plus récentes, au lieu de 39 millions en 1996.
Selon les détracteurs de la réforme de l’aide sociale, ces chiffres montrent que peu d’anciens allocataires sont devenus autonomes financièrement alors que des millions d’entre eux été contraints d’accepter des emplois mal payés.
Si le but de la réforme était de réduire le nombre d’allocataires, alors «bravo!», lance Vivyan Adair, ancienne bénéficiaire d’aide sociale, aujourd’hui enseignante dans une université de l’État de New York. Mais «si l’objectif était de réduire la pauvreté et donner aux gens une stabilité économique et dans l’emploi, ça n’a pas été un succès», ajoute-t-elle.
Les partisans de la réforme soulignent que les prestations qui selon eux décourageaient auparavant le travail, offrent désormais une aide aux personnes occupant des emplois à faibles revenus. Ils notent que l’assouplissement des critères d’éligibilité pour les bons alimentaires et Medicaid permet de continuer à toucher des aides même après avoir commencé à travailler.
«La croissance de ces programmes ne me pose pas de problème, car ils étaient destinés à croître», affirme Ron Haskins, ancien conseiller du président George W. Bush sur la politique sociale. «Nous avons entrepris de faire rentrer beaucoup plus de personnes dans le monde du travail et elles ont fait un grand pas vers l’autosuffisance.»
Au début des années 90, le système de protection sociale (welfare) était accusé par ses détracteurs d’encourager le chômage et la constitution de familles monoparentales. Les bénéficiaires, principalement des mères célibataires, pouvaient perdre leurs prestations si elles dépassaient un certain niveau de revenus ou si elles vivaient avec le père de leurs enfants.
Une réforme majeure de l’État providence a été introduite en 1996, contraignant la plupart des allocataires à travailler tout en leur permettant de continuer à bénéficier de certaines aides une fois qu’ils avaient décroché un emploi.
La loi a limité à cinq ans le versement des allocations pour la plupart des personnes relevant du programme d’Assistance temporaire pour les familles nécessiteuses (TANF). En 2005, 5,1 millions de personnes recevaient des versements mensuels du TANF ou de programmes similaires gérés par les États, soit une chute de 60% en dix ans. Le nombre d’allocataires a atteint son plus haut niveau en 1994, à 14,2 millions.
Mais le nombre global de bénéficiaires de l’aide publique continue à augmenter. Pour Medicaid, il a dépassé la barre des 45 millions en 2005, une hausse liée en partie à l’augmentation des frais de santé et à la baisse du nombre d’employeurs offrant une couverture médicale. La même année, près de 26 millions d’Américains ont reçu des bons alimentaires.