Accueil > Empire et Résistance > Union Européenne > Le talon d’Achille des dirigeants européens face à l’immigration.
Par José Carlos García Fajardo
Alai-Amlatina. Équateur, le 4 juillet 2008.
Le bunker de l’Europe prend corps, écrit A. Missé dface à la présidence de l’Union Européenne qui a commencé le 1er de ce mois. Le président français, Nicolas Sarkozy, continue avec son plan de fermer les portes à de nouveaux immigrants non sélectionnés préalablement. Son Pacte pour l’Immigration et l’Asile cherche à introduire l’identification biométrique sur les visas et les vols collectifs pour expulser ceux qui n’ont pas de papiers en règle et un contrat de travail. Tout le contraire de ce que de nombreux e pays de l’Amérique, d’Afrique et d’Asie ont fait pendant des siècles avec les millions d’émigrants européens qu’ils ont accueilli et qui ont participé au développement et à alléger les besoins des pays européens. De ces huit millions de sans l papiers qui existent dans l’UE certains seront seulement régularisés ’avec un caractère exceptionnel’ pour des motifs humanitaires et/ou économiques.
Le président de la Ligue des Droits de l’Homme considère que ces idées du pacte traitent les immigrants comme articles de consommation et favorise largement les pays riches aux dépens des pays pauvres, c’est-à-dire tout le contraire d’un quelconque développement. La dernière rédaction du document du pacte, dont le texte devrait être approuvé en octobre par les dirigeants européens, rappelle qu’il revient à chaque État membre de décider des conditions d’acceptation des immigrants légaux et de fixer si possible avec la collaboration des pays d’origine, leur nombre". Et il demande aux États membres de mettre en pratique une politique d’immigration choisie, spécialement selon les nécessités du marché du travail, et en tenant compte de l’impact que cela peut avoir sur les autres États membres. Des dirigeants d’organisations de la société civile dénoncent que cet objectif de l’immigration soit plus basé sur des motifs idéologiques que sur la réalité parce que faire passer l’émigration économique avant le regroupement familial revient à condamner les immigrants à vivre séparé de leurs familles.
L’Union Européenne se débat dans une contradiction profonde devant l’immigration. D’une part, la Commission Européenne publie des études qui signalent la nécessité urgente de la participation d’étrangers pour compenser le vieillissement irreversible de la population. Et d’ autre part, il y a les discours des présidents de la France et de l’Italie qui se servent des différences culturelles pour provoquer des attitudes xénophobes et pour confondre l’opinion publique dans ces moments de grande crise économique.
La Commission vient d’approuver en juin un document avec un objectif plus réaliste et juste sur l’immigration : "Dans le contexte d’une Europe qui vieillit, la contribution potentielle de l’immigration à l’efficacité économique de l’UE est importante". La réalité consiste à ce que les Européens vivent de plus en plus d’années et il est difficile de garantir leurs retraites et d’assumer leurs frais de santé et des résidences d’accueil.
Selon de solides études de la Commission, l’Europe a besoin entre 50 millions et 110 millions d’immigrants jusqu’à 2060. À. Missé a précisé : « La population de l’UE en âge de travailler aura baissé de 50 millions de personnes, même si on maintient un niveau d’immigration ne similaire aux niveaux antérieurs historiques, sinon elle baissera de 110 millions si ne se maintient pas cette immigration nette. Pour la Commission, cette dernière évolution exigerait une plus grande dépense publique".
Depuis 2002, les arrivées d’immigrants dans l’Union Européenne s’approchent de deux millions de personnes par an. L’impact positif de l’immigration a été analysé par les ministres des Finances et son apport sans aucun doute dans la croissance d’une population en constante diminution. Le succès économique de l’Espagne, du Royaume-Uni et de l’Irlande de ces dernières années est inexplicable sans l’immigration. En Espagne, plus de la moitié de la croissance en 2007 a été grâce aux immigrants. Au Royaume-Uni, plus d’un million de polonais, de Tchèques et d’autres pays d’Est ont couvert le déficit de main-d’oeuvre. Ce qu’il faut développer ce sont des projets de coopération avec les pays d’origine et faciliter leur insertion sur le marché du travail grâce à la formation nécessaire pour les postes qu’ils ont à occuper. Cela, après avoir révisé la question fondamentale de ce processus : l’Union Européenne a besoin de matières premières pour maintenir son niveau de développement et de qualité de vie qui viennent à soixante-dix pour cent des pays d’origine des immigrants. Qu’une fois pour toutes soient revues les prix, des transports et des conditions de travail des citoyens de ces pays dans l’élaboration et le commerce de ces matières premières vitales. Voila, donc, le talon d’Achille de l’injuste approche du problème par les gouvernants de cette Europe des marchands qui a colonisé et a exploité les richesses matérielles et humaines de ces pays qui se trouvent aujourd’hui forcés à nous rendre les visites que nous leur avons faites pendant des siècles avec nos émigrants européens.
* José Carlos García Fajardo, Professeur Émérite de l’Université Complutense de Madrid (UCM) Directeur du CCS
Source : Centre de Collaboration Solidaire (CCS), l’Espagne.
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[Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.