Accueil > Notre Amérique > Le sommet des Amériques se termine sur un échec pour le Etats et Unis et ses (…)
El Correo, le 6 de noviembre de 2005
Le président Bush est reparti de Mar del Plata sans avoir obtenu ce qu’il souhaitait, un accord sur l’ALCA (ou ZLEA), la Zone de Libre Echange des Amériques, dont les négociations devaient se conclure avant la fin de l’année. Le IV Sommet des Amériques -qui réunissait 34 chefs d’Etat - après neuf heures de négociation serrées n’a pu que déboucher sur deux positions profondément divergentes, et aucun consensus.
En cela, c’est déjà un succès pour les opposants aux propositions étatsuniennes. Les membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay + Venezuela prochainement) ont su faire entendre leur voix. « Le succès est que les Etats-Unis n’ont pas pu mentionner une réouverture de l’ALCA dans le document final » a confié l’un d’eux à l’issue de la négociation.
Les membres du Mercosur ont rappelé une série de conditions à remplir, et qu’ils souhaitent attendre les résultats de la prochaine réunion de l’OMC en décembre pour voir si les Etats-Unis acceptent une révision des subventions agricoles, et à partir de là jugeront s’il est opportun d’envisager un autre sommet des Amériques en 2006, où l’ALCA sera de nouveau abordée.
De l’autre coté, un certain nombre de pays -numériquement plus nombreux mais qui en terme de PIB qui pèsent moins que le Mercosur- se sont plutôt rangés du coté de la proposition étatsunienne, pour la poursuite du processus d’ouverture commerciale.
Dès le début du sommet, les alliés des Etats-Unis, en tête le Mexique, ont fait pression pour que soit abordé le sujet de l’ALCA en priorité, alors que l’ordre du jour comprenait des sujets comme « créer du travail pour lutter contre la pauvreté », ou « créer du travail pour renforcer la gouvernance démocratique », mais très vite le sujet de l’ALCA a pris le dessus, sous la pression du Mexique et du Canada.
Ainsi des 76 articles du document préparatoire, l’énergie s’est concentrée autour de l’article 19. Le Chili et la Colombie ont essayé de jouer la carte du consensus, mais sans succès, auprès des membres du Mercosur : « ce texte est très proche de celui du Mercosur, pour ne le votez vous pas ? » a demandé Uribe, le président colombien. A quoi les membres du Mercosur lui ont répondu que s’il le trouvait si proche, il n’avait qu’a voté pour le leur !
Ainsi les deux textes donnent la version suivante, reconnaissant la contribution que peut avoir l’intégration pour tenir les objectifs du sommet qui sont de créer du travail pour lutter contre la pauvreté et fortifier la gouvernance démocratique :
– « Certains membres soutiennent (position Etats-Unis) : nous prenons en compte la difficulté qu’a eu le processus de négociation de l’ALCA, et la contribution significative que les processus d’intégration économique et de libéralisation du commerce sur le continent américain peut et doit apporter aux objectifs du sommet… On maintient notre adhésion au succès d’un accord équilibré dirigé vers l’expansion des flux commerciaux, et au niveau global un commerce libre de subventions et de pratiques détournées, avec des bénéfices concrets et substantiels pour tous, prenant en compte les différences entre la taille et le niveau de développement des économies concernées. »
– « D’autres membres soutiennent (Mercosur + Venezuela) : que les conditions ne sont pas réunies pour parvenir à un accord de libre commerce sur le continent, équitable avec un accès réel aux marchés, libre de subventions ou de pratiques commerciales déséquilibrées, et qui prennent en compte les nécessités et les possibilités de tous les membres, comme les différences de niveaux de développement et la taille des économies. »