recherche

Accueil > Les Cousins > Bolivie > Le nouveau gouvernement bolivien entrera en fonction dimanche

19 octobre 2003

Le nouveau gouvernement bolivien entrera en fonction dimanche

 

Le nouveau gouvernement bolivien, formé par le nouveau président Carlos Mesa, entrera en fonction dimanche matin et non samedi soir comme initialement annoncé, a déclaré un collaborateur du chef de l’État, Oswaldo Candia.

Carlos Mesa, qui a succédé vendredi à Gonzalo Sanchez de Lozada, ayant démissionné et quitté la Bolivie le même jour pour les États-Unis, n’a pas terminé de définir la composition de son cabinet, a-t-il précisé.

Le nouveau gouvernement prêtera serment dimanche à 10h locales (10h, heure de Montréal), selon les services de presse de la présidence.

Carlos Mesa a indiqué vendredi dans son discours d’investiture que son gouvernement sera composé de personnalités indépendantes, en dehors des partis politiques, auxquels il a cependant demandé leur soutien.

Carlos Mesa un intellectuel respecté

Le successeur de l’entrepreneur minier Gonzalo Sanchez de Lozada, a d’abord été un journaliste respecté et intellectuel de renom avant de se lancer en politique.

Personnalité indépendante de 50 ans, nommée à la vice-présidence en août 2002 pour garantir la probité des institutions, M. Mesa Gisbert avait pris ses distances avec le président pour protester contre la répression sanglante de manifestations à La Paz et El Alto pendant le week-end dernier et lundi.

Mesa, considéré comme l’un des intellectuels contemporains les plus importants en Bolivie, avait à peine un an lors de la révolution de 1952 qui allait marquer une rupture capitale dans l’histoire du pays et fasciner sa génération.

Né à La Paz, le 12 août 1953, M. Mesa Gisbert a connu ces vingt dernières années une ascension spectaculaire dans le monde des médias, fondant la future télévision nationale, avant d’adhérer au Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), le parti le plus ancien de la politique bolivienne.

Jeune idéaliste influencé par les idées de mai 1968, il a acquis un début de notoriété en créant et devenant directeur de la Cinémathèque bolivienne en 1982. Un an plus tard, il lance un programme télévisé d’interview où défileront les présidents et les écrivains latino-américains les plus célèbres.

Expert en médias, il sera directeur adjoint d’un quotidien de La Paz en 1983 et dirigera deux chaînes de télévision entre 1986 et 1990.

Il se distinguera aussi en créant une société de production de journaux télévisés qui deviendra la chaîne nationale en 1999. L’un de ses reportages remportera le prix international de journalisme « Roi d’Espagne » en 1994.

Fils d’historiens et membre de la Société bolivienne d’histoire, il sera à l’origine de la création de commissions de défense du patrimoine et du territoire national.

C’est un fervent admirateur de la révolution populaire de 1952 qui a projeté la Bolivie dans la modernité en extirpant ses structures féodales. En février 2002, pendant la campagne électorale, il avait accepté la proposition du président Sanchez de Lozada de prendre le poste de vice-président.

Il l’avait fait en tant que militant du Mouvement nationaliste révolutionnaire, duquel il avait reçu « le pouvoir irrévocable » de lutter contre la corruption qui prive les caisses publiques d’environ 1 milliard de dollars par an.

Père de deux garçons, M. Mesa Gisbert est diplômé de littérature de l’Université publique de La Paz. Il a écrit dix livres principalement sur l’histoire nationale.

En retirant son soutien au président lundi, il avait indiqué « ne pas pouvoir accepter comme citoyen ni comme homme de principes que la réponse devant la pression populaire soit la mort et je ne pense pas que le dialogue proposé par le gouvernement soit suffisant ».

Trois jours plus tard, alors que mineurs, paysans indiens et ouvriers continuaient d’exiger la tête du président Sanchez de Lozada, les syndicats et autres mouvements d’opposition avaient indiqué être disposés à le soutenir comme successeur du président.

Référendum sur le projet d’exportation du gaz bolivien

Au lendemain de sa désignation par le Congrès, a annoncé samedi l’organisation du référendum promis par son prédécesseur Gonzalo Sanchez de Lozada sur le projet des exportations de gaz naturel.

La population bolivienne « doit décider si nous souhaitons vendre notre gaz et d’où il doit être exporté », a déclaré Carlos Mesa lors de sa première conférence de presse en tant que président. Il a promis une campagne « exhaustive » visant à informer les Boliviens sur la question.

Le projet d’exportation de gaz naturel vers les États-Unis et le Mexique, via le Chili, l’ennemi héréditaire, a été le détonateur de la crise qui secoue la Bolivie, le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, depuis plusieurs semaines. L’opposition de la population à ce plan est à l’origine du départ de l’ancien président Gonzalo Sanchez de Lozada, qui a présenté sa démission vendredi soir.

Le Chili offre le dialogue au nouveau président bolivien

Le président chilien Ricardo Lagos a proposé samedi à la Bolivie « un dialogue pour le bien commun de nos peuples ».

Les deux pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1978 et l’échec de négociations sur l’éventuelle restitution à la Bolivie d’un accès à l’Océan Pacifique. La Bolivie avait perdu son accès à la mer lors de la guerre contre le Chili, près d’un siècle plus tôt.

Selon les officiels chiliens, le traité de paix de 1904 a réglé les problèmes en suspens concernant les frontières communes. Ce que réfute la Bolivie, qui considère que ce traité a été imposé par le Chili, vainqueur de la guerre de 1879.

Les manifestations qui ont mené au départ du président Sanchez de Lozada vendredi étaient notamment liées à son projet d’exportation via le Chili du gaz naturel bolivien vers les États-Unis et le Mexique.

Soulignant que la crise bolivienne est « un problème intérieur de nos amis boliviens », le président chilien a ajouté : « nous aimerions collaborer avec les nouvelles autorités, avec le nouveau président, et lui souhaitons la réussite dans ses nouvelles fonctions ».

« Le gaz est aux Boliviens, et c’est à eux de décider ce qu’ils vont faire », a-t-il ajouté.

Toutefois le vrai problème entre le Chili et la Bolivie est le mauvais traité de paix de 1904 suite à la guerre de 1879, qui a occasionné la perte d’un précieux territoiré pour la Bolivie. Les deux gouvernements devront un jour ou l’autre reconsidérer ce traité pour le bien des deux peuples.

Washington coopèrera avec le nouveau gouvernement bolivien

Les États-Unis coopèreront avec le nouveau gouvernement bolivien, après la démission du président Gonzalo Sanchez de Lozada vendredi soir et l’investiture par le parlement de l’ex-vice-président Carlos Mesa, a affirmé samedi l’ambassadeur américain à La Paz.

« Nous souhaitons accompagner le peuple bolivien et le gouvernement, je ne vois pas de changements dans cette coopération », a déclaré David Greenlee à la presse, à sa sortie du palais présidentiel où il venait de rencontrer M. Mesa.

« La transition est constitutionnelle et il est temps de tourner la page et d’aller de l’avant », a ajouté le diplomate, qualifiant son entretien avec M. Mesa de « bonne discussion avec un homme » qui a été une « figure essentielle dans une situation très grave ».

Les États-Unis ont été pendant la durée de la crise l’un des principaux soutiens du président Gonzalo Sanchez de Lozada qui a renoncé à ses fonctions après 32 jours de protestations réprimées dans le sang par l’armée et la police, laissant un bilan de plus de 80 tués.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site