Portada del sitio > Los Primos > Brasil > Le défi d’une « opposition critique engagée » au Brésil
Deux figures du mouvement social brésilien jugent les premiers mois du gouvernement Lula. Il y a six mois, l’intronisation du syndicaliste « Lula » à la tête du géant latino-américain avait suscité un immense espoir chez ceux qui croient qu’un Brésil plus juste est possible. Cet été, « Le Courrier » tentera de dresser un premier bilan de cette expérience inédite. Début de notre série en compagnie de Sergio Haddad et Leonardo Boff.
Par Sergio Ferrari
Un pied au palais, un pied dans la rue. Sergio Haddad personnifie l’attitude d’une bonne part du mouvement social brésilien, qui apporte un soutien critique au chef de l’Etat. Président de l’Association des ONG (ABONG), M.Haddad est au cœur du mouvement altermondialiste. Son organisation, qui rassemble 300 ONG, est l’une des huit fondatrices du Forum social mondial. Par ailleurs, l’économiste Sergio Haddad est délégué au Conseil économique et social (CES), un organisme consultatif multisectoriel créé par le président Lula. Venu en Suisse pour animer un atelier de formation d’E-CHANGER, M.Haddad a accepté de faire un premier bilan de l’ère Lula*. Le Courrier : Plus de six mois se sont écoulés depuis que Lula est arrivé au pouvoir. Est-ce le bon moment pour faire un bilan ?
Sergio Haddad : Sans doute. Mais avant d’analyser son action, et pour mieux comprendre la situation, il est indispensable de rappeler le contexte dans lequel le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Lula, a gagné les élections. En simplifiant, on peut dire que la victoire s’explique par trois facteurs. En premier lieu, elle est le résultat d’un long processus de démocratisation : le PT avait déjà gagné plusieurs villes et Etats lors d’élections antérieures et élaboré une stratégie électorale dans le cadre de ce large processus. Lula en était le point de référence indiscuté. En second lieu, la victoire est la conséquence logique d’un profond échec du modèle néolibéral mis en œuvre par l’ancien président Fernando Henrique Cardoso, échec que l’on constate sur tout le continent. Enfin, Lula et son équipe se sont efforcés de faire de sa candidature quelque chose de plus « vendable », de plus acceptable par l’ensemble de la société, dans le but de gagner ces élections. Nous savons tous que la victoire n’est pas le fruit d’un processus automatique de prise de conscience et qu’elle ne correspond pas à un saut qualitatif de l’organisation du peuple. Il est important de se souvenir qu’à la mi-campagne, alors que ses chances de gagner augmentaient, Lula a rendu publique une lettre au peuple brésilien où il prenait des engagements et annonçait ce qu’il est en train de faire : paiement de la dette, hausse des taux d’intérêt, respect des engagements internationaux, etc.
Il n’est donc pas en contradiction avec son programme électoral ?