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31 janvier 2007

Le Brésil, menacé par l’expansion militaire des Etats-Unis.

 

Un rapport des Services de Renseignements du Brésil signale que la lutte contre le trafic de drogue que mène l’administration Bush dans la zone lui a permis d’exercer une influence directe en Amazonie et dans le Cône Sud.

Por María Laura Carpineta
Página 12
. Buenos Aires, 30 janvier 2007.

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Pour les Services de Renseignements du Brésil, la présence militaire des Etats-Unis dans la région représente une menace pour le pays. C’est ce qu’ont expliqué des agences civiles et militaires dans un rapport publié hier par la presse locale. Selon ces spécialistes brésiliens, Washington serait en train d’essayer de reproduire, dans le reste de l’Amérique du Sud et particulièrement en Amazonie, la stratégie qu’il a déjà appliquée en Colombie.

« La présence militaire des Etats-Unis pourrait s’étendre à d’autres pays d’Amérique du Sud pour transformer la lutte contre les narcotrafiquants en une entreprise militaire sudaméricaine qui ne serait plus, dès lors, seulement l’affaire de la Colombie et des Etats-Unis ». « Ce plan fait sûrement partie d’une stratégie des Etats-Unis pour assurer une présence militaire directe dans la région des Andes et de l’Amazonie et dans le cône Sud, autour du Brésil » met en garde ce rapport.

Cette hypothèse est connue sous le nom de « siège ». Comme l’a expliqué à Página/12 le chercheur du Centre Argentin des Relations Internationales, (CARI), Fabián Calle, les experts en sécurité brésiliens défendent cette théorie depuis une décennie, depuis que l’Amérique du Sud est devenue un théâtre militaire pour Washington.

En 1999, Washington a installé la base de Manta en Equateur ; l’année suivante il a signé le Plan Colombie et, 3 ans après, le Plan Patriote lequel lui a permis d’augmenter sa présence et son influence sur le territoire colombien.

En 2005, Washington a obtenu l’amnistie pour ses soldats au Paraguay, soldats qui ont réalisé des exercices militaires pendant une année sans aucune restriction d’aucune sorte. Actuellement il y a plus de 2.000 citoyens des Etats-Unis - entrepreneurs et militaires - dans la région. « C’est un fait bien connu au Brésil et Lula en est informé », affirme le spécialiste.

Même si Luiz Inácio Lula da Silva n’y insiste pas dans ses discours, son gouvernement a été conséquent en mettant en place une stratégie défensive face à une éventuelle menace venant d’une puissance extrarégionale. « Au cours de ces dix dernières années, le Brésil a beaucoup investi pour sa défense » déclare Calle. Ce dernier affirme que l’actuel gouvernement du Parti du Travail (PT) a détaché plus de 20.000 hommes pour défendre l’Amazonie et qu’il a déployé des forces de la Marine et des Forces Spéciales sur les côtes de l’Atlantique.

Ce sont là deux priorités pour Brasilia. Comme le Président Lula lui-même l’a expliqué, le Brésil doit protéger autant l’Amazonie verte que la bleue - l’Atlantique - car ce sont ses deux principales sources de richesses naturelles.

Le rapport rendu public hier par le Journal do Brasil, a été rédigé par l’Agence Brésilienne d’Information (ABIN) et des organes des Forces Armées et de la Police Fédérale. Le texte n’insiste pas seulement sur la possible menace militaire que seraient les Etats-Unis pour le Brésil, mais il souligne aussi les conséquences, dans les pays voisins, de la présence des fonctionnaires et des militaires de Washington.

Ce rapport cite 5 pays : les Guyanes, l’Equateur, le Pérou, la Bolivie et le Paraguay. « Les Etats-Unis ont été conduits à soutenir des réformes dont le but était de réduire le nombre de soldats et l’influence des forces armées dans ces états, car leurs tendances nationalistes pourraient être un obstacle pour la mise en place d’une nouvelle stratégie économique néolibérale » affirment les spécialistes brésiliens.

Selon ces spécialistes, le chômage, la stagnation économique, le démantèlement de l’Etat, sa faiblesse et la progression du crime organisé dans tous ces pays ont leurs racines, en partie, dans la présence et l’influence des Etats-Unis.

Pour Calle, les probabilités que ces craintes débouchent sur un affrontement verbal ou militaire entre Brasilia et Washington sont très faibles. « Au Brésil, il y a toujours eu coexistence avec les Etats-Unis » déclare-t-il. « Non seulement parce qu’il y a des secteurs militaires, patronaux et politiques favorables aux Etats-Unis, mais parce qu’à Washington, continuent de voir le Brésil comme source d’équilibre dans une région qui, très souvent, a été instable ».

Traduction de l’espagnol pour El Correo de  : Manuel Colinas

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