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2 septembre 2012

La triste euphorie de la zone euro

 

Certains commentateurs dans les médias allemands sont déjà à la recherche d’une « légère euphorie » pour une éventuelle « reprise de l’Europe » à partir de 2013. La joie est telle que dans le Financial Times Deutschland elle fut accompagnée par la figure du « Capitaine Europe », parodie du « Captain America ». Quels sont les indicateurs de cette joie ? La pilule amère de la crise qu’est le laminage des salaires et le massacre des gens considérés comme « inutiles ».

Un tour des articles publiés dans les médias allemands « Hope in the Euro-Zone : Crisis-Hit Countries May Have Turned the Corner », Spiegel International, 29/08/2012 (« Espoir dans la zone euro : les pays touchés par la crise pourraient prendre le virage ») et « Schuldenkrise : Europe kommt Zurück » Benjamin Dierks, Mark Schrörs, Mathis Ohanian, Financial Times Deutschland, 28/08/2012) rend compte que certains secteurs et commentateurs sont déjà à la recherche d’une « légère euphorie » pour une éventuelle « reprise de l’Europe » à partir de 2013.

Cette reprise serait également bénéfique pour les exportations de l’Allemagne, qui vont re dynamiser la « locomotive » de l’économie européenne (comme Sao Paolo se voyait à la tête du Brésil avant la Seconde Guerre mondiale).

Quels sont les indicateurs qui favorisent la joie à ce propos ? Essentiellement deux.

  • 1) Pour le plaisir des experts de ce genre de réflexion, le coût du travail a diminué dans les pays du sud de l’Europe, la Grèce, l’Espagne et l’Irlande. Le plus « prometteur » est en Grèce, où le coût du travail a baissé de 15% depuis 2010.
  • 2) Le déficit commercial de ces pays a également chuté de 54% en Grèce entre 2008 et 2011. En Espagne, la baisse fut de 50% et 40% au Portugal. L’Italie, soulignent les euphoriques, a été réinitialisée. Dans les mots de Hellmeyer Folker, la Landesbank Bremer, la plupart des pays de la région aurait fait ou auront à faire leurs devoirs.

Tout cela est basé sur une étude de Deutsche Industrie-und Handelskammertag (DIHK), un regroupement qui porte sur plus de 80 chambres régionales de l’industrie, à la demande du Financial Times Deutschland (FTD).

La joie est telle que l’affaire fut illustrée dans le FTD par une illustration avec le « Capitaine Europe », une parodie de « Captain America » la bande dessinée étasunienne.

Eh bien, il ya quelques accrocs sur le chemin de l’avenir en rose. Plusieurs, souligne l’étude elle-même. Dans tous ces pays, le crédit a été brutalement réduit. Sur cette période de 2008 à 2011, l’économie grecque a diminué de 27%.

Mais il y a un peu plus. Lentement, le chômage allemand a donné des signes d’augmentation : 6,8%, tandis que la croissance germanique vient de passer d’un « andante allegro » vers un ralentissement « en adagio ».

Les exportations européennes sont de moins en moins vers l’ Europe, où les importations de produits allemands par d’autres pays est en baisse, baisse, en fait, qui vient de ce qu’on appelle maintenant le « sud » de l’Europe, ce qui explique la diminution du solde de leurs déficits commerciaux. La plus forte baisse a été au Portugal : 14,3%, 9,3% en Espagne, 9,2% en Grèce et 8,2% en Italie.

En revanche, les ventes vers les pays du BRICS ne suivent pas la recette « austero-autoritaire » de l’hégémonie de l’UE, gagne plus d’importance dans l’économie allemande : des hausses de 10%, en moyenne, 14,8% pour la Russie, 11,7% pour le Brésil, 8,4% pour la Chine et 20% pour le Japon et 18% aux États-Unis.

Mais bien sûr, rien de tout cela ne change la « joie » de voir que la pilule amère de la crise est le laminage des salaires et le massacre des gens considérés comme « inutiles ». Dormez donc avec une euphorie comme celle-là.

Flavio Aguiar

Carta Maior. Berlin, 31 août 2012

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