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31 de agosto de 2008

La maturation d’un nouveau cycle de luttes pour l’Amérique Latine.

por Raúl Zibechi *

 

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La Jornada . Mexique, le 29 août 2008.

Avec l’ascension des gouvernements progressistes et de la gauche dans la région sudaméricaine, commence à se clore un cycle de luttes sociales initié dans les années 60. Pendant cette longue période, les forces politiques de gauche et les mouvements populaires ont marché coude à coude derrière un projet national-populaire qui, malgré les dictatures des années 70, a fini par s’imposer après la décennie néolibérale de années 90.

Ce projet, ou ce qu’il en reste, est mis en application dans une bonne partie du continent avec plus ou moins d’ emphase, selon la relation des forces dans chaque pays. Parfois il pourrait sembler que des avancées nulles ou peu significatives sont enregistrées dans la rupture avec le modèle néolibéral, tandis que le processus avance dans d’autres pays, malgré la résistance acharnée de la droite et des oligarchies affaiblies. En tout cas, l’accumulation de forces a permis d’arriver aux résultats actuels, dont ressort la gestion de l’appareil étatique de la part certains dirigeants, formés dans les appareils de partis, dans les institutions d’état et à travers les diverses résistances.

En nous rapprochant de la fin de la première décennie du nouveau siècle, tout indique que les changements produits dans les gauches et dans les mouvements populaires sont très importants. Les chemins de la gauche institutionnelle et ceux des mouvements bifurquent. Ce serait trop simpliste d’accuser les nouveaux gestionnaires de l’Etat de problèmes qui sont issus de la naissance d’une nouvelle période historique. Il ne s’agit pas de les disculper des options prises, trop souvent dans la continuité du modèle néolibéral, mais de prendre au sérieux les nouvelles difficultés pour les assumer sans restrictions ni excuses.

Un premier problème est de constater que les mouvements qui luttent contre le système capitaliste, ou bien, les mouvements anti-systémiques, qui disposent de moins de Forces Alliées que dans la période nationale-populaire, ou de développement si l’on préfére, inspirée dans la conservation et la reconstruction de l’État du bien-être.

D’un côté, une partie de ceux qui ont participé dans les soi-disant mouvements sociaux et dans la gauche partisane participe aujourd’hui à la gestion de l’état. De l’autre, une partie importante des vieilles classes moyennes a découvert qu’elles ont plus de choses en commun avec les élites nationales et globales qu’avec les classes populaires. En troisième lieu, les bourgeoisies nationales n’existent plus, balayées et submergées par la globalisation et l’expansion du capital financier, elles qui à un moment donné ont soutenu le projet national-populaire.

L’alliance principale aujourd’hui est celle qui peut être construite à l’intérieur du monde du travail, parmi l’énorme diversité que façonnent les classes populaires qui continuent de résister. Ce que les zapatistes appellent l’ « en bas et à gauche ». De quelque façon c’est une alliance « vers l’intérieur », ne cherchant pas à capter des alliées externes.

Le deuxième problème consiste en ce que les changements opérés dans le système indiquent que nous ne pouvons pas attendre un type de « développement » depuis les intérêts des classes populaires. Mais nous ne devons pas non plus parier sur l’ « étapisme », dans le sens d’une période, comme celle nationale-populaire, capable de « préparer » le chemin vers le socialisme. Le dirigeant du MST (Mouvement de Sans Terre du Brésil), Gilmar Mauro, souligne dans un entretien à la revue « Debate Socialista » : « Le projet stratégique passe par le dépassement de la vision selon laquelle il existe un mauvais capital, qui est le financier, et un bon capital, qui est le productif ». Et il ajoute que le projet unique est « le dépassement de l’ordre capitaliste » dans la mesure où "il n’y a pas de bon bourgeois défendant un projet national ».

Des transformations précédentes, le dirigeant sans terre déduit au moins deux conséquences additionnelles: l’État est devenu plus complexe, il s’est développé à tel point que "au Brésil nous avons 270 000 ONG et institutions répandues sur toute la périphérie défendant le statut quo ». C’est justement dans ces périphéries, que seront les scénarios décisifs dans l’avenir immédiat, où les états sont devenus poreux, en déployant en même temps « plans sociaux » et bataillons militaires.

Un troisième changement ou un nouveau problème réside en ce que "les formes organisatrices du XXe siècle ont donné un résultat pour cette époque, mais aujourd’hui elles ne sont pas suffisantes pour affronter la complexe réalité mondiale". Dans ce sens, Gilmar Mauro repousse le concept « d’accumulation des forces » qui a guidé pendant des décennies les gauches, et qui était étroitement lié à la question du parti d’avant-garde.

Il pense que le MST vit un processus de maturation, basé sur cinq défis: construire des liens entre des mouvements et des « luttes communes », analyser et étudier les changements dans le capital et les classes sociales, chercher comment organiser les précarisés et sous-employés, travailler pour construire un projet commun avec tous ces secteurs et fuir l’immédiatisme. Les problèmes que le MST cherche à surpasser sont, dans les faits, très similaires à ceux que se pose l’autre campagne, impulsée par le zapatisme. Plus qu’accumuler des forces, concept toujours linéaire de croissance soutenu vers un but, il s’agit de créer des espaces et de tendre des ponts pour l’intercommunication entre ceux d’en bas.

Enfin, Mauro reconnaît que « Lula est mauvais », mais qu’on gagne bien peu en changeant celui d’n haut, puisque les problèmes sont ailleurs : dans la capacité organisatrice qui permet de modifier une relation entre les classes, qui est aujourd’hui nettement favorable au capital. La maturation est, comme le remarque le dirigeant du MST, le mot le plus adapté pour sentir et assumer ces temps déconcertants. Une partie de cette maturité semble consister à regarder de moins en moins vers le haut, pour se concentrer sur « ce qui est nôtre » : approfondir une alliance solide horizontale entre ceux d’en bas, qui permet de relancer un nouveau cycle de luttes, visant la construction de pouvoirs « autres » vers un monde socialiste.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

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