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Siglo XXI
Chile, 5 octobre 2007.
La justice chilienne a ordonné, jeudi 4 octobre, l’arrestation de la veuve et des cinq enfants de l’ex-dictateur Augusto Pinochet pour détournement de fonds publics détenus sur des comptes bancaires secrets aux Etats-Unis.
Dix-sept autres personnes, dont des anciens collaborateurs de l’ex-dictateur, sont également accusés dans cette affaire de malversation et font également l’objet d’un mandat d’arrêt, a annoncé le juge chargé de l’affaire. Ce dernier, Carlos Cerda, a expliqué avoir ordonné l’arrestation de ces vingt-trois personnes sur la foi de "solides indications qu’elles ont participé au détournement de fonds publics" pendant la période de dictature d’Augusto Pinochet, de 1973 à 1990.
19 MILLIONS D’EUROS SUR DES COMPTES À L’ÉTRANGER
Deux des enfants Pinochet et sa veuve, Lucia Hiriart, sont déjà détenus par la police à Santiago, ont confirmé des sources policières. Parmi les dix-sept autres proches de l’ancien dictateur figurent sa secrétaire personnelle pendant de longues années, trois généraux à la retraite et des officiers de rang inférieur. Un an avant sa mort, en décembre 2006, l’ancien dictateur avait été accusé par la justice d’évasion fiscale. Vingt-sept millions de dollars (19 millions d’euros) avaient été retrouvés sur une centaine de comptes domiciliés à l’extérieur du Chili.
"C’est une décision judiciaire, les juridictions ordonnent des arrestations et elles y procèdent. Le gouvernement n’a aucun commentaire à faire à ce sujet", a déclaré à des journalistes Felipe Harboe, le ministre de l’intérieur chilien.
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Chili : la famille Pinochet rattrapée par la justice pour détournement de fonds
SANTIAGO (AFP) - La justice chilienne a ordonné jeudi l’arrestation de six membres de la famille de l’ex-dictateur Augusto Pinochet (1915-2006), sa veuve Lucia Hiriart et leurs cinq enfants, et celle d’anciens collaborateurs, dans le cadre d’une affaire de détournement de fonds publics.
"Les membres de la famille Pinochet ont été inculpés" jeudi, a déclaré le juge Carlos Cerda, en charge de l’affaire.
Selon le juge, "il existe des antécédents abondants qui motivent cette décision sur l’existence du délit de détournement de fonds publics, des présomptions fondées (...) que ces personnes ont pris part à ce délit".
17 autres personnes, dont des anciens collaborateurs de l’ex-dictateur, sont également accusés dans cette affaire de malversation et font également l’objet d’un mandat d’arrêt, a annoncé le juge en charge de l’affaire.
La veuve de Pinochet, Lucia Hiriart, 87 ans, a fait un accident "artériel" à la suite de la décision de justice et a été conduite en urgence à l’hôpital militaire de Santiago, a indiqué son avocat Pablo Rodriguez, alors que la justice avait ordonné, pour ce qui la concernait, les arrêts domiciliaires.
"Nous allons déposer un recours en sa faveur devant les tribunaux", a annoncé l’avocat.
Plus tôt, jeudi, la présidente chilienne Michèle Bachelet s’est félicitée de la détermination de la justice de son pays à enquêter sur la corruption du régime de Pinochet (1973-1990).
"C’est un pays où personne n’est au-dessus des lois et par conséquent, j’entends à ce qu’il ne survienne aucune agitation", a déclaré Mme Bachelet.
Trois des enfants Pinochet, les deux fils Augusto et Marco Antonio, et l’une des trois filles, Lucia, étaient déjà détenus par la police à Santiago jeudi, ont confirmé des sources policières.
Tous les autres, dont les deux autres filles Maria-Veronica et la cadette Jacqueline, devraient également être arrêtés au cours des prochaines heures, toujours selon ces sources.
L’ex-secrétaire personnelle de Pinochet, Monica Ananias, son porte-parole Guillermo Garin, général en retraite et son avocat Gustavo Collao, également général retraité, son ex-exécuteur testamentaire Oscar Aitken, les colonels en service actif dans l’Armée Juan Mac-Lean et Mortimer Jofré, figurent tous dans la liste des 23 personnes concernées au total par l’ordre du juge Cerda.
Les femmes doivent être incarcérées dans la prison pour femmes Centro de Orientación Femenina tandis que les civils masculins seront détenus dans le pénitentier Santiago 1. Les 11 militaires en retraite et deux colonels en service seront pour leur part placés aux arrêts par la police militaire de l’Armée.
Tous ont été inculpés pour détournements de fonds publics, commis entre 1980 et 2004, et déposés sur une centaine de comptes secrets aux Etats-Unis et ailleurs à l’étranger. Les sommes en jeu s’élèvent à quelque 27 millions de dollars.
L’affaire avait été mise à jour en 2004 à la suite d’une enquête menée par le Sénat américain qui avait découvert une centaine de comptes courants détenus au nom de Pinochet et de sa famille, notamment au sein de la banque Riggs à Washington.
L’enquête du Sénat révèle qu’Augusto Pinochet Ugarte possédait des comptes ouverts en son nom propre, mais aussi sous douze faux noms (José Pinochet Ugarte, José Ramon Ugarte ou encore Daniel Lopez).
En juin 2005, la Cour d’appel de Santiago avait ordonné la levée de l’immunité de Pinochet, 89 ans dans le cadre de cette affaire et l’avait inculpé pour fraude fiscale.
Pinochet est décédé le 10 décembre 2006 d’un arrêt cardiaque.
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Chili : le scandale financier Pinochet touche l’armée
Le nouveau rapport du Sénat étasunien sur les comptes bancaires secrets du général Augusto Pinochet aux Etats-Unis a fait l’effet d’une bombe dans le monde militaire à Santiago. " C’est toute l’image de probité du régime militaire qui s’effondre ", pointe le politologue Oscar Godoy.
Le rapport, rendu public le 15 mars à Washington, mentionne six hauts officiers, dont deux en activité, qui seraient impliqués dans des transferts d’argent ayant permis à l’ancien dictateur (1973-1990) d’accumuler au moins 13 millions de dollars dans une centaine de comptes bancaires aux Etats-Unis et dans d’autres pays du monde. Pour le commandant en chef de l’armée, le général Juan Emilio Cheyre, " on ne peut préjuger " du rôle des deux colonels en activité, qui furent secrétaires de M. Pinochet.
Pendant 25 ans, Augusto Pinochet a tissé un réseau financier complexe avec au total 125 comptes et placements financiers, dont 28 auprès de la banque Riggs et 97 dans d’autres établissements bancaires aux Etats-Unis ou leurs filiales de par le monde, révèle le rapport. Pour ouvrir tous ces comptes, l’ancien homme fort du Chili a utilisé plusieurs subterfuges : des hommes de paille et des faux passeports diplomatiques. Le rapport révèle, par exemple, qu’il avait ouvert à Londres en 1996 un compte à la filiale britannique de Riggs avec un passeport falsifié. Avant d’y être arrêté en octobre 1998, Pinochet se rendait régulièrement en Grande-Bretagne, à l’invitation d’une société d’armements. Il aimait y rencontrer l’ancien premier ministre britannique Margaret Thatcher.
EN BONNE SANTÉ
Pablo Rodriguez, avocat de l’ancien dictateur, a qualifié de "blague" le rapport du Sénat américain. Il a jugé "curieux" que les informations soient diffusées à la veille de l’examen par la Cour suprême de justice du Chili d’une demande de levée de l’immunité de son client dans le dossier de l’assassinat en 1974, en Argentine, du général Carlos Prats, son prédécesseur à la tête de l’armée, avant le coup d’Etat militaire de 1973.
En juillet 2004, une première enquête du Sénat américain avait révélé que la banque Riggs de Washington avait aidé l’ancien dictateur à transférer illégalement de l’argent aux Etats-Unis, en dépit d’un gel de ses avoirs après son arrestation à Londres. On parlait de 4 à 8 millions de dollars qui auraient transité entre 1994 et 2002 sur des comptes secrets au nom d’Augusto Pinochet ou de son épouse, Lucia Hiriart.
A Santiago, le juge Sergio Munoz a ouvert une procédure pour fraude fiscale qui englobe le patrimoine de la famille Pinochet. Les sommes concernées atteindraient 16 millions de dollars. Une somme difficilement compatible avec les revenus d’un président de la République ou d’un commandant en chef de l’armée.
Selon la justice chilienne, qui a interrogé des personnes travaillant dans l’entourage de Pinochet, notamment des infirmières, le vieux caudillo jouit d’une bonne santé pour ses 89 ans et administre personnellement sa fortune. Il fait de la gymnastique tous les matins, lit cinq journaux par jour, reçoit des visites, notamment celles de ses nombreux avocats.
Le vent a tourné à Santiago. L’étau judiciaire s’est refermé sur l’homme qui gouverna le Chili d’une main de fer pendant 17 ans. Augusto Pinochet a été inculpé par le juge Juan Guzman, le 13 décembre 2004, pour neuf enlèvements et un homicide commis dans le cadre de l’" opération Condor ", un plan des dictatures sud-américaines destiné à éliminer conjointement leurs opposants dans les années 1970 et 1980.
Début janvier, la Cour suprême du Chili a donné son feu vert au jugement de l’ancien dictateur, rejetant le recours des avocats de la défense qui invoquaient la santé chancelante de leur client.